... avec bien entendu plus d’agates (dont deux ont été transformées en boucles d’oreille pour moi), des rencontres en veux-tu en v’là, de l’air de mer plein le poumon, de la morue fraîche et de la crevette jusqu’à dire, "plutôt une galvaude s’il vous plaît". Grisée d’horizons bleutés, de rivières, de chutes et de barachois. De casse-croûte, de vent, d’accent chantant. Et de photos.
Mais ici, c’est un carnet littéraire, alors je vais vous parler de mes lectures de plage. J’ai eu de la misère à me brancher autant qu’un cormoran à l’aile cassée essayant de plonger le bec pour se refiler un poisson dans l’estomac. C’est que j’avais avec moi plusieurs livres, peut-être trop. La vue était si belle, l’appareil photo si tentant, il m'aurait fallu des auteures aguerries ou bien en adéquation avec mon humeur poreuse à l’environnement de terre, de mer, de sable, de roche, de lichen. Tout un défi qu’elles ne savaient même qu’elles auraient à relever (j’ai réalisé que je n’avais apporté que des auteurs féminins !).
J’ai commencé par Les années de Annie Ernaux, cette Française encensée par la critique et qui a fait perdre la tête à la blogoboule. J'ai accosté à la page 43, concluant que c’était bon et extrêmement bien écrit même si je n’ai jamais traversé la page jusqu’à elle. Elle nous renvoie dans le passé, le sien je crois bien, avec plein d’images, de judicieuses et savoureuses réflexions. Je vais la reprendre n’ayez crainte, je vais lui laisser le dernier mot. Je me suis ensuite rabattue sur Marie-Claire Blais que je me devais de connaître avant que la honte me fasse changer de couleur. J’ai lu Le jour est noir. Déjà que c’est une auteure sombre, si elle opte en plus pour le noir, on fonce dans du noir foncé. Quand sur une plage, les orteils recroquevillées dans le sable, le corps tiédi par un vent doux qui tourne ta page, tu te sèches l’âme jusqu’à broyer du gris, tu conclus que ce n’est pas une lecture de vacances mais tu continues quand même parce que même si tu ne voulais pas changer de couleur, tu en changes, et tu t’entêtes puisque de toutes manières, l’abandon te grisonnerait le teint. Et tu finis laborieusement ce bouquin mince pourtant. Et tu réalises qu’il a été écrit avant Une saison dans la vie d’Emmanuel et tu entends M.-C.. Blais répondre pendant les Correspondances d’Eastman : « J’étais jeune alors, je suis moins noire maintenant ». Et tu trouves une vingtaine de critiques signées par des journalistes qui défilent après le point final et tu es terriblement surprise de réaliser qu’en 1962 les critiques savaient encore ce que ce mot veut dire. Et toi, tu l’as bel et bien terminé, tu auras donc le droit de le critiquer mais plus important encore ; tu t’es mérité de commencer un autre livre qui sera « L’enfant du Che » de Louise Desjardins. Il est temps que tu la rencontres elle aussi. Tu l'auras fermé à la page 67 en sachant déjà que ce n’est pas une lecture de vacances mais comme tu n’es plus en vacances, tu lui laisseras sous peu elle aussi avoir le dernier mot.
* * *
À toutes les minutes où j’ai déposé mon livre, je décapsulais l’objectif pour capturer un moment dans ma boite noire qui les avalait, me les renvoyant dans l’instant plus aisément que le meilleur Polaroïd de mon enfance (vous vous rappelez que c’est nouveau pour moi un appareil numérique).
Normalement, c’est au Pigeonographe que je devrais faire défiler ces clichés mais le site est encore en exploration et je ne sais pas combien je peux lui en refiler sans faire éclater la mise en forme préprogrammée. Alors, je ne prends pas de chance, mon webmestre est loin de tout ordinateur présentement.
* * *
Pas facile d'installer des photos ! Elles se glissent partout n'importe comment, sans ordre ni logique. Et qui plus est, certaines belles, blogger prend un malin plaisir à les rendre floues, alors je les ai éliminées. Bah ... ça donne une petite idée quand même. Je vais aussi en installer au Pigeonographe, sans trop m'emporter. Par exemple, ma chronique qui parle de ma jasette avec la marmotte, eh bien, je vais y rajouter cette fameuse photogénique marmotte. Bon, je m'en vais peser sur le piton, voir si blogger me fait l'honneur de toutes les prendre (elles sont lourdes je crois).
24 commentaires:
J'adore ta note , là, Venise, si pleine de toi et qui fait tout ton charme , si exprimante de cette curiosité cette sensibilité et cet émerveillement qui caractérise tous tes écrits mais aussi ta personnalité, avec les photos en prime pour moi qui suis si visuelle, je me régale.
Merci pour ce partage.
Amitiés.
Hélèna
Surtout des photos personnelles. Je vous ai vue pour la première fois au complet (belles chaussures!!!), c'était pas chaud en Gaspésie!
C'est quoi cette histoire qui a fait sauter la blogoboule, je ne sais rien, moi.
Marie-Claire Blais en vacances, faut le faire en effet. Mais si vous ne m'avez pas donner le goût de la relire, vous avez réussi à me tenter pour la Gaspésie. Des agates en boucles d'oreilles, ça fait très touriste, mais j'en veux. D'une artiste locale ou c'est vous qui les transformez?
She's back!
Yéhéhéhé...
'Stie que t'écris ben, Ven.
Pis, mon écrevisse?
(ClaudeL: c'est un artiste très local vu qu'ils partagent le même lit, lui et la propriétaire des oreilles bouclées).
@ helenablue : Eh oui, des photos ! Et deux personnelles en plus. On arrête pas le progrès ! (genre de dicton passe-partout ici).
J'aime tellement les photos quand je visite les ailleurs que je me suis dit pourquoi ne pas offrir qu'est-ce que j'aime recevoir ? Je nage encore dans les limites de la technique, je suis madame piton automatique, par contre, semblerait que certaines fois je pèse sur le piton dans ce quart de seconde voulu pour que rejaillisse à la lumière une image qui vaut mille mots.
J'ai pensé à toi en offrant ces clichés.
Joli, mais on aurait préféré neuf mille mots, kif-kif. 4 500 pour elle, le reste pour moi, plus mon écrevisse.
@ Claudel : J'attendais le commentaire du "Pas chaud en Gaspésie" mais pas celui du "belles chaussures" !!! C'est que Claudel, ne vous en déplaise, se sont de vieilles godasses qui croupissent dans la valise du "char" l'année durant pour ne pas que madame ou même monsieur ne prennent le moindre risque de devenir des va-nu-pieds (d'ailleurs, Marc qui s'est enfargé dans la rivière a failli en avoir besoin).
Du noir sur noir en vacances ? Peut-être finalement, les moyens étant tous à la portée de se changer Le jour est noir en un matin clair. Malgré tout, la leçon a frappé dur, je vais revenir à elle par la voix de ses vieilles années.
Ce qui fait vraiment touriste, Claudel, ce serait d'entrer dans une boutique prêt à porter et d'acheter l'agate à très bas prix parce qu'elle vient d'Amérique du Sud ou d'Afrique, de s'en parer immédiatement, sûr d'avoir fait l'affaire du siècle, et en n'oubliant surtout de demander si elles viennent de Percé et ses alentours.
@ Mistral : Oui, oui, la v'là ton écrevisse, rajoutée juste pour toi (défense d'y toucher personne), j'avoue franchement bien déguisée en crabe, tu l'as pardonneras et moi de même.
C'est que l'écrevisse Gaspésienne se fait cachotière dans les rivières à remous et celle visitée, (la journée au col roulé), je n'ai pas osée demander à Marc de partir à la chasse à l'écrevisse. C'est que sous ma recommandation (par l'évidence, moi ne pouvant pas), il a voulu traverser un barrage en bois de drave lisse que l'agile Tania, (jeune fille au chandail rouge) traversait comme une biche bavarde, tandis que Marc, lui, juste légèrement plus lourd de quelques dizaines, est allé mesurer la température de l'eau émeraude. Son jeans, plus lourd qu'un scaphandre, nous sommes rapidement revenus à la Subaru transformée en cache-sexe pour se changer au plus sacrant (justement avant de sacrer).
Adieu veau, vache, cochon, écrevisse !
J'ai pensé c'est ben bon du crabe même si pas des neiges, non ?
@ Claudel : Pour votre prochain voyage, si vous désirez des agates montées en boucles d'oreilles. Mistral a compris l'astuce : Marc les pêche (il est même devenu le professeur d'une plage entière, tout le monde venant lui montrer leur cueillette), un lapidaire de Percé "Agate et Caillou" les polit à la meule, les troue, leur pique un pivot, et si vous êtes pressés, tout cela en 24 heures. Il y a deux lapidaires à Percé, le premier est au coeur de la ville dans une "boutique à tapis" et charge pour les luminaires et les fioritures, et le nom divulgué dans les Salons d'exposition, et l'autre, travaille en famille, dans une arrière boutique qui grandit avec la passion de l'ouvrage bien faite.
Je vous laisse choisir entre "Agate et Caillou" 67 route 132 ouest, 418-782-2098 ou Wazo :-)
@ Claudel : Ah oui ... si vous n'avez pas l'oeil pour l'agate réellement pas facile à distinguer par sa haute discrète distinction, il y en a toujours des fraîchement débusquées chez Agate et Caillou. Et même déjà montées en pendentif ou quoi que ce soit que l'on appelle bijou.
Est-ce que ça paraît que j'aime cette entreprise familiale, père, mère et Bruno, le fils ?
Pour oreilles Percé uniquement.
Je te la pique et l'enfile dans ma besace à mots perlés celle là :-)
Venise,
J'ai reçu "Les années", d'Annie Ernaux en cadeau. Je sens qu'il faut que je me force à le lire... mais il ne me tente guère.
Serai curieuse d'entendre vos impressions à ce sujet.
Andrée
Oh que j'aime la photo du pont de fer!
De voir Marsi captivé par les agathes... est tellement compréhensible à voir toutes ces merveilles!
J'ai l'air de quoi moi avec mes petits cailloux du Léman :(
@ Andrée : J'en suis là moi aussi, je sens qu'il faut que je me force à le lire. C'est que l'écriture est si dense, si riche, c'est un peu comme de la crème fouettée, on ne peut en avaler en trop grande quantité, même si c'est voluptueux sur et sous la langue.
Vous y viendrez sûrement, à votre heure.
Avez-vous remarqué que j'ai ajouté votre lien ? Nous voilà liées :-)
@ Béo, C'est que ces pépites d'agates se cachent bien sous de gros cailloux qui brillent sans être de l'or. Et puis, à Barachois, il lui a fallu soulever des banderoles de varech et ce qui s'y cachaient n'était pas que de la pépite mais de la bébitte aussi ! Mais qu'est-ce que tu veux quand tu as la piqûre :-)
Le pont ? Eh que j'en suis fière ! Il n'a pas bougé le temps que je décide de l'angle, il a vraiment été coopérant, je te dis pas bougé d'un iota ! Alors l'image est claire et nous emmène loin. Plus loin que le regard.
Quel bonheur de te lire car il a raison Mistral. Je le cite : 'Stie que t'écris ben, Ven.
Bon retour chez toi dame Venise.
Un moineau ? j'aurais plutôt dit une mouette : les pieds dans l'eau, la tête dans les nuages. clin d'oeil.
y a de nouvelles possibilités pour les photos sur blogger...il faut aller tout en bas dans paramètres et choisir le nouvel éditeur de messages...
@ Suzanne : On peut dire que tu as l'art de m'encourager dans l'écriture ! Merci. Ça me donne confiance en moi.
@ Carole : Mouette, hein ? Mouette mouette (je réfléchis là) ... ça y est j'ai trouvé, dis donc, ce son fait un peu penser à miettes non ?!
;-)
@ Marsupilamina : J'ai comme cru comprendre qu'il y avait un nouveau gugusse (truc) et puis, mon réflexe devant le nouveau m'a fait prendre la poudre d'escampette. Je vais y revenir ... De toutes les façons, merci.
Et puis, oui, bienvenue surtout !
Débarrasse, Ano, avant que la Tribu ne se fasse du gras sur ton cul pour l'automne et l'hiver qui approchent.
Venise,
Ravie de voir que nous sommes liées.
Je fais de même de mon côté.
Andrée
@ Andrée : Deux ravies = deux ravissantes (non mais pourquoi pas !)
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