Faites comme chez vous

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c'est recevant !

mercredi 14 janvier 2009

L'entrevue avec Venise : quel beau voyage !

Vous rappelez-vous, une étudiante en rédaction en communication est venue m’interviewer chez moi ? J’ai reçu le résultat voici quelques jours et le titre ci-dessus est celui du travail. Pouvez-vous imaginer que j’y ai retouché pour le rendre un peu plus concis ? Allez, si ça vous intéresse ! * Illustration dans son contexte

Introduction
Dans cet univers parfois sombre appelé Internet, nous avons réussi à trouver une puissante lumière. Il s’agit de Venise Landry, comédienne, écrivaine et principale rédactrice du blogue « Le passe mot de Venise ». Nous sommes allés la rencontrer chez elle, à deux pas du théâtre d’été de « la Marjolaine ». Dans l’entrevue qui suit, nous allons nous submerger de son univers et découvrir sa façon de voir et de sentir l’écriture. De plus, nous nous interrogerons sur le sens du canal utilisé par madame Landry, soit le blogue, pour diffuser ses écrits.

Qu’est ce que l’écriture représente pour vous ?
En fait, je suis incapable de passer une journée sans écrire. Je trouve qu’il y a une différence entre les mots oraux et les mots écrits. L’écriture représente d’une part une introspection du comment je me sens, un silence qui se fait dans ma vie. Je vais plonger à l’intérieur de moi pour ensuite photographier ce moment. Au lieu de le rendre en images, je le rends en mots. D’autre part je dois dire qu’elle représente un pont pour aller rejoindre les autres et c’est primordial car ce n’est pas que pour moi que j’écris.

Comment devient-on écrivain?
Je crois que l’on est (naît) écrivain ou on ne l’est pas.

Selon vous, pour écrire faut-il de l’inspiration ou de l’imagination?
J’aurais tendance à dire qu’il faut surtout de l’inspiration, mais cela dépend toujours de l’écrivain. Il y a place à plusieurs sortes d’écrivains.

Peut-être est-ce pour cela que votre blogue, Le Passe-mot, est plus consacré à des critiques littéraires. Parce que vous avez plus de facilité à décrire plutôt que d’inventer?
Oui. Par contre, je me retiens de ne pas écrire du vécu. Et la question n’est pas de dire que je n’y suis pas à l’aise. C’est comme une discipline que je me suis imposée. Cela remonte à la demande des Correspondances d’Eastman de tenir un blogue où il n’était évidemment pas question d’étaler mon « je ». Pourtant, ma personnalité forte surprenait beaucoup. On me disait : « Je ne serais pas capable d’écrire de cette manière et à ce rythme ». Je me suis rendu compte que dans un blogue, il en va beaucoup de la personnalité. Tu vas à la rencontre d’une personne ou d’un personnage et dans le fond y a-t-il tant de différence entre les deux ? Je suis un personnage avec une mission littéraire.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire dans un blogue plutôt que d’écrire un livre ou des chroniques par exemple?
C’est principalement à cause de la facilité. Du jour au lendemain, on devient son propre éditeur, tout simplement. Ce n’est pas toujours évident d’être édité. Comme on le sait les maisons d’édition, c’est un marché. Elles se demandent avant de publier : « Est-ce que le livre va se vendre? Est-ce que l’auteur est connu? Est-ce que la personne a des références ou un statut, des études … ?

Est-ce que le syndrome de la page blanche vous a-t-il jamais affecté? Si oui, quels ont été vos moyens pour passer au travers?
Du côté de l’écriture de communication, cela ne s’est jamais produit, et à ma grande surprise puisque j’ai peur du syndrome de la page blanche. Lorsque j’écris un texte dont je suis satisfaite et que j’ai de bons commentaires, il m’arrive de dire : « Ça y est, je ne serai plus jamais capable d’écrire aussi bien que cela ». Par contre du côté des projets fictifs, je n’ai à peu près que des pages blanches!

Est-ce que cela vous arrive de ne pas trouver les mots assez justes pour exprimer une idée ?
Certainement que cela m’arrive. En fait je m'imagine mal un seul écrivain qui puisse répondre que cela ne lui arrive jamais parce qu’il serait un peu prétentieux. Et il ne serait plus un écrivain. La matière, ce sont les mots, comme le menuisier a ses outils. Par exemple Monique Proulx, l’une de nos grandes écrivaines, disait qu’elle écrivait à tous les jours mais que parfois elle passait jusqu'à 24 heures à chercher le mot juste! À son sixième livre !

Selon vous, est-ce qu’il est nécessaire d’avoir un riche vocabulaire pour être un bon écrivain?
Absolument ! Nicolas Dickner a déjà répondu à un journaliste qui lui demandait qu’est-ce qu’il aimait lire : Les gens sont complètement ébahis quand je leur dit que je suis en train de lire l’encyclopédie des papillons et des insectes.

Donc ce serait par la culture générale qu’on acquiert un bon vocabulaire?
Il faut aller plus loin parce que la culture générale ce n’est pas juste une nomenclature de mots appris par cœur. Prenons l’exemple de mon mari, il s’intéresse beaucoup aux lois de l’univers et aux planètes, si dans un de ses futurs romans, ou BD (parce qu’il est bédéiste), il y a un personnage qui est astronome, il aura plus de facilité à décrire l’astronomie. Il sera probablement plus inspiré.

Pensez vous que le style qui est propre à chaque auteur est important au moment d’écrire?
Bien sûr ! Ce serait comme demander à quelqu’un :« Est-ce que la personnalité est importante? ». Elle est essentielle. Il existe toutes sortes de personnalités : fortes, étranges, exigeantes, conventionnelles, enthousiastes, expressives, introvertis. Il y a le style concis également, très à la mode présentement et je ne fais pas référence seulement à l’épaisseur d’un livre mais aux phrases. Si trois mots en représentent 30, ton idée devient forte et claire.

Préférez-vous la lecture à l’écriture?
Je trouve que c’est une très bonne question car elle me touche personnellement. J’ai déjà arrêtée de lire, me disant que le temps que j’utilisais pour lire, je devais l’utiliser pour écrire. Depuis que je me suis remise à lire, je me rends compte que je me suis énormément trompée! En réalité c’est tout le contraire : plus on lit, plus on est capable d’écrire.

Les médias influencent-ils votre écriture ?
Je ne pense pas qu’il y ait des écrivains qui se laissent influencer par les médias, je le souhaite du moins! S’il en existe, ils ne doivent pas être des écrivains très forts! Être écrivain, c’est créer et il n’existe personne qui peut venir te dicter ta propre création.

Pensez-vous que la baisse du niveau de la langue française parmi les jeunes influencera-elle la littérature?
Inévitablement! C’est sûr qu’il y a un effort à faire pour bien parler et bien écrire. Le fait de s’exercer à préciser sa pensée est très important. Si l’habitude est d’écrire de façon télégraphique, écrire un roman qui a une portée sera moins évident. J’imagine que la plus belle phrase qu’un écrivain puisse entendre est qu’il a trouvé les mots justes pour toucher quelqu’un.

Conclusion
Après cette charmante rencontre, nous en retenons principalement que Venise Landry est une passionnée des plus passionnantes. Sa personnalité est rayonnante car elle transpire de bonheur. Cette femme fait de sa vie ce qu’elle aime le plus : écrire. Et elle écrit comme elle le sent, comme elle est habile à le faire. Madame Landry s’est découvert un don pour transmettre des informations tout en émouvant et en divertissant les gens. Elle exprime ce don quotidiennement dans son blogue nommé Le Passe-mot, où elle critique des lectures passées et parle d’expériences vécues.

Laura Gagné Marceau (intervieweuse) et Gisella Molero Garcia Rédaction en communication 1 - Département de communication. Université de Montréal

27 commentaires:

Anonyme a dit...

Très intéressante ton entrevue Venise! Merci de la partager avec nous!!

Mistral a dit...

Oué!

Venise a dit...

@ Karine : Tout le plaisir est pour moi ! Je me suis dit, quant à avoir l'intention d'interviewer plusieurs personnes du milieu littéraire, aussi bien que je passe moi-même au "batte".

@ Mistral : Un mot qui en vaut 30 ? Tu me prends vraiment au pied de la lettre ...

Mistral a dit...

Lyes.

Anonyme a dit...

Venise, tu m'impressionnes vraiment.
Vive le passe mot de Venise !

Anonyme a dit...

Je ne cesse de me dire que c,est un privilège de te lire. Et tes mots de cette entrevue me le confirment aussi.
Merci de ce partage dame Venise.

s.gordon a dit...

C'est vrai que tu rayonnes, Venise.
J'ai beaucoup aimé lire cet entretien.

Venise a dit...

Line, Suzanne : Je me fais penser à une jardinière qui va cueillir des fleurs en sifflotant, gantée, pour ne pas se salir les mains de terre (je déteste ça !).

Et comme toute bonne jardinière, je me fais des réserves pour les hivers plus froids.

Venise a dit...

sandra, sandy s.gordon : (Comme une blague, j'ai commencé à te faire un nom long presque comme un titre, et puis, j'ai de la difficulté à m'en défaire !) Que tu me vois rayonner à travers mes mots, tu imagines l'effet que ça me fait !? Ça veut dire que mes mots sont des lucioles qui éclairent mon champ sémantique !

Le plus sérieusement du monde (on est capable, on est capable !) merci beaucoup, ça me touche Sandra. Non, Sandy. S.Gordon ?

s.gordon a dit...

Ça me touche de te toucher. Surtout que, pris à la lettre, on ne touche à rien du tout sauf à nos touches et à nos lettres. Et pourtant, hein!

Sandra,
ça fait plus vrai. ;)

Mistral a dit...

Sandy, c'est really.

Venise a dit...

@ Sandy : Je commence à croire que c'est plus réel que je le pensais du virtuel.

Je vais quand même rencontrer Christian Mistral le 6. C'est plus que des touches, ça touche.

s.gordon a dit...

:)

Mistral a dit...

Pour ceux à qui ça aurait échappé, Venise vient de me traiter d'anti-sémite.

Destouches, docteur, Louis-Ferdinand; une chance qu'il est aussi l'un des cinq plus grands écrivains du vingtième, sinon je serais fichu de me vexer.

s.gordon a dit...

"Ce monde n'est je vous l'assure qu'une immense entreprise à se foutre du monde!"

;)

Voyage au bout de la nuit (1932)Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline

Venise a dit...

Destouches. De son petit nom, clavier ?

Ou Céline ?

J'ai l'air savante mais je suis juste une googlienne. Et si maintenant je sais, c'est parce que tu m'as appris que je savais pas.

Tiens, je vais aller me faire une petite infusion ... de science.

Mistral a dit...

OUIGNAHHHAHÉÉÉÉÉÉÉÉÉ

Céline

Venise a dit...

Ah, là, là, Sandy, tu as été plus vite que moi sur la gâchette. Mon punch Céline s'est évaporé en fumée. Pas grave ! Trinquons quand même !

V'là quelque temps, un mois mettons, je me serais fait avoir à planche !

Mistral a dit...

Vrai, Ven, tu accélères sul piton.

Ça t'apprendra à te tenir ek des bums à lunettes.

s.gordon a dit...

J'drinke to Venise la rayonnante, la preste et la vénuste.

Mistral a dit...

Sandy joue ek le feu. L'eau de feu. Une coche à côté sul clavier pis c'est vétuste qui sortait.

Venise a dit...

Je lève mon verre de punch à mon punch Céline évaporé, en l'honneur de Sandy tout aussi vénustée par son ascendant Balance (bais oui, la planète maîtresse de la balance, c'est Vénus), pour sa preste prestidigitation et tout son discernement expert à travers la blogosphère pour détecter le rayonnement.

Pis là, ça suffit le punch, ça me saoule juste d'avaler une bulle de travers de mon ballon verre.

Venise a dit...

Vous saurez monsieur Mistral qu'elle a trop la touche sous le doigt pour avoir pris ne serait-ce que le moindre risque de se tromper.

Et pour l'intime conviction que la vie ne tient qu'à une lettre, parfois.

Mistral a dit...

C'est toujours ben pas Ven qui va m'expliquer comment Sandy fonctionne! Pourquoi pas Butch tant qu'à y être?

Danaée a dit...

Intéressante entrevue, en effet.

On pourrait certainement avoir une longue discussion autour de cela! Peut-être lors d'une rencontre de "Recrues", qui sait?

Beo a dit...

C'est avec pas mal de retard que je viens "enfin" lire cet entretien tout ce qu'il y a de plus rafraîchissant.

Tout est là! L'amour des mots n'aboutit pas obligatoirement toujours sur un volume cartonné qui se range sur une étagère après lecture.

L'amour des mots qu'on sent ici à fleur de peau, est tout aussi précieux, d'autant plus que ton partage Venise est tellement spontané et généreux.

Merci à toi Venise!

Anonyme a dit...

Oh, comme je l'attendais celle là! Ce que tu dis sur l'écriture au début de l'entrevue me plaît bien : «L’écriture représente d’une part une introspection du comment je me sens, un silence qui se fait dans ma vie. Je vais plonger à l’intérieur de moi pour ensuite photographier ce moment. Au lieu de le rendre en images, je le rends en mots.» Je pense que présentement, c'est un peu ce que je fais avec mes récits de voyages. Les photos, cela peut être magnifique, mais elles ne représentent jamais la réalité, les sentiments, la passion que l'on peut ressentir sur place. Les mots, eux, ont se pouvoir.

Merci Venise!