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samedi 10 novembre 2007

La (mystérieuse) Notaire de Patrick Nicol

Je termine de lire « La notaire » et ce n'est pas un exploit. Comprenez-moi, pas de l'avoir écrit mais bien de l'avoir lu ! Il se dévore en une seule bouchée. Petit par ses pages et plus grand par son propos.


La photographie est réussie, le sujet proprement encadré. Le portrait d'un homme perdu dans ses pensées après une séparation. Un homme infantile dans le sens précis de tout attendre des autres. Il est le point de mire. Comme il nous invite à habiter sa tête pendant 133 pages, on est en mesure de constater l'ampleur de cet égocentrisme. Quelle est l'époque où règne en roi et maître un égo sans en avoir conscience ? L'enfance, évidemment. Nous avons donc droit à une virée de son album aux souvenirs, largement ouvert sous nos yeux voyeurs. L'homme perdu le fouille revenant souvent aux mêmes pages pour son obsession de lui-même.


Le propos porte haut son symbole sans en avoir trop l'air, ce qui m'a plu. J'ai aimé le côté intégré de la symbolisme. L'homme vivant mollement la brisure de ses points de repère d'avec une conjointe qui l'aimait beaucoup (les hommes immatures se laissent si facilement aimer !) choisit une maison nichée dans le quartier de son enfance. Une maison jadis habitée par un homme qui le photographiait, lui, et particulièrement lui, il en est convaincu.


Mais qu'est-ce que viens faire la notaire dans ce cirque intime ? Introduite durant la transaction de la maison laissée à un prix dérisoire (mystère ...) par une vieille dame, conjointe du photographe, la notaire aime s'envoyer en l'air avec l'homme et ne s'attarde nullement à son égocentrisme. Qui est-elle, que veut-elle ? Vous le révéler serait vous en dire long, trop long pour une si courte lecture !


Très beau style, soit-dit en le soulignant, puisque sans ce style très personnel, la fusion avec l'homme (ainsi nommé dans le livre) serait nulle et non avenue.

Si vous désirez une autre manière de le présenter, cliquez ici.


La notaire, Patrick Nicol, Leméac, 133 pages, 13.95 $

7 commentaires:

Anonyme a dit...

C'est un petit roman bien ficelé mais qui, somme toute, ne m'a pas intéressé.

Venise a dit...

Réjean, je suis comme Carole, je commence à être drôlement intriguée. Vous lisez beaucoup mais qu'aimez vous lire au juste ? Je ne l'ai pas encore cerné !
C'est vrai qu'il est bien ficelé. C'est sûr que ce n'est pas un roman qui prend aux tripes. Quand le style est aussi maîtrisé, imaginatif, je me laisse séduire, malgré le fil ténu d'intrigue.

Anonyme a dit...

Je suis effectivement un lecteur exigeant. J'aime être touché par l'histoire dès les premières pages, sinon je ne perds pas mon temps : il y a tellement de livres à lire. Le dernier roman québécois qui m'a plu est La soeur de Judith de Lise Tremblay. Je trouve que l'auteure a bien rendu cette époque à travers une histoire plutôt sympathique. Ça se lit très bien.

Anonyme a dit...

À moins que Réjean ne lise beaucoup que de premières pages... Peu flexible ce Réjean, et très prompt à affirmer son opinion. C'est vrai qu'il est plus chic de se dire déçu que de se dire content, même un peu. Pour le Lise Tremblay, Réjean montre qu'il a du flair, mais que la prose épurée est son genre. Réjean serait-il un lecteur de Yoko Ogawa ?

Anonyme a dit...

Cher Paul,
J'espère que mes opinions ne vous bousculent pas trop. Certes, je suis prompt à dire ce que je pense, et des blogues littéraires comme celui de Venise sont là pour ça, non ? Je ne me dis pas déçu pour faire «chic», comme vous semblez le prétendre (croyez-moi, je déteste les snobs), mais bien parce que c'est vraiment ce que je pense. La prose épurée, oui, je m'en satisfais bien. Mais je n'aime pas que ça. Par exemple, je suis en train de lire le tout dernier Joyce Carol Oates paru en français. Ça s'appelle Mère disparue. J'aime beaucoup cette auteur américaine. La connaissez-vous ?

P.S. Êtes-vous le «Paul» qui fait de la bande dessinée et dont il est question dans le billet de Venise ? Si oui, vous faites du beau travail. Votre dernier album m'a bien plu et je n'ai pas lu que les premières pages... :-)

Anonyme a dit...

Bonjour Réjean,

Non, je ne suis pas LE Paul, désolé ! Je suis content de vous lire sur vos choix. Je trouvais simplement que vous y alliez souvent un peu raide avec les nouveautés. mais ce sont les règles du jeu. J'ai présentement à côté de moi les deux nouveaux livres de la très prolifique - et pas toujours très pertinente -, J C Oates. Écrivaine remarquable. Je mentionnais Ogawa, parce que du côté de la prose étrange, c'est du bonbon.

Anonyme a dit...

Mais Paul, décidément, nous avons les mêmes lectures ! C'est vrai que Oates n'est pas toujours pertinente, comme vous dites, mais quand elle fait un bon roman, alors là, vraiment, c'est un plaisir toujours renouvelé. L'un de ses premiers romans, que j'ai lu trois fois tellement j'ai été bouleversé par ce livre, s'appelle Au commencement était la vie. C'est un chef-d'oeuvre de concision et d'émotion. Si vous vous intéressez à cette auteur, je vous le suggère fortement. Mais attention, c'est un livre très dur. Quant à Ogawa, c'est effectivement du bonbon, mais je crois que je l'ai trop lue : elle ne me surprend plus tellement, car je connais trop sa «manière». (Salutations à Venise !)