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samedi 15 mars 2008

Plus de poussière que de parfum

Eh oui ! Déjà le 15 du mois. Parfum de poussière de Rawi Hage, un roman étoffé, je comprends l'engouement général, malgré la dureté (mais l'actualité) du sujet. J'ai très hâte d'entendre mes comparses, ont-ils aimé et jusqu'à quel point ? Suspense pour moi, car mon 15 se passera loin de tout ordinateur.

Allez-y lire ... allez, pour moi, JUSTE ICI !

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Roman consistant que cette immersion dans le quotidien de la guerre par la voix de Bassam qui a grandi près des tirs : « J’ai vu mes petites mains poursuivre les douilles vides encore chaudes et les recueillir dans ma chemise relevée … ».

Bassam voit et décrit sa vie avec Georges, son ami qu’il considère comme son frère, sa mère, son entourage avec un regard déjà ailleurs peut-être parce qu’il refuse toute forme de peur. Lors des bombardements, il ne se terre pas dans les caves, il se veut libre et contrairement à Georges, aussi appelé De Niro (De Niro’s Game, titre du roman avant la traduction), il n’adhère à aucun parti, aucune cause, mais pas au point de ne pas profiter de la situation en commettant vols, larcins et autre méfaits.

Le style s’apparente au ton du personnage, détaché, à la limite de l’indifférence avec, parfois et n’importe quand, une manière de se laisser entraîner par des images fantaisistes. Un peu comme une respiration prise à même l’imaginaire. Mais, sinon, Bassam vit en retrait de ce qui lui arrive, comme ce jour où il est capturé et violemment projeté sur du ciment : « Quand j’ai touché la surface dure et raboteuse du béton (…), je me suis dit que celui qui avait coulé cette dalle avait fait du mauvais boulot ; le plancher n’était même pas au niveau (…).

Il y a évidemment beaucoup de violence et à un certain moment, arrivant à me sortir un peu de l’hypnotisme de ces scènes dures, j’ai réalisé que l’auteur avait tendance à placer son héros en victime. Accusé faussement à plusieurs reprises, il n’y a pas que la malchance de la guerre, il y a la sienne propre aussi.

Bassam est accroché à une seule chose, sa survie physique et psychologique en dépend ; un revolver. C’est son talon d’Achille et cela lui a conféré un peu d’humanité à mes yeux. Les personnages indifférents sont plus difficiles à cerner, à aimer aussi, et c’est par cette relation intime avec son arme que j’ai appris à le connaître un peu.

Cette histoire chargée, portée par un suspense fort et un style puissant et inspiré, nous oblige à soutenir le regard sur les visions d’horreur de la guerre.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Ce livre m'a empêchée de dormir (et m'a par la suite plongée dans Janet Evanovich pour changer les idées, c'est tout dire!!!!) mais je suis quand même contente de l'avoir lu... Ca fesse... Ceci dit, je préfère nettement le titre en anglais... beaucoup plus évocateur!

Anonyme a dit...

Ta critique me donne très très envie de le lire. Je vais de ce pas aller lire l'avis des autres. Merci!

Anonyme a dit...

Croyez-vous que ce roman va gagner le prix des libraires ?

Venise a dit...

@ Karine. J'ai trouvé ce livre dur. Comme je le lisais avant de me coucher, ça ne faisait pas des rêves à l'eau de rose !
@ Frisette : J'ai lu sur le site "La Recrue" que tu étais toujours, malgré des opinions assez partagées, emballée pour te procurer ce roman. Ça fait plaisir de voir combien les personnes arrivent à se situer, eux, face à un livre.
@ Réjean, Je viens juste de terminer "Un taxi la nuit" (un billet demain) le dernier qu'il me restait à lire pour compléter les 5 en dernière sélection du Prix du Libraire.
Oui, Réjean, je pense que cela va être Parfum de poussière, particulièrement parce que c'est un livre d'actualité. C'est pesant comme argument dans un Concours, à ce qu'il me semble. Cependant, si j'étais une libraire et que je voterais, je donnerai la palme au "Les Carnets de Douglas" de Christine Eddie.

Mes certitudes : ce ne sera pas "Un taxi la nuit", de Pierre-Léon Lalonde ni Coco, Léon et Mulligan de Christian Mistral.
Autre certitude - pas difficile celle-là ; Le gagnant va être des Éditions Alto !

Ma zone grise (ni sûre, ni pas sûre) : Tarquimpol de Serge Lamothe.

Anonyme a dit...

Chère Venise, je dois m'incliner devant vos lumières et vous avouer que je partage votre point de vue pour le prix des libraires. Je crois que Hage va l'emporter pour les raisons que vous évoquez. Mais moi aussi j'ai bien aimé le Eddie ainsi que le Lamothe, l'un des deux pourrait causer une surprise, ce qui me réjouirait car j'aimerais que ce soit une oeuvre qui n'a pas été aussi médiatisée que Hage qui gagne, mais il faudra attendre au printemps pour le savoir. Ce serait bien si les autres blogueurs pouvaient se prononcer. L'appel est lancé.

Anonyme a dit...
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