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samedi 15 août 2009

Matamore no 29 - Alain Farah

Il y a de ces écrivains qui désirent lancer le lecteur sur des voies jamais empruntées, le faire vivre du jamais lu, le déranger aussi bien sûr, Alain Farah fait tout ça, mais le désire-t-il ou si c’est incontournable, si près de son être, unique à ce point ?

Quand on m’indique une lecture bizarre, spéciale, avec promesses d’égarement, mon élan spontané est « oui », ça m’attire. Et puis, lorsque je commence ma lecture, j’éprouve du malaise comme si de me jouer de mon cerveau habitué à certaines règles de lecture me dérangeait au point d’en éprouver de la difficulté à me concentrer.

Dieu, ou le maître du temps s’il existe, sait combien j’ai eu de la difficulté à me concentrer, mon esprit voulant sans cesse se sauver. Combien de fois ai-je dû le rattraper et le remettre à sa page. Comme les sujets s’enlignent avec des liens ténus et subtils, je perdais souvent le fil. Si au moins je l'avais lu d’une traite, j’aurais mieux vu ces liens, donc mieux lu. Mais encore là, même si certains passages m’ont amusés, d’autres impressionnés, je manquais de motivation pour reprendre le livre, donc ce fameux fil devenait trop cassé. Comment dire, je pourrais bien sûr déclarer que ce roman n’avait qu’à m’intéresser, mais il y aurait une part de malhonnêteté. Cette expérience m’a fait réaliser plus que jamais que la lecture est une question de relation entre l’écrivain et lecteur. J’avoue avoir été une bien piètre lectrice, je n’ai pas offert la qualité d’écoute que mérite un roman que l’on s’est promis de commenter.

Le chapitre « Joyce n’est pas Shakespeare n’est pas Homère (fantôme, mémoire, onanisme) lu le plus attentivement possible m’a semblé une réflexion profonde, une étude unique en son genre, mais plusieurs références m’ont échappées, faute de connaissance du, ou plutôt des sujets.

Il est beaucoup question de questions dans ce livre, et de poissons servis à toutes les sauces :
"Quand je déguste un poisson succulent, est-ce que le bon goût arrive sur ma langue avant que l’idée du bon goût ne se forme dans ma langue. N’y a-t-il pas là preuve de cet irréparable retard dont souffrent les mots ?"

Je vous laisse sur un dialogue insolite qui fait du sens :

"- Mais vous vous considérez quand même comme un écrivain expérimental ?
- Comme un fabricant d’expériences, plutôt.
- Malgré toute cette souffrance, parvenez-vous à définir l’essence de votre folie ?
- Mademoiselle, la folie, c’est la raison quand elle en a marre de feindre que tout est en ordre.
- Et qui considérez-vous comme fou ?
- Tous ceux qui se croient à l’abri de le devenir."

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