Il y a de ces romans qui nous dépassent, celui-ci en est un. En partie. En lisant le commentaire de Danielle Laurin, je réalise de quelle manière j’aurais aimé recevoir ce roman publié en 2011.
S’il vient se glisser entre mes nouveautés « service de presse », c’est à cause du titre « La patience des fantômes » qui m’a toujours attiré et, en plus, je n’avais pas encore lu Rachel Leclerc qui en est pourtant à son quatrième roman chez Boréal, après une œuvre poétique primée. Et justement, les auteurs à connotation poétique donne une aura que j’aime particulièrement.
La patience des fantômes est une saga familiale étalée sur cinq générations, qui peut également être abordée comme un prétexte pour fouiller l’histoire de la Gaspésie sur une longue période. Je ne peux pas prétendre que l’histoire tourne autour de tel personnage, car chacun a autant d’importance un que l’autre. C’est une chaîne avec des maillons interalliés, malgré leurs différences et leurs différends. Je ne peux pas situer l’œuvre en parlant de flash back, puisque le passé a autant de présence que le présent. Pour trouver un point central, partons du narrateur, un écrivain qui se met en frais de déterrer les racines de son arbre généalogique.
La tournure laborieuse de la structure a fait bûcher l’auteure (rf. une entrevue), j’ai quelque peu peiné, mais pas suffisamment pour que mon attention tombe, toutefois la tension dramatique, oui. Autrement dit, j’étais assez accrochée aux personnages et au style pour passer au travers d’arrêts brusques, de départs qui s’étirent avec entre les deux un peu d’égarement dans la chronologie et la biographie des personnages. Mais on s’en sort, en revenant souvent à l’organigramme de la famille au début du roman.
Joseph-Joachim Levasseur est l’ancêtre ambitieux par qui il devenait possible aux prochains maillons de rouler sur l’or. Il était ingénieux, débrouillard, visionnaire. Il avait du flair, de l’audace et savait détecter les sources de richesse. Ceux qui suivent, que feront-ils avec l’héritage de cet ancêtre ? C’est cette histoire que nous raconte le petit-fils écrivain, en compagnie de sa nièce arrière petite-fille atteinte du cancer. Veux ou veux par, quand un écrivain trône, les processus d’écriture sont abordés de biais ou de plein fouet.
J’ai aimé les personnages, vrais, dans le sens que l’auteur est sans pitié vis-à-vis eux. Elle ne les flatte jamais. Aucune clémence, aucun accommodement, sans jamais les juger. Il faut quand même savoir le faire. En général, les femmes ont la vie dure à cause de l’absence de pouvoir mais les hommes ont la vie dure par la présence de ce pouvoir.
Une chose est sûre, cette histoire qui chevauche cinq générations contient assez de rebondissements pour captiver son auditoire. Aucun besoin de s’attarder à de la banalité.
Cette auteure joue de la note tragique sans fausser avec du mélodrame.
Des surprises, il y en a une bonne réserve, ne partez pas trop vite votre machine à deviner, vous ne vous en sortirez pas, épuisés avant l’éventement des secrets familiaux.
Lecture un peu ardue grassement récompensée.
6 commentaires:
Mmmm...ce que tu en dis suffirait à me le faire prendre sur les tablettes.
Un roman à lire doucement et se laisser bercer par cette plume belle et pleine de tendresse.
Tu me rends super curieuse, en tout cas! Je note, peut-être que je le trouverai au salon du livre! Au fait, tu y seras, à Montréal?
Anne : Oui, mais ta tablette à toi, elle va crouler sous le poids de la vie de ces romans !
Quand nous irons te voir, il faudra que tu départages ceux que tu préfères. Tu vas avoir un gros devoir à faire !
Suzanne : C'est vrai, tu as tout à fait raison, une tendresse soutient même les personnages les plus repoussants. Bien vu !
Karine : Oui, Marsi sera en dédicace le vendredi et le samedi au kiosque de La Pastèque. Je vais l'annoncer haut et fort un moment donné. Quand tu n'as même pas encore le livre entre les mains, on dirait que tu finis par douter que ça va y être un jour !
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