Le Café littéraire le plus joyeux de ces quatre jours ! Josée Blanchette n’est pas à la hauteur de ses palpitantes chroniques, elle les dépasse ! Ses invités y étaient pour quelque chose bien sûr : LACROIX (Père Benoit), LAVOIE (Marie-Renée), LECLERC (Rachel). Il y avait des L (ailes) en ce samedi 6 août où l’assistance a volé jusque dans un ciel bleu sans nuage.
Une blague n’attendait pas l’autre, et des assez coquines. Les allusions à la « chose » planaient et le père Benoit Lacroix ne faisait pas que s’en amuser, il en rajoutait. Quel homme généreux ! C’est la première fois que je vois un invité s’investir à ce point dans la promotion des romans de ses pairs. Cet homme, avec une quarantaine d’écrits à son actif a vanté les livres de ses compagnes, prenant soin qu’une ne soit pas oubliée au profit de l’autre. À certaines questions de l’animatrice, il dirigeait le micro, indiquant que Marie-Renée L. ou Rachel L. serait la mieux placée pour répondre. Il a même été jusqu’à dire que de ne pas lire ces romans équivaudrait à se mettre en état de péché mortel ! J’ai vu des spectatrices les yeux pleins d’eau à force de rire.
L’automne de la vie, allusion à cet inexorable temps qui passe aurait pourtant pu appeler la morosité. Mais que non ! Toute la causerie s’est déroulée dans un genre d’euphorie. Dès le départ, le ton a été donné par Josée Blanchette qui n’a pas ménagé le père dominicain de 95 ans ; « Vous, vous êtes plutôt en hiver qu’en automne, et même en hiver sous zéro ! Et lui de répliquer du tac au tac. « Eh oui, avec mes cheveux de neige ! ». On a vite compris que nous avions affaire à deux complices.
Nous avons aussi compris que Marie-Renée Lavoie avait réfléchi sur les antipodes de vie avec son roman « La Petite et le Vieux ». À la lumière de ses personnages masculins, le père dans la trentaine, vieux à vouloir se noyer dans l’alcool et Roger, dit le Vieux, buvant, riant, faisant du bruit, jeune de cœur. Avec lui, la Petite développera un lien tendre de l’intérieur et croustillant de l’extérieur. Ce qui fait dire à l’auteure que l'automne de la vie n'est pas tant une question d'âge qu’une question de capacité au bonheur.
Pour Père Lacroix, la définition de la vieillesse pour les jeunes, c’est de ne pas monter dans le train technologique. Cette technologie omniprésente entre les personnes (écrans) va à l’encontre de son besoin d’aimer dans la lenteur. La notion de recommencement n’existe pas pour cet homme qui voit la vie comme des saisons, qui vont et viennent, toujours liées l’une à l’autre dans une continuité se tenant loin de la fatalité. Après la mort, la vie, après la vie, la mort.
Rachel Leclerc, (photo ci-dessous) femme discrète, est le genre d’écrivain que l’on imagine plus à l’aise dans ses chambres intérieures que devant une centaine de paires d’yeux. Elle nous a parlé de son dernier roman, où lui est venue cette idée de plonger pour déterrer ses racines familiales. Quand je dis « où », je serai précise, dans une résidence d’écrivain, en 2007. Elle a reculé dans le temps, jusqu’à ses ancêtres, jusqu’à Joseph Joachim Leclerc, figure mythique. En Gaspésie, où elle est née (elle vit à Montréal depuis 30 ans), la filiation est au cœur des relations entre les gens « Tu es une petite qui, toi ? ». On ne sait plus à quel pays on appartient, ni à quel parti, il reste de savoir à quelle famille. Elle est descendue cinq générations en arrière, remontant avec patience jusqu'à aujourd'hui, traversant des dédales tragiques pour nous donner La patience des fantômes. Je comprends mieux maintenant la quatrième de couverture de ce roman mystérieux " ... nous propose une lumineuse méditation sur la tragédie qui se cache au milieu de toute vie. Pouvons-nous nous libérer du passé sans renoncer à notre héritage ?"
Le Père Lacroix a mis l’emphase sur le quotidien qui serait la vraie vie, ne pas la chercher trop loin de soi. Et bien sûr, en ce sens, il place bien en vue la famille. Marie-Renée Lavoie, pour sa part, a recréé un village dans son quartier de Rosemont et ses préoccupations tournent autour de la famille élargie jusqu'au quartier qu'on habite.
Mes impressions :
Ce Café littéraire aurait pu tout aussi bien s'appeler "La place de la famille dans notre société littéraire". Sans tambour ni trompette, le thème a glissé vers cette valeur fondamentale, la famille. C'était leur point rassembleur et il a été joyeusement exploité par Josée Blanchette, venue chercher mon admiration pour ses dons d'animation.
4 commentaires:
Coucou Venise!!
Très bien, ton mot, mais je crois y avoir décelé une coquille : n'aurais-tu pas inversé les saisons, quand tu rapportes la blague de Josée Blanchette sur l'âge du vénérable Père? Il me semble que ce serait plus drôle (et logique!) si elle avait dit : «Il me semble que vous, vous êtes plus à l'hiver qu'à l'automne de votre vie?!»... Ça justifierait aussi mieux sa réflexion sur la blancheur de ses cheveux!?! ;-)
PG Luneau ... Je ris encore de mon inversion !
Excellent point pour vous, mon cher Watson !
Que de belles rencontres. Un plaisir de te lire gentille dame.
ah, quelle frustration ! ils m'ont tous donné envie d'y être, mais que celui-ci m'aurait plu ! "la Petite et le Vieux" est un merveilleux livre, je sais à qui l'offrir - je sais quelqu'un qui l'appréciera en diable ! j'aurais bien aimé entendre son auteure, et écouter tout ce qui s'est échangé dans ce café là.
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