Je ne peux pas croire que j’y suis. Enfin. À ce moment magique parce qu’inespéré. Si je devais identifier une rencontre inespérée pour moi, aux Correspondances, ce serait celle-là, parce que je n’avais pas du tout prévu voir le tangible d'une amitié entre deux écrivains, deux continents. Il y a de ces offrandes adressées à la tête mais celle-là l'était, au cœur. Je veux dire par là qu'ils n’ont pas proféré des vérités à réfléchir longuement, c'est leur complicité, offerte, comme si nous étions des amis qui m'a séduite. D’ailleurs Alain Mabanckou se targuait bien que tout ce qui se passait là sous nos yeux resterait entre nous, les Correspondances d’Eastman étant encore un événement à hauteur d’homme.
Ils nous ont raconté l’histoire de leur amitié. L’origine se situe en 1999 à un salon du livre (où ? en France, je crois) où leurs kiosques se côtoyaient. A.M. sortait un premier livre, de la poésie, et les personnes déambulaient devant lui, sans même y jeter un coup d’œil, et Dany Laferrière l’entendait persifler « Ce sont tous mes futurs lecteurs, ils ne le savent pas c'est tout ... et le plus drôle est qu’il avait raison ! Ce qui a frappé A.M. est la simplicité sans prétention de D.L., qui l’a pris en considération, le traitant comme s’il était déjà un écrivain en pleine gloire. La sympathie s’est prolongée par un échange épistolier, puisque n’habitant pas le même pays. C’est A.M. qui l’aurait amorcé et toujours Dany Laferrière de lui répliquer par de longues lettres bien senties. Un échange chargé d’humour et de réflexion, on ose bien l’imaginer. D’ailleurs, tout probable qu’un jour nous n’aurons plus à l’imaginer, nous la lirons, cette correspondance. Ils ne demandent que cela, la publier. Une question à régler avec leurs éditeurs mais pour eux, assurément, un prétexte en or de se rejoindre dans un même lieu et passer de bons moments ensemble.
Quand, mais quand commence-t-on à nommer « amitié » une relation épistolaire rajoutée au plaisir de se croiser quand la circonstance, rare, s’y prête ? D.L. a avoué que A.M. a certainement pris une longueur d’avance mais qu’un jour, il a bien dû se rendre à l’évidence, le mot « amitié » collait à leur relation. Dany a parlé de Alain M. comme étant un ami loyal et entreprenant, prenant les devants. Il ne manque pas une occasion de parler de lui dans son blogue, et même s'il le faut, il prend sa défense. Une anecdote a été relevée à ce sujet, mon souvenir est trop vague pour vous la relater. Désormais, ils se suivent de près - par la correspondance, pas physiquement! - et à ce titre, quand A.M. a lu le manuscrit « L’énigme du retour », il fut un des premiers (sinon le premier !) à dire que ce le livre en était un à part, pleinement abouti et que, dans ce sens, il comprenait tous les autres.
J’ai trouvé si tendre leur fraternité affectueuse frappée de sourires, de sous-entendus, de blagues, de taquineries, de souvenirs et, bien sûr, d’anecdotes. Parce que pour les anecdotes, vous imaginez bien qu’ils ne donnent pas leur place ! Ils nous en ont racontées, et plusieurs. On le sait, Dany Laferrière n’a pas besoin d’être grandement stimulé pour avoir de l’esprit, la répartie intelligente lui étant assez naturelle, imaginez en compagnie d’un complice ricaneur, d’une intelligence fine et généreuse ! Pour qui s’ouvre à l’invisible, devant nous, se vivait une détente provoquant ce genre d’abandon pas si courant devant une assistance. Pour vous dire bien franchement, et avec tout le respect que je dois à l’expertise de l’animatrice (Danièle Bombardier), je ne me souviens d’aucune de ses interventions. Ils se sont pour ainsi dire animés seuls. Elle a assumé une discrète présence et c’était, à mes yeux, le comportement intelligent à adopter que de les laisser se donner la réplique.
Je ne peux terminer sans parler d’une tierce personne, Ghila Sroka présente dans l’assistance. Dany L. l’a déclarée sa grande amie, rendant hommage à son action sociale acharnée, et cela même si une grande emmerdeuse notoire (sic). Avec un dynamisme de bon aloi, elle nous a distribué à chacun une invitation pour le lancement du livre « Conversations avec Dany Laferrière » - interviews menés par Ghila Sroka
Ce dernier Café a eu, pour moi, une saveur crémeuse et bien sucrée, à laisser dissoudre longuement sur les papilles de ma mémoire.
4 commentaires:
Que ces choses-là sont bien décrites.
À regarder, la première photo.
Alors-là: je suis carrément jalouse! :)
Ce qui me frappe à te lire, c'est surtout à quel point tous ces gens qui écrivent sont vivants, vivants. C'est comme si les mots qu'ils donnent servaient de déversoir au trop-plein de leur sève.
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