lundi 11 août 2008
Visite au pays des écrivains
Ça y est, je commence à retrouver des informations avalées goulûment dans les Cafés littéraires. Elles sont évidemment filtrées par ma subjectivité mais une chose reste certaine, et pour celle-là je n’ai aucune doute, ces Cafés littéraires sont infiniment précieux pour les insatiables de curiosité que sont les lecteurs et les potentiels écrivains. Je me suis abreuvée à même leurs confidences données à flot, sans autre digue que celle du temps.
Mon opinion des écrivains s'est haussée d’un cran. Ils sont plus que des conteurs de voyages intérieurs, plus que des photographes d’idées, d’ambiance, de paysages panoramiques, ils sont des témoins qui n’ont pas le choix de transmettre. Leur nature est une impitoyable impératrice qui les pousse à le faire au risque, sinon, d’éclater de leurs trop-pleins d’images, d’inspirations, de réflexions. Ils ont tant à dire ! Une de leurs œuvres leur rend justice comme une parole figée parce qu’imprimée, au même titre que l’album de photos n’est pas le voyage lui-même, seulement ses traces. J’ai compris qu’un roman est la résultante d’un vécu foisonnant, de positions fermes, d’imaginations domptées, et quelques fois même par une discipline de tortionnaire. Ou par le doute ravageur. Ou par la peur qui ne doit pas paralyser mais stimuler, cette peur de ne jamais être à la hauteur de son monde intérieur.
Ce qui me fait l’avancer est d’avoir entendu Monique Proulx (Champagne) nous confier qu’elle écrit environ deux paragraphes par jour, qu’elle les redit dans sa tête pour les entendre dans cette perfection qu’elle a choisie pour eux, complètement soumise à la dictature des mots pour livrer une œuvre qui la satisfasse. Et Bruno Hébert (C’est pas moi, je le jure !) qui déclare sans vergogne qu’il n’a pas terminé son roman. À comprendre que nous avons une œuvre inachevée entre les mains. Si l’affirmation vous choque, voyez-y cette conscience douloureuse de l’idéaliste qui court sans cesse vers plus haut et plus beau. Dani Yvan Béchard m’a renversé ; huit années de sa vie offertes sur l’autel de Vandal Love. Une réflexion poussée si loin qu’elle sort par boulets de symbolismes, nous donnant une quantité telle de sens cachés sous chaque choix que l’histoire se lit suivant le niveau de conscience du lecteur à ce moment de sa vie. Comment ne pas avoir été étonné, dépassé, emporté par cet être si inspiré qu’il se surprend lui-même à chaque minute où il ouvre la bouche : Dany Laferrière. Il était en grande forme cet écrivain qui se prétend japonais pour en être un planétaire. Ses exposés éclatent en mini-explosions choc, nous donnent à réfléchir dans quantité de miroirs, et les images se reconnaissant entre elles, nous font éclater … de rire. La lucidité (ludique) de cet écrivain est étonnante et a rejoint celle de ces « Randonneurs du monde »* et ceux qui ont dû « Voyager de force »*. Ils nous ont tous amené plus loin que leurs propres pas. Le mot « paysage » qu’ils ont étiré dans tous ses sens, le mot voyage l’accompagnant de près pour ce qu’il entraîne de bouleversement des paysages, état indispensable pour détourner le regard de l'écrivain de l’arrière-fond des habitudes, mœurs et coutumes pour aller puiser au plus profond de lui avec le récipient de sa conscience.
J’espère que ce premier jet (évitant ainsi le débordement !) vous attisera suffisamment pour vous promettre le cadeau de la septième édition Des Correspondances d’Eastman.
* Café littéraire « Randonneurs du monde » : Monique Proulx, François Barcelo, Hugues Dionne, Deni Yvan Béchard – animation vive et intelligente par Ariane Émond
* Café littéraire « Voyager de force » : Naïm Kattan, Neil Bissoondath, Dany Laferrière, animation posée et ouverte par Danièle Bombardier – Porte-parole
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2 commentaires:
Je n'ai jamais assisté à un tel événement... mais ça semble bien intéressant! Entendre les auteurs parler de leurs romans, c'est toujours "quelque chose"!!!
Ta passion est contagieuse...
Je me demande toujours si les écrivains ont des choses intéressantes à dire en dehors de leurs livres. Il semblerait que oui.
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