J’en suis à “L’attente de l’autre” (l’espéré), dont la popularité a été au-delà des espérances des Correspondances d’Eastman qui ont dû déménager les pénates de ce Café littéraire, de la Terrasse, au parterre et balcon du Théâtre. Tout cette file d'autos pour venir entendre des écrivains bavarder !!! Non mais ...
J’avais des appréhensions, en fait, pour tout vous dire, je manquais d’ouverture en partant. Je me voyais ailleurs. À 14 h 00, Louis Hamelin et Roméo Saganash se chuchotaient des secrets en pleine nature devant une vingtaine de personnes (finalement, 58). Je me serai bien tirer une bûche pour m’assoir à leur hauteur. "On ne peut pas tout faire dans la vie !" ; quelle mère ne l’a pas chanté sur tous les tons !
Mais le plus beau de l’histoire est que les trois écrivains sont venus me chercher là où j’étais, tellement même que je me suis levée pour poser une question. Pourtant, dans ma tête, j’ai tout de suite contesté le choix (et le conteste encore !) de la très détendue animatrice Myriam Wojcik, de donner la parole à tour de rôle. Avait-elle peur qu’ils parlent tous en même temps ?! Ça a donné comme effet qu’à certains moments, de plus en plus rares à mesure qu’avançaient les entrevues faut dire, un écrivain s’éteignait. Je veux dire qu’il semblait pas concerné, un peu ailleurs, en fait, je parle surtout de Marc Levy. Après ton tour, quand tu déposes ton micro et te croises les bras, ça donne l’impression (fausse ?) que ton travail est terminé. Mais ...mais, c’était sans compter sur l’étonnante Kim Thùy, devant qui il s'est vite penché, pour la voir, pas seulement entendre ses toujours fracassantes déclarations. Celle-ci continuait de plus belle à se diminuer, ne se prétendant pas écrivaine. Elle nous a aussi parlé du peu de temps qu’elle avait pour écrire, de sa relation accaparante avec son garçon de 8 ans, autiste. Elle revient souvent à ce séjour au Vietnam en tant qu’avocate aux côtés de grands avocats. Elle ne se sentait pas à sa place, on pourrait en conclure qu’elle ne se sent à sa place nulle part. Mais ne vous en faites surtout pas, cela lui va à ravir ! J’ai compris qu’elle voulait et appréciait cette sensation de liberté, ce pouvoir de partir sans rien emporter, lui sied. En fait, je le dis, j’ai très hâte d’en apprendre plus sur ses ressorts intérieurs à son prochain, qui donnera sur une note plus intime que son premier et excellent Ru.
Revenons sur scène, où nous attends une tendre et radieuse Louise Portal. Cette sereine sirène aime ses personnages, presque maternellement je dirais. Elle prend soin de leur détresse, après six ans dans cette suite de Cap-au-Renard, son personnage Murielle sort des cendres pour se recentrer, à l'aide de rencontres frappantes. La Promeneuse du Cap remet les pas dans ses traces par un pèlerinage en Gaspésie. Ainsi dévoilée tendrement par sa créatrice, elle fait envie de mieux la connaître, même si je la connais déjà. C’est dire qu’elle en parle bien !
Et Marc Levy ? Bon écolier, il répond respectueusement, aimablement aux questions, parle de son père, et tout à coup, une flammèche s’allume, le conteur s’éveille, et défile les anecdotes révélées sur un doux ton de confidence. Cet homme est aussi charmant que captivant. Il a du vécu, une sensibilité d'humain à humain. Si on veut pousser, et là ça adonne que je veux justement pousser, peut-être que ses visites dans un petit village contribue à le garder en contact avec les autres. Sans le faux-semblant de la gloriole. La gloire est un chapeau qu’il n’aime pas qu’on lui fasse porter. Il s’aime tête nue. Et quant à être dans ce qu'il porte ou pas, il porte des lunettes qui lui traversent le visage sans l’accrocher, porte le jeans comme un grand ado, et parle du petit-dernier (pas son bébé de 4 mois, malgré que ...) « Le voleur d’ombres » avec beaucoup de tendresse. Et quand il navigue dans les confidences, il nous avertit, sur un ton aussi amusé qu’attendri, qu’il est « surveillé » de près par les yeux et oreilles de sa femme (une Québécoise) dans la salle. Ça fait sympathique et intime. On se sent en famille.
J’en mets beaucoup n’est-ce pas ? J’sais bien. Mais il n’arrive pas à me décevoir ce Marc Levy, ni les Louise Portal et les Kim Thùy, ni les Cafés pas du tout dans un Café, ni les auteurs qui parlent à tour de rôle au lieu de s’interrompre du trop-plein à dire. Serais-je une indécrottable amoureuse de la vie ?
Je vous laisse répondre.
10 commentaires:
Heureusement pour nous que tu l'es, Venise, sinon, nous qui n'avons pas pu y être, comment ferionsnous pour savoir comment ça s'est passé ?
Ah, tiens, j'aimerais bien savoir transplaner, moi, des fois !
Et sans cette «indécrotable» amoureuse de la vie qu'aurions-nous su, vu et entendu? Que dis-je comment aurions-nous pû s'imaginer ces belles rencontres? Il aurait fallu être là et encore car qui mieux que toi peut si bien nous transmettre et passer les mots?
Merci pour tout ça.
toute cette belle émulation autour de la création artistique m'émeut.
Comment ne pas prendre le goût à la lecture dans une tel contexte. Moi qui lit peu d'écrivains québécois, tu me donnes le goût.
Tout ce qui touche à l'art, à la culture, au goût du beau me touche beaucoup. j'aurai vraiment aimé être là. Je suis toujours disponible pour être bénévole pour ce type de "fête" de la culture.
Et même que je pense bien imiter manzelle des ocreries l'an prochain et participer au concours, je compte sur toi pour me tenir au courrant :)
Personne mieux que toi réussit à nous en dire plus que ce qu'on a entendu.
J'ai été dérangée par le fait que
1- le café a commencé en retard, j'essaie de me soigner mais j'ai beaucoup de difficulté avec les retards.
2- Même impression que toi au sujet du choix de l'intervieweuse de les interroger un après l'autre. Je souffrais à la place des deux autres qui attendaient leur tour.
3- Encore là, manque de livres sur la table de vente. De Louise Portal cette fois. Et trop de livres de Marc Lévy, ça faisait vente forcée, mais sans rapport avec le café lui-même.
Café que j'ai quand même apprécié pour les raisons que tu énumères si bien.
J'ai vite oublié les irritants et j'ai hâte de lire... Louise Portal surtout.
Transplaner. Mais n'importe quand ton esprit transplane, Anne ! On peut le laisser un peu derrière soi, ce corps, parfois lourd. C'est ce que je me dis en toute intimité avec mon esprit.
Suzanne : Si je ne sentais pas et lisais pas des personnes qui apprécient, peut-être garderais-je tout pour moi. Et j'en serais mortifiée. :-D
Éléonore : Si je te donne le goût de lire des écrivains québécois, eh bien tu me projettes au septième ciel. Tu me fais vraiment très plaisir :-)
ClaudeL : Oui, j'avoue avoir rajouté de mon cru. Par exemple, j'ai pris des propos de Kim Thùy entendus à l'émission "Prendre un train pour la vie" et je les ai transposés à ce Café. Parce que son attitude devant la vie m'a beaucoup frappée.
Et le manque de livres sur les tables ? Je trouve vraiment mais alors là, vraiment dommage. Ça me désole beaucoup.
Venise, ne sois pas désolée pour des choses qui sont hors de ton contrôle.
Entendons-nous, Claudel, que ça me désole pour les auteurs. Ils ont tant besoin de leur 10% de ristourne.
Publier un commentaire