Ce roman, c’est l'auteur lui-même qui m’a donné le goût de le lire. J’avais retenu de sa présentation aux Correspondances d'Eastman qu’on y parlait des amours de l’enfance aussi intenses que celles à l’âge adulte. C’était peu dire. Plus intenses que ça, tu meurs !
Les jérémiades, dans le sens propre du mot (plaintes sans fin qui importunent) de Jérémie 9 ans en est la forme mais le fond, lui, cerne le sentiment amoureux, l’ultime, celui dans lequel on se fond et se perd dans l’autre à force de vouloir lui plaire. Comment expliquer à un enfant la maturité pour rester soi-même devant le regard gourmand d’un ado, roux par-dessus le marché ? Et les parents là-dedans, peuvent-ils le conseiller ? Bien sûr que non, tout de même pas assez fou pour se montrer au grand jour, le petit Jérémie. De jouer avec l’interdit, d’avoir à mentir et faire semblant, lui retire peu à peu de son innocence.
Ce roman va très loin, repousse les préjugés et les conventions comme des broussailles encombrants un sentier fait pour avancer vers l’avant. Un pré-requis absolu pour le recevoir de cœur à cœur ; l’ouverture. Beaucoup, beaucoup d’ouverture pour accepter qu’éprouver l’amour à cet âge, ça fait grandir vite, trop vite. Si on s’attend que des enfants, ça ne fait que jouer et aimer les bonbons, si on n’arrive pas à se débarrasser d’une morale conventionnelle, on risque d’être choqué des propos tenus ici.
J’ai moi-même marché sur la corde tendue de mes principes me demandant parfois si j’allais basculer dans l’indignation du « ça se fait pas ». Les lois du fictif me ramenait à l’ordre ; Simon Boulerice est justement un romancier à l’état pur, il magnifie, se laisse emporter par l’exagération, s’abandonne à l’outrancier, ne se censure pas. Si on se laisse décoller, chevauchant la grandeur des émotions dépassant les personnages, tant mieux. Sinon, eh bien, on reste par terre en risquant de passer son temps à rouspéter !
J’ai aimé que les personnages ne s’appartiennent plus - surtout Jérémie ! - ça m’a fait réaliser que ce n’est plus si courant finalement. C’est une force cette capacité de s’abandonner à ses personnages et, à mon avis, ça va mener loin cet auteur, en même temps que son style déluré au rythme presque dansant. Les dialogues sonnent sans jamais une fausse note.
À voir la fin et son extravagance m’a rappelé que ce créateur est un homme qui aime le théâtre et ses envers du décor.
J'ai aimé ce roman pour sa qualité et aussi, pour l'exercice qu'il m'a forcé à accomplir : me dépasser comme lectrice.
19 commentaires:
Là, je grille de curiosité !!
Ha! Je suis content que tu ais aimé. :-)
Quand je l'ai vu et entendu l'été dernier, je savais que je ne lirais pas son livre. Pas prête du tout. Un fond de conformisme, d'anglo-saxon ou de judéo-chrétien, peu importe... je résiste. Je sais c'est pas beau, c'est pas bien, je devrais être ouverte à tous les possibles, mais pas le goût de faire un effort.
Je t'admire d'avoir osé.
Je suis parfaitement d'accord avec toi. Je ne pouvais pas y croire (j'ai quand même sous les yeux un garçon de 12 ans et ses amis qui sont aux antipodes du personnage)... Mais je ne pouvais pas lâcher ce livre, cet auteur si particulier et cette histoire quand même très touchante. Comme tu dis, l'auteur a aussi très bien fait comprendre sa démarche lors d'un très sympathique entretien avec Francine Ruel.
J'espère que le dernier commentaire n'est pas une malédiction.
Ah ben là, tu as définitivement éveillé ma curiosité. Vraiment vraiment.
Ca m'intrigue, comme description, j'aimerais, j'aimerais pas, je ne le saurai probablement jamais, mais j'ai admiré le travail de Venise.
Je n'ai pas répondu à chacun de vous mais je réalise que des commentaires ressort nettement que vous êtes intrigués.
Eh bien, j'ai même pas fait exprès, c'est intriguant, car pas mal unique.
Merci Amical Support ! J'apprécie tes commentaires, ils me font toujours très plaisir.
J'aime bien votre nouvelle photo. Au fait, il me semble que vous avez fait de la figuration dans Tout sur moi, n'est-ce pas ? Savez-vous quand quel épisode ?
Bonjour Réjean !
Oui, Marc a vraiment bien réussi ma photo, j'en suis satisfaite. Elle a été prise cette semaine sur notre balcon.
Malheureusement, je ne sais pas la date précise de la diffusion de cet épisode de Tout sur moi. Il faut surveiller le moment où une gang de commères sont dans la ruelle, ça va ressembler à un genre de party avec les chaises de jardin disposés sur le bitume, la limonade, les chips et tout, et la surprise est qu'ils attendent les éboueurs pour ainsi pouvoir se rincer l'oeil (et les siffler !) puisqu'ils sont torses nus. Je ne pense pas que vous allez manquer la scène !
Je suis très contente de vous savoir là, Réjean :-)
En tout cas, je vais appuyer sur Pause pour mieux vous voir.
N'oubliez pas Réjean que je ne serai pas en "moi-même", j'habiterai un personnage ! Me souviens tellement plus comment j'étais accoutrée.
Je saurai bien vous reconnaître sous la peau de votre personnage.
Je regarde tout le temps Tout sur moi, je vais avoir une raison de plus de le regarder cette fois-là. Regarder ce que j'ai écrit sur la page Macha Limonchik (il y a la page Macha Limonchik et Macha Limonchik tout court) sur Facebook. On y voit combien j'ai à coeur la suite de cette série. Macha a bien apprécié ce que j'y ai mis.
Oui, mais n'oublie pas Amical Support que tu ne sauras pas Tout sur moi en regardant cette émission ...
Pour ceux qui sont à l'écoute, pas loin de leur téléviseur, dans 15 minutes à 17 h 00, c'est Marsi qui passe à l'émission Pyramide (13 octobre).
Initiation sexuelle, harcèlement et liaison fatale sont, semble-t-il, les thèmes récurrents de cet auteur au roman comme à la scène. Projection de ses propres fantasmes et obsessions, pourrait-on penser ? Toujours est-il que la théâtralité est omniprésente dans cet ouvrage, comme pour célébrer l’imaginaire de cette nature outrancièrement compulsive et disjonctée, qui ne saurait plus distinguer le réel de ses nombreux et fastueux jeux de rôles.
Simon Boulerice manie bien la plume, mais je me suis vite lassée des introspections puériles de cet histrion en culottes courtes. Bien sûr, on se dit qu’il pourrait difficilement en être autrement puisque l’enfant n’a que 9 ans, mais le ton n’a justement rien de candide ni d’innocent. Servies sur un mode satirique, les remarques sont entrelacées d’envolées mélodramatiques se complaisant dans le simulacre, le maniérisme et les sentiments exacerbés. Tant et si bien que touche-pipi et pleurnicheries n’ont bientôt plus de communes mesures avec l’acharnement de cette teigne qui s’incruste en mâchant sa gomme Trident, sans le secours du moindre petit bâton de Revello...
Danielle : On peut presque dire qu'il t'a tapé sur les nerfs, si je comprends bien !
Mais j'imagine qu'en grande lectrice que tu es, tu serais curieuse de lire un nouveau titre de cet auteur, ne serait-ce que pour son style. Parce que un style, il a !
Sans doute. Je trouverais particulièrement intéressant de le lire dans la mesure où il délaisserait ses sujets fétiches qui le confinent dans une zone de confort et qu’il consentirait à se livrer un peu plus, au lieu de se cacher derrière la dérision et les propos futiles. Parce qu’effectivement, il a un style. Faut dire pour sa défense que si j’avais lu quelque chose de plus ludique juste avant, j’aurais probablement été moins sévère. Mais je terminais tout juste Enthéos de Julie Gravel Richard qui à mes yeux, est particulièrement porteur et signifiant. La superficialité de celui-ci faisait cruellement contraste…
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