
Seize polars, seize auteurs. Ceux que je connaissais de nom : Sylvain Meunier, Geneviève Lefebvre, Johanne Seymour, André Jacques, Patrick Sénécal, Robert Soulières, Chrystine Brouillet, Jacques Côté, Camille Bouchard. Les moins connus de moi mais peut-être pas de vous : Mario Bolduc, Benoit Bouthillette, Ariane Gélinas, Martine Latulippe, Florence Meney.
Un recueil de nouvelles, c’est un peu comme un disque, tu aimes rarement toutes les tunes, mais il y a une ambiance dégagé par l'ensemble qui fait qu’on apprécie ou pas. Le défi lancé par Richard Migneault qu’il se passe au moins un crime dans une librairie donne l’air d’ensemble, et fait remarquable, chacun joue différemment.
On y découvre des styles finement humoristiques, celui de Robert Soulières en est avec Un cadavre au crépuscule. Camille Bouchard s’amuse et m’a amusé avec « Rouge tranchant » et finalement, Sylvain Meunier, dont j’ai adoré la savoureuse nouvelle « L’homme qui détestait les livres ». Elle fait d’ailleurs partie de mon palmarès « à souffle coupé ». Parmi les valeurs sûres, Patrick Sénécal. J’aurais aimé être originale et ne pas m’exclamer mais son Public cible, première en lice m'a envoûtée. Geneviève Lefebvre ferme le recueil et m’a également entrainée dans son mystérieux sillage. Quel aplomb dans leur manière de raconter ces deux-là ! Le souffle court ne semble pas beaucoup convenir à Martin Michaud qui, avec Une longue vie tranquille s’en sort bien, sans plus.
Le concept de l'initiateur, Richard Migneault, auteur du blog noir et blanc, de donner une contrainte s'avère une excellente idée car elle nous convainc à quel point les imaginaires des auteurs de polar sont débridés car, croyez-le ou non, il n’y en a pas une qui se ressemble ! Chacun des auteurs a su exploiter le lieu, et le milieu, et certains l’ont fait plus que d’autres. Je pense à Jacques Côté qui a pondu une satire des librairies à vocation fourre-tout, le titre mets sur la piste « Jungle Jungle ». Certaines sont douces et sentimentales, comme 233°C de Johanne Seymour, d’autres sanguinaires, je vise ici « Demi-deuil » signée Ariane Gélinas. Elle est si frappante qu’elle me reste collée à la peau du souvenir. Très fort. André Jacques nous présente une nouvelle noire, Perinde ac cadaver, froide et racée, de son plus pur style qui ne laisse aucun détail au hasard. Je ne parle même plus de nouvelle pour Florence Meney, son texte « Dernier chapitre au Bookpalace » est assez complexe et assez long pour être traité de mini histoire. « Mon combat » de Mario Bolduc punche avec sa fin retentissante, de celle qu’on ne voit pas venir. Le libraire et l’enfant de Martine Latulippe également. Elle manie habilement l’art de la nouvelle par le côté bref, intense avec un rebondissement qui jette à terre. Le palmarès de Richard Ste-Marie se présente comme une nouvelle qui ménage son assassin, peut-être la moins originale à mon avis pour son « déjà lu ». Je l’ai tout de même lue avec intérêt, ce qui ne fut pas le cas pour « Le psaume du psoque » de Benoit Bouthillette que j'ai abandonnée.
Si vous ne connaissez pas ces auteurs, c’est le moment ou jamais de faire connaissance avec ce tout-inclus. En plus des 16 histoires, vous jouirez d’une fiche de parcours rédigée par le maître d’œuvre, Richard Migneault. Nous y découvrons son regard posé sur chacun d’eux, j’ai beaucoup apprécié.
Il y en a pour tous les goûts, on plonge dans cette mer imaginative emportant un pince-nez, un casque de bain, une bouée et même un radeau, car du tumulte il y en a. Et n'est-ce pas ce que l'on cherche en lisant du polar ?!