Je vais tenter de vous exposer le comment et le pourquoi j'ai aimé le fameux (cliquez ici pour comprendre le fameux) recueil de nouvelles « Mises à Mort » de cette nouvelliste toute en sarcasme, Suzanne Myre. Je le termine et ne veut en aucun cas vous induire en erreur en vous disant, j'ai aimé, point. Oui, j'ai beaucoup aimé mais je créerais des attentes et vous seriez peut-être déçus. Je ne veux surtout pas tuer la nouvelle dans l'oeuf, le genre « nouvelle » est déjà suffisamment précaire, se vendant et se défendant plus difficilement que l'histoire en une seule bouchée. Ce sont les statistiques qui le clament, pas moi.
Je vous amène à cette auteur par deux chemins, le premier étant le titre de ses nouvelles qui en disent déjà beaucoup : Vile ville – Cadeau d'anniversaire – Câlin manqué – Cellules en l'air - Cendres amères – Ne vous endormez pas ! - Félix et le chat – Il l'aime tant – Point de salut – Dans la boîte – La mort d'un dogue – Marie, à mort – Mona se terre (sonne comme monastère et justement Mona se terre dans un monastère !). Buvez maintenant des extraits du concentré de son humour sarcastique :
Cueillir maman dans une boîte ne me semble pas plus triste que ces autres fois où je devais la cueillir sur son balcon, immobile au centre de ses boîtes de pétunias, pour l'emmener à ses rendez-vous médicaux.
Le menton-en-galoche pourrait la conseiller, il a la gueule cinéphile-total. Il s'amène sans perdre une seconde, le menton par-devant tel un gouvernail.
En attendant mon tour pour me faire extraire une dent de sagesse incluse qui constituait une menace tragique pour la rectitude des autres dents sagement enlignées, selon les dires de mon expert-dentiste-chalet-trois-étages-dans-les-laurentides-trois voitures-trois maîtresses ... Il me fallait calmer ce sentiment d'angoisse qui m'étreignait les pourtours du coeur à la pensée que dans quelques instants, un trou béant dans ma bouche s'ajouterait au vide plat de mon existence.
J'ai gaspillé de nombreuses heures indolentes à me bercer. Quand je pense à tout ce que j'aurais pu faire en même temps, de la broderie, des téléphones roses, lire une encyclopédie, produire un chef-d'oeuvre de tricot, écrire une mini-série télévisée ...
Mon coeur était blessé et je ne faisais pas confiance au temps pour le guérir.
Je n'arrivais pas à pleurer, je n'étais pas normale, il me fallait une psychanalyse de dix ans, un lavage de cerveau, des électrochocs, des bombes lacrymogènes ou du poivre de cayenne, un défrichage en profondeur pour déterrer les mauvaises herbes de mon coeur.
J'ai tenu à enfiler mes longs gants blancs d'autant plus qu'aujourd'hui même, j'ai trouvé un rédacteur de blogue énonçant avec honnêteté un « j'arrête de lire (des nouvelles justement) à la page 58 ; ça m'ennuie trop. Une personne lui a laissé le commentaire qu'elle s'apprêtait justement à le lire mais que ça la décourageait, le bloggeur a répliqué « Mais, toi, tu vas aimer ça ! ». Vraisemblablement, il connaissait la visiteuse pour avancer une telle allégation. Et comme je ne vous connais pas tous, eh bien, je suis prudente. Et avec des Mises à mort, on ne l'est jamais trop !
Mises à Mort - Suzanne Myre, Recueil de nouvelles - Marchand de feuilles, 179 p.
2 commentaires:
J'ai tout lu de Suzanne Myre. On ne se lasse jamais de la lire...
Anonyme : Vous faites bien de me remémorer que je veux absolument RElire Suzanne Myre. J'ai beaucoup aimé et encore plus maintenant que je peux mieux comparer, ayant lu pas mal de nouvelles depuis. Elle est fameuse, il y a pas à dire et vous l'avez dit !
Revenez monsieur Anonyme.
J'y pense ... pourquoi je pense que vous êtes un homme ?!
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