Voici un livre que j’ai tout d’abord pris pour un roman et qui est un récit de voyage. C'est d’ailleurs honnêtement inscrit sur la page couverture. J’aime voyager à travers les mots d’un auteur, c’est la raison pour laquelle j’ai tendu la main vers cette œuvre qui m’amènerait de Mumbai, l’arrivée, à Madurai, le départ.
Quand il est question de récit, l’auteur prend tout son importance. Pour De Mumbai à Madurai, à qui a-t-on affaire ? François Hébert détient un doctorat portant sur l’œuvre d’André Malraux, est critique littéraire pour Radio-Canada et dans Le Devoir et a enseigné à l’Université de Montréal pendant 20 ans.
Il voyage en compagnie de sa femme et tous deux se rendent dans le sud de l’Inde pour donner une conférence. Celle de l’auteur s’intitule : «Études francophones, enjeux et perspectives». Il couchera dans son journal de voyage tout ce qu’il lui passe par la tête, ses doutes sur sa participation au colloque auquel il est convié, des extraits de dialogue avec sa conjointe, ses impressions sur ce qu’il voit et qui il rencontre en Inde. Est-ce que François Hébert a voulu nous en mettre plein la vue, son récit est parsemé de tellement de références littéraires, entrecoupant à tout moment le fil de son récit, que j’ai fini par trouver ce rôle de critique trop présent.
On y trouve un aspect journal de voyage pêle-mêle, des sauts d’un sujet à l’autre, comme en pleine conversation entre amis. Je n’ai rien habituellement contre ce style butineur, mais celui-ci m’a quelque peu énervé par le côté bref, saccadé, détours brusques. Grandissait en moi le sentiment que l’auteur, se trouvant par nature intéressant, avait décidé de nous faire profiter de ses opinions et connaissances sur ceci et cela, au détriment de l’approfondissement de son présent dans un pays captivant : l’Inde. De là probablement est née l’impression de tenir entre les mains un journal de bord peu étoffé, de notes jetées à la va-vite sur un carnet et dont la forme a été peu retouchée par la suite. On a probablement désiré garder le côté naturel de la prise de notes spontanée mais, à mon avis, l’exercice exige de pousser un peu plus sa pensée pour soutenir l’intérêt. J’avoue avoir été jusqu’à me poser la question : si l’auteur s’avérait un illustre inconnu, l’aurait-on publié ?
Je ne peux pas dire que je n’ai absolument rien découvert de l’Inde, l’ambiance est bien servie par le style désordonné, disparate, distrayant comme les colorées rues de l’Inde mais, je m’attendais à plus de consistance. Certaines tirades étaient bien tournées, mais l’égo de l’auteur trop marqué m’empêchait de les contempler. Ma préférence va pour le rendu humoristique de certains dialogues avec son épouse.
Si monsieur Hébert était arrivé à mettre de côté son rôle de critique érudit, probablement que ce récit aurait pris une autre tournure.
5 commentaires:
La légèreté échappe à la plupart des érudits, comme s'il y avait trop à dire. Peut-être y reconnait-on la différence entre l'écriture pour soi et l'écriture pour le potentiel lecteur.
J'aime te retrouver ici, Anneso. Ce que tu dis est bien vrai. Je ne devrais pas oublier non plus qu'il a été professeur de littérature 20 ans, ça lui a laissé des marques. Il veut encore enseigner.
Oh, j'adore ces récits ! celui-là me rend curieuse ; il est parfois difficile, quand on a une formation en lettres classiques, d'écrire sans une certaine pesanteur. Faut voir, c'est un livre à explorer je pense.
Je ne suis pas fan de M. Hébert alors c'est sûr que j'irai le lire à reculons... bien d'autres choses qui m'attendent avant.
Dommage car le sujet aurait pu être fort intéressant !
Toute mon admiration pour la diversité de tes lectures et l'art d'en parler. Moi quand ça ne me dit rien, je ne lis pas. Comme un pays qui ne m'attire pas -- l'Inde dans ce cas -- je n'ai même pas envie d'en connaître davantage.
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