Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

mardi 12 août 2008

La traversée de l'enfance



Le dernier Café littéraire auquel j’ai assisté dimanche sur la Terrasse de La Marjolaine s’annonçait sous le très inspirant titre de « La traversée de l’enfance ». Devant nous, des auteurs qui ont aussi traversé la délicate opération de passer de lecteur à écrivain puisqu’ils en étaient tous trois à leur première œuvre fictive.

Pierre Szalowski (Le froid modifie la trajectoire des poissons), Nicole Fontaine (Moi, j’avais pas l’habitude de naître) et Bruno Hébert (C’est pas moi, je le jure) ont tous les trois emprunté la voie de l’enfance pour exprimer leur monde imaginaire. Pourquoi cette option ? a été la première question de l’animateur, Antoine Tanguay, remplaçant à pied levé, Danièle Laurin. Trois personnes différentes, trois réponses différentes, et sûrement trois romans totalement différents. Bruno Hébert déclare que ce serait pour se cacher, on peut tout faire dire à un enfant, il n’y aura jamais d’erreur, tout est permis. Pour la liberté finalement. Madame Fontaine y trouve un effet consolant. Quand elle écrit au nom des adultes, la vie se colore de noir foncé, c’est extrêmement dramatique, sans appel. Tandis que les enfants, même si elle ne nie pas leur cruauté, ont dans leur cœur du rebondissement. Il y a de l’espoir. Madame Fontaine s’incarne dans l’enfant pour écrire, l’affirmation a fait bondir Bruno Hébert qui, lui, se dit incapable de fonctionner ainsi. Une sympathique discussion a suivi et une raison a été avancée : Bruno Hébert vivrait encore son état d’enfance ce qui lui aurait facilité la tâche pour faire parler Léon, son personnage de 10 ans. Pour Pierre Szalowski, il fallait trouver la voix juste de l’enfant, ne pas le rendre exagérément mature. Surtout ne pas en faire un adulte. Le choix d’un enfant comme voix narrative est, si j’ai bien compris, pour la force de frappe d’entendre directement le premier concerné du divorce de ses parents.

C’est pour dire combien l’enfant se tient près des parents puisque le divorce est un sujet commun aux trois oeuvres, qu’il soit seulement abordé ou fouillé.

Le public nombreux et extrêmement intéressé l’a démontré par une grande variété de questions et de remarques, certaines je dirais même osées, comme cette dame qui a presque chicané Bruno Hébert d’avoir accepté que «C’est pas moi, je le jure » soit transposé au cinéma en septembre (Philippe Falardeau). Ne vous en faites pas, il sait se défendre. De sa franchise provocante, il nourrit son personnage de marginal, se traitant de paresseux qui n’aime pas l’effort d’écrire. Je pense qu’aussitôt qu’il sent une étiquette lui coller à la peau, il tire sur elle pour la décoller. Ne prenez surtout pas ça au premier degré, empressez-vous plutôt de lire cette histoire avant de la voir au cinéma, c’est toujours mieux, paraît-il. Moi, en tout cas, c’est ce que je vais faire aussitôt que j’aurais terminé « Le froid modifie la trajectoire des poissons ».

« Moi, j’avais pas l’habitude de naître » est le seul que j’avais déjà lu et commenté : ici. Je ne me lasse pas de ce titre, cette déclaration spontanée de l’attachant Marius mis en vedette dans quelques nouvelles de ce recueil. Il sonne à mes oreilles d’adulte : « Moi, j’avais pas l’habitude d’être » Naître ou ne pas être. Il reflète autant la difficulté de naître que d’être.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Je n'ai lu aucun des titres, même si j'avais été tentée au salon du livre. Mais après avoir entendu (ou lu) ce que les auteurs disent de leurs romans, j'ai toujours plus le goût!!