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mercredi 3 décembre 2008

La politicaillerie

Le mot existe, j’en doutais un peu. Il s’invente des mots parfois, à cause des réalités qui, elles, ne s’inventent pas.

Politicaillerie, j’aime que le mot sonne en « raillerie » parce que c’est ce que je m’apprête à faire ici, de la raillerie de politique. De la basse politique, pas de la haute. Attention longue parenthèse : (Le problème en ce moment est que tout le monde doute qu’il y en ait de la haute, mais pour cette question épineuse, je vous dirige plutôt vers les blogues de Joseph Facal et Chantal Hébert, ces cerveaux lanternes qui nous allument et nous illuminent).

Je continue sur ma lancée « politicaillerie » pour l’expérience que j’en ai vécue dimanche au Salon des Arts de Brompton. Voilà l’histoire :

La tête penchée sur mon livre, je n’ai pas vu entrer deux hommes qui n’avaient pas le profil du visiteur de salons de cadeaux. Ceux-ci arrivent habituellement la tête haute, l’œil allumé, du rire et de la nervosité plein le corps. Tandis que là, sous mes yeux, deux vautours s'avancent, enveloppés de manteaux gris, le dos courbe et fourbe. Un des hommes découvre mon regard, fonce vers moi, me tend la main. Me tend la main ? Geste traître. Dans un tel Salon, qui te tend la main avant de regarder ce que tu as sur ta table ? Plutôt habituée aux œillades pour cette peur que les gens ont de se faire happer par la gentillesse de l’artiste et ensuite se sentir obligés de l’encourager quand c’est seulement acheter qu’ils veulent.

L’homme me décline son nom anglophone, enchaîne rapidement d’un « Je suis votre député dans la circonscription de …. » La surprise doublée d’étonnement devait détonner dans ma figure car il me demanda aussitôt : « D’où venez-vous ? » j’ai pensé lui répondre de Vénus, mais je répondis plus sobrement « De Eastman ». « Je ne suis pas votre député ». Derechef, je déclare : « Même pas besoin de me parler alors ! » accompagné d’un air aussi joyeux qu’un pinson découvrant une talle de graines de tournesol en plein hiver. Il recula. Ébloui par tant de joie peut-être ? Non, la mâchoire est trop serrée, l’œil trop mauvais pour en présumer. Il arrive à articuler un indigné « Voyons donc, madame, vous ne pensez pas ce que vous dites ! » Mais mon cher monsieur, je vous taquinais. Vous avouerez que c’était tentant !

Il déguerpit rapidement, sans demander son reste (quel reste d’ailleurs ?) vers des proies plus faciles mais surtout plus payantes. Son acolyte, lui, avait comme fonction de préparer le terrain en achetant de l’artiste (prière de ne pas retirer le de). Ma voisine de table, elle, habitant la circonscription a eu le bonheur de se faire acheter un agenda d’anniversaire à 12 $. Elle regrette encore de ne pas avoir poussé une vente plus lucrative. Quant à faire, me dit-elle après coup, car c’était peut-être pigé à même l’argent du parti !

Mais trêve de raillerie de la politique et revenons plus dignement au livre. Au temps du livre. Au temps qu’il faut prendre pour lire un livre. La courbe du temps, la dernière chronique de Nicolas Dickner est succulente, dégustez cette phrase en apéro :
Le livre, en revanche, demeure l'un des seuls objets culturels qui exigent de tout arrêter.
Je vous envoie aussi, si vous aimez l’homme qui arpente la vie par quatre chemins et cela depuis quelques décennies : Jacques Languirand et son nouveau site « Les repères de Languirand ». Si ça vous tente de le voir, autant que l’entendre, le sol de son repère est jonché de vidéos. Personnellement, j’ai préféré son boudoir où des livres parchemin s’ouvrent. Comme des miroirs, on y puise des sentences qui font réfléchir.

Voilà qui était pour ma chronique d’aujourd’hui, qui n’y a pas été par quatre chemins de politique raillerie.

Ça a fait du bien à mon cœur de rockeuse … euh, de "voteuse".

13 commentaires:

gaétan a dit...

Haaa cet instant où le candidat s'avance vers moi tantôt avec ce besoin d'amour dans le regard, cette crainte d'être repousser, tantôt avec ce sourire crosseur l'air de dire tiens un autre plouc! Me suis senti manipulé la première fois, obligé de lui serrer la pince plus maintenant. Toi tu avais flairé le profiteur au premier coup d'oeil. L'expérience des salons.. :-))
Ouais le site de Jacques Languirand est intéressant à visiter. Y a longtemps que mes oreilles ont pas entendu son rire.

Beo a dit...

He he! Moi je trouve que tu as bien fait de lui faire cette réplique! Juste à te lire, je voyais les vautours fondre sur toi!!!

Tiens donc; je vais aller faire un tour chez M. Languirand où je revivrai sûrement la magie de Par quatre chemins! Merci!

Anonyme a dit...

Quel bonne «bouille» ce monsieur Languirand et tant de belles choses à dire et à rire.Je vais visiter et sûrement garde son chez lui chez moi.
Quant au môsieur politiquement incorrect bien bon pour lui.Moi plus capable d'en voir un grrrr.

Venise a dit...

Je vois qu'il y a plusieurs amateurs (Gaétan, Béo, Suzanne) de Languirand dans la salle !

Tout un bonhomme ! Et le site est franchement fourni. Il prend le temps de respirer quand il nous parle, de chez lui. Il prend même le temps de parler à son chien !

Il s'en fait pas deux comme lui. Nous avons des vénérables ici au Québec et là je pense, dans un autre genre, à notre Janette Bertrand.

Lacaravane a dit...

J'ai eu le plaisir de faire une "histoire de cas" sur Joseph Facal et de faire une entrevue avec lui: un homme d'une belle éloquence, intelligent mais pas pédant, toujours ancré dans la réalité. Il nous en faudrait plus, de ce genre de spécimen! Si vous êtes curieux, je crois que l'histoire de cas est toujours disponible sur le site web des HEC (allez à "Banque de cas" et tapez "Joseph Facal").

Lucie a dit...

Et vlan dans les dents! Dommage qu'il n'y avait pas de caméra cachée là-dessus! J'aurais adoré voir la figure du candidat se métamorphoser sous mes yeux!

Da Laloup a dit...

J'avais découvert le site de Languirand il y a quelques jours, à la suite de la perte de mon chien, après avoir lu son témoignage sur la perte de son propre chien. Quel homme sensible. Quelle profondeur d'âme. Réjouissons-nous de la présence de ses Repères sur le net.

Venise a dit...

@ Da Laloup : Je suis désolée pour la perte de votre chien. Je comprends bien même si de mon côté, ce sont toujours des chats que nous perdons. Ils deviennent des compagnons de vie complètement intégrés à notre quotidien ce qui fait un vide immense. Ils vivent dans notre souvenir à jamais. Je suis de tout coeur avec vous.

Danaée a dit...

J'aurais bien voulu voir et entendre ça, cette rencontre avec le député! Je trouve ta réplique bien envoyée!

Belle citation de Dickner, je suis d'accord avec lui.

Et pour Languirand, je vais aller voir ça. Je ne l'écoute pas autant que j'aimerais, mais le visiter virtuellement est plus pratique!

Anonyme a dit...

Haha, j'aurais aussi aimé voir la réaction de ce politicien. ^^

Da Laloup a dit...

@Venise
Merci de vos mots d'encouragements. Quelqu'un qui comrpend, ça fait toujours un petit baume.

Venise a dit...

@ Laurence : J'ai trouvé la fiche de Joseph Facal au HEC, par contre, pour entrer dans ton travail, un mot de passe est requis. Si jamais tu peux aller le quérir pour moi, en faire un copier-coller (tu en es l'auteure après tout !), tu pourrais me l'envoyer par courriel en pièce jointe. Je suis intéressée en tout cas, mais si ce n'est pas possible, ce n'est pas plus grave que ça.

Unknown a dit...

Bonjour Venise,

Je vais voir ce que je peux faire, sinon, je pense que j'ai dû garder ça quelque part dans mon ordinateur...