À l'écoute d'une question du public |
Michel Rabagliati - Tout sourire |
Michel n’a pu profiter des bienfaits de cette détente pré-causerie puisqu’il est arrivé sur les chapeaux de roue. Dominic Tardif, l’animateur et le duo étaient déjà installés sur l’estrade. Après une brève présentation, la première question tombe, elle est pour Michel qui n’a pas eu le temps de reprendre son souffle : « Comment trouvez-vous le travail de vos collègues ? ». Rarement, j’ai vu Michel patiner, cet homme sait toujours quoi dire, mais cette fois, visiblement pas tout à fait arrivé, il resta vague. Par contre, tout au long de la causerie, il s’est repris, revenant sur le travail de ses collègues, identifiant leurs forces. Michel Rabagliati est un généreux, je le sais depuis longtemps.
Il a bien sûr été question du film qui doit être tiré de Paul à Québec, plusieurs versions ont déjà été soumises (Michel participe au scénario) mais étonnamment, ce n’est pas encore conclu d’une manière définitive. Autre surprise pour moi, la quantité d’esquisses que Michel sort avant de prendre la plume (feutre) finale. Je savais qu’il y en avait mais pas autant. L’animateur a soulevé l’audace des plans « pleines pages » qui surgissent dans les Paul, j’en profite pour dire que j’adore cette technique qui laisse filer de longs soupirs où le silence s’infiltre, donnant au temps une place dans l’histoire. Pour moi, Michel est un maître du temps, il joue avec le passé et pour lui, le « Je me souviens » n’est pas qu’une devise proposée par Lyse Payette lorsqu'elle était ministre du transport.
Paul est son alter égo, ce que Michel nous a démontré au moment où il s’est élevé contre le diktat de la supra performance informatique, s’emballant quelque peu (c’était plutôt rigolo !) et terminant sa tirade enflammée par un « Paul, c’est un nerveux ... moi aussi ! »
Un couple regardant dans la même direction |
Quand on parle de Delaf et Dubuc, on pense immédiatement succès à l’étranger. Être édités dans le réputé Journal Spirou et chez Dupuis, une maison d’édition française n’est pas chose si courante pour des Québécois. Ils ont fait allusion à leurs débuts où, peu sûr d’eux, ils ont avancé ce trio de personnages féminins, formule gagnante dans leur esprit pour un périodique mais pas nécessairement pour un album, encore moins, plusieurs. Mais quand le succès te harponne, tu t’adaptes ou tu manques le bateau. Parce que célèbres, ils le sont avec plus d’un million d’exemplaires vendus, une rue à leurs noms à Bruxelles, des produits dérivés, des fonds d’écran, un fan-club, alouette !
Comme on ne prédit pas un succès d’une telle envergure, en cours de route, ils ont dû changer le caractère de leur victime, Karine. Des caractères aussi typés ne laissent pas la latitude suffisante pour une histoire qui s’allonge sur six tomes.
Marc Delafontaine (Delaf) - au dessin |
Maryse Dubuc (Dubuc) - au scénario |
Autre élément amenant des discussions nourris dans le couple, et ensuite avec l’éditeur, c'est l’équilibre à tenir entre les expressions françaises et québécoises. Ils doivent souvent jongler avec les mots, ne pas en échapper, qu’ils soient compris des deux côtés de l’océan. Prenons l’exemple de nommer une institution d’enseignement, il n’y a pas de CEGEP en France, pas de polyvalente, il faut donc utiliser un mot neutre. École ? Ça fait un peu enfantin. Ce n’est qu’un exemple parmi d'autres. Pour les albums de Rabagliati, le problème se pose moins puisqu’il ne s’agit pas de gags. On le dit souvent, la comédie, cela doit être rythmée au quart de tour, si le lecteur accroche sur un mot, le rythme casse et adieu le rire !
Ce qui m’a le plus frappé de ce discours sur le succès est l'affirmation de Marc Delafontaine disant qu'il n’a plus de temps de dessiner autrement que pour Les Nombrils, même pas durant ses loisirs. Il est confiné à ce style qui ne montre pourtant qu’un angle de son art. Y a pas à dire, le succès a son prix.
Dominic Tardif |
Songeur |
3 commentaires:
J'aurais bien aimé me trouver là avec toi. Quelle causerie rare tu as pu entendre là ! Le plaisir récolté au passage se lit entre les lignes de ton billet. Chanceuse (bon, je sais, c'et le genre de chance qu'on se fait soi-même, mais quand même...). ;)
J'ai appris beaucoup de choses en lisant ton billet. Merci Venise :)
Quelle chance vous avez! Je me dis que c'est méritée puisque vous en avez bien profité. Note chère Venise que je ne te vouvoie pas, je parle de toi et Marsi. hi hi hi. Salue le d'ailleurs!
En passant, pour une fois, les deux mots qui prouvent que je ne suis pas un robot sont faciles à lire!
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