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jeudi 5 mai 2011

Ceci n'est pas une histoire de dragons - Mathieu Handfield

Depuis le temps que je voulais encourager Ta mère, maison d’édition jeune et non subventionnée. Mathieu Handfield est à sa deuxième publication, après Vers l’Est, voici « Ceci n’est pas une histoire de dragons ». Personne n’oserait confronter la vérité du titre, il n’y est définitivement pas question de dragons mais bien de personnes différentes, en l’occurrence, un nain et un (trop) grand. On peut être grand mais comment peut-on l’être « trop » ? Par rapport à son environnement humain et matériel évidemment. Et voilà que cette histoire, pas de dragons, est lancée !

Il nous est tous arrivé un jour de dire « si je l’attrape, je l’égorge » ou « enfer et damnation à tous ces cons » ou, si on est d’un naturel plus pacifique, « calamité que je ne me sens pas conforme ». Vous êtes donc en mesure de comprendre le personnage de Napoléon, si grand que trop grand qui, un jour qu'il était assis dans un bar aux côtés d’un nain laisse tomber « C’est pas moi qui est trop grand, c’est le monde entier qui est trop petit pour moi ». La phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd mais bien d’un nain, immensément riche, tellement riche qu’à l’orée de votre imagination vous ne pouvez même pas commencer à envisager jusqu’à quel point :
« ... j’ai amassé une fortune que j’ai réinvestie en informatique, en armement, en alimentation surgelée, et en pharmaceutique. En plus, je possède à moi seul la moitié de l’industrie du porno, la mafia me paie des redevances sur la dope et j’empoche une fraction de chaque sou qui entre dans n’importe quelle machine de loterie vidéo sur notre moitié du globe ».
Ce nabot a des idées de grandeur et décide que le plan de son nouvel ami « trop grand » est un défi de taille pour lui. À partir de là, nous assistons à un agrandissement du monde, ce n’est pas une expression, c’est à prendre au pied du mot, et les monumentales conséquences qui s’enchaîneront.

Histoire assez loufoque comme vous l’avez sûrement deviné. Je dis bien loufoque, pas absurde, pour la différence que je fais entre les deux ; le loufoque étant pour moi du non-sens extravagant, amusant, un peu fou sur les bords. Tandis que l’absurdité pousse, de son poids léger ou lourd, sur une valeur, une idée, un principe. J’avoue avoir guetté le profil d'une valeur, idée ou principe. J’en ai trouvé mais je me demande s’ils tiennent la route. À moins que je n’ai rien compris, ce qui est loin d’être impossible !

Je me suis pourtant sérieusement interrogée sur le pourquoi je n'embarquais pas plus dans cette histoire rondement menée, aux dialogues alertes, et au rythme exceptionnellement soutenu. Je pense que la prémisse, le grand malheur des « trop grands », ce symbole des mal adaptés à notre monde, n’a allumé aucune sympathie en moi. Trop grand ou trop petit, ou trop gros, ou quadraplégique, ou aveugle, ou trop vieux, on est tous pareils dans nos différences. Comme vous voyez, je m’acharne encore à trouver un sens à cette histoire quand il faut probablement extraire la distraction, et par la situation, et par les personnages poussés aux extrêmes de l’extravagance.

Pour les romantiques, on y trouve une histoire d’amour assez conventionnelle, malgré l’environnement qui ne l’est pas du tout. La dépression et son effet insidieux est décrite à grands fracas de drôlerie, l’ambition bête et méchante est probante et patente, le pouvoir, reposant sur la richesse seulement, exploité à outrance. Le bouleversement par l’échange des valeurs et des mesures bien décrit. Enfin, l’esclavage des zombies m’a rendu mal à l’aise (c’est bon signe !), tout en me rappelant le film « La truffe » du réalisateur Kim Nguyen.

Si vous n’avez pas peur de vous aventurer au-delà des frontières du confortable, prenez une rame et voguer sur les eaux de cette histoire abracadabrante.

Ceci n'est pas une histoire de dragons de Mathieu Handfield - Illustration de la couverture Benoit Tardif - Les éditions de ta mère

8 commentaires:

anne des ocreries a dit...

Mouais ?....Faut voir.....

Suzanne a dit...

J'en ai tant qui m'attendent que je vais laisser de côté celui-ci.

Arsenul a dit...

Très bon billet, purement littéraire! J'adore ton deuxième paragraphe, il est bien construit, drôle et inventif. Vois-tu, ce genre d'OVNI est mon genre de petite lecture de voyage. Ayant été très anti-conformiste dans un petit village où tout le monde est pareil, je m'attacherais davantage au personnage. Présentement je lis PURGE, un roman en lice pour le prix des libraires étranger, je crois qu'il a remporté le prix fémina. On ne peut pas lire que de la BD!

Venise a dit...

Anne : Dubitative ? Ça doit être parce que ma position l'est !

Venise a dit...

Suzanne : Malgré notre faim et notre curiosité, on ne peut pas tout lire !

Venise a dit...

Arsenul : Vois-tu, je me suis passé la remarque à quelques reprises, les personnes qui aiment les bandes dessinées seraient les meilleurs candidats pour aimer. C'est si imaginatif, l'auteur s'est tout permis. Si jamais un jour tu tombes dessus ... à essayer oui !

Blue a dit...

Hum, je ne suis pas très tentée, moi non lus!


Au fait et hyper en retard, un chouette anniversaire au Passe-mot! On s'écrit moins toi et moi mais cela n'enlève en rien l'amitié que je te porte, ainsi que la grande estime et l'affection que j'ai pour cet endroit unique!

Amitiés.
Helenablue

Venise a dit...

Eh bien, helenablue, je suis en retard pour te répliquer, alors nous voilà quittes !

Merci pour tes bons voeux pour l'anniversaire du Passe-Mot. Jusqu'à date, la balance entre le donner et le recevoir s'équilibre alors, on continue. En plus que la chose semble avoir son entité propre, qui me houspille de temps en temps quand je la néglige !