Cette auteure a une écriture délicate que j’aime. J’étais donc heureuse de recevoir son dernier opus, un peu comme une surprise. Je n’aurais jamais misé sur le fait qu’elle aborde de front sa relation avec sa jumelle maintenant décédée depuis cinq ans. Pourquoi ? Peut-être parce que je ne les ai jamais abordées comme des jumelles. J’ai toujours eu un espèce de sursaut quand on me le rappelait.
Perdre sa sœur est une chose, perdre sa jumelle en est une autre, ce que Louise Portal m’a bien fait comprendre dans « Pauline et moi ». Les mots du titre sont pesés « Pauline et moi ». Je vous dirais que le personnage vedette est assurément Pauline. Cet être était complexe et troublé et possiblement encore plus parce que Louise Portal récoltait un franc succès dans le monde des arts. Louise Portal joue plusieurs cordes à son arc et dégage une beauté et une sérénité enviables. Pauline, plus tumultueuse, avait décidé de faire partie du même milieu et éprouvait des problèmes d’excès qui la menaient, par exemple, à des prises de décisions impulsives et, entre autres, un poids yoyo.
C’est un peu de tout ça qu’il est question, mais plus encore. Cette relation nous est montrée de l’intérieur, et on passe de la vie à la mort. Comment Louise Portal a vécu cette relation. qui ne pouvait être que tortueuse, tout en conservant sa précieuse sérénité ? C'est la grosse question. J’irais encore plus loin, le thème est à mes yeux : savoir poser ses limites. La question vaut pour toutes les relations, mais quoi de mieux qu’une relation entre jumelles pour la mettre en scène ? Laisser l’autre nous envahir est facile, placer des limites tout en l’aimant et le respectant, c’est une affaire délicate et d’autres fois de gestes et de paroles arrache-cœur.
Louise Portal a dû passer pour la « pas fine » à certains moments, ce qui me touche personnellement. J’ai connu de près des personnes qui ont dues endosser cette épithète seulement parce qu’elles demandaient le respect de leur limite.
On y aborde également la relation avec leur père et à un certain moment intervient le mari de Louise Portal. Les hommes restent cependant en arrière-plan de cette relation.
Par ce récit empreint des mots spirituels de Louise Portal, vous apprendrez beaucoup sur Pauline et vous serez captivé par ce caractère déchiré qui a mal, et qui se fera du mal. Ce récit résonne comme une prière, un hommage également, pour toutes les archives et les lettres non envoyées à celle qui a quitté avant l’autre. D’une manière ou d’une autre, c’est touchant car vibrant de vérité.
J’ai lu ce récit en convalescence, je n’étais pas à cent pour cent de ma forme et j’ai pourtant dansé sur les mots. Le sujet est transcendé par l’auteure, ce qui aide à y voir plus clair. Transcender un sujet ne veut pas dire s’en tenir loin et devenir froid. L'émotion est palpable et elle vous ramène à vos propres émotions.
Pauline et moi aborde un sujet universel sur le mode intime avec beaucoup de doigté.
1 commentaire:
En voilà encore un qui m'interpelle. Qui doit être très intéressant et amener à pas mal de réflexion.
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