La Vie, la vie : Qui n'a pas été charmé par ce télé-roman nouveau genre ? L'attachement aux personnages dans la trentaine a été instantané et durable. Stéphane Bourguignon a oeuvré une dizaine d'années dans l'humour comme auteur (qui le savait ?), maintenant il touche à l'écriture télévisuelle autant que, osons le mot, livresque.
Je termine son quatrième roman « Sonde ton coeur, Laurie Rivers » et avant de vous donner mes impressions, je donne la parole à Bourguignon :
« Je me suis posé bien des questions sur Bush qui, parfois, agit comme quelqu’un qui voudrait réparer les erreurs de son père à la Maison-Blanche ... C'est avec toutes ces interrogations en tête que j'ai construit ce livre ... »
« En un sens, ma méthode pouvait s'apparenter à celle du journaliste, à cause de la documentation, de la recherche et de la collecte de données factuelles ... »
« Mon livre parle beaucoup de corps, de notre manière de l'habiter et c'est là une préoccupation plus féminine que masculine ».
Si je tenais à ce qu'il parle avant moi, c'est pour la considération que ces affirmations révèlent beaucoup sur les ratés du roman. Avec moi en tout cas, c'est une rencontre ratée avec le personnage principal, l'enseignante dans une communauté rurale de l'Idaho, Laurie Rivers. Malgré mes efforts, je ne suis pas arrivé à la sentir, à la palper comme un être de chair et d'os, elle est restée de papier durant 184 pages. C'est long. Heureusement, j'ai un peu mieux senti les personnages secondaires et tout compte fait, pas si secondaires : Alice, l'obèse et Karen, le Mormon. Comme la deuxième partie du livre leur accorde une place importante, l'intérêt du roman monte d'un cran. À la toute fin, inévitablement, la sellette est remise au personnage principal et même si, tout à coup, l'auteur nous sert un enchevêtrement torturé de ses racines, (enfance, relation mère/fille), l'information arrive trop tard et d'une manière abrupte delà, un côté artificiel faisant en sorte que le sort de Laurie Rivers continue de nous indifférer*.
*je dis « nous » car mon mari a éprouvé le même sentiment.
Pour la lectrice que je suis, c'est une expérience désolante mais pas catastrophique. J'ai vraiment connu pire comme déception. L'écrivaine en devenir, elle, retire une précieuse leçon : Il est risqué de vouloir à tout prix passer un « message » dans un roman. Je pense que Bourguignon est un auteur qui ne manque pas de talent mais qui a été obnubilé par son désir d'aborder la mission qui peut corrompre le « missionnaire ». Si vous lisez l'intégral de l'entrevue avec Stanley Péan, l'auteur confie sa réflexion sur la mission que certaines personnes se donnent, se réfèrant particulièrement à Bush. Est-ce que la mission pourrait dépasser l'Homme ?
La situation en Irak répond très bien à cette question. Mais la manière métaphorique de Bourguignon nous embrouille plus qu'elle nous éclaire. On n'arrive pas à croire que l'enseignante voulant sauver une élève en la soulageant du poids de sa vie (celui qu'elle porte sur son corps et celui de l'emprise de sa mère) s'est trompée. À se concentrer sur son message, l'écrivain a négligé ses personnages et il nous a prouvé que cela ne pardonne pas. Si on ne croit pas à la « réalité » du missionnaire, sa mission nous passera dix pieds par-dessus la tête !
D'où l'importance de lire une grande variété de romans puisque les failles nous en apprennent autant que les trouvailles. C'est ça « La Vie, la Vie » !
3 commentaires:
Quelqu'un sait-il si ce roman a été traduit en anglais ? Merci !
Moi, j'ai adoré La vie, la vie. Et mon Amoureux m'avait offert les deux premiers romans de Bourguignon, en se disant que je les aimerais...
Erreur. Je trouve que Bourguignon, s'il a d'excellentes idées pour des séries télé, manque de ce "quelque chose" qui fait un bon romancier.
L'avaleur de sable et Le principe du geyser ont été, l'un comme l'autre, des déceptions.
Line,
J'ai posé la question à Québec-Amérique, voyons voir s'ils vont nous répondre.
Danaée,
Je suis assez d'accord avec toi.
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