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samedi 17 janvier 2009

Sortie côté jardin - Patrice Servant

Je me suis aventurée dans cette plaquette sans trop savoir de quoi il en retournait puisque j’ai l’habitude (fâcheuse ?) de ne pas lire les sommaires du quatrième de couverture pour tout ce qu’ils s’y révèlent de trop, parfois. Pas toujours, c’est vrai, mais je ne prends pas de chance, je l'ai donc lu après :

« Pierre a tué, et quatre fois plutôt qu’une. S’il a été contraint de devenir un criminel devant la loi, c’était pour déjouer un système cruel et cynique qui prolonge la vie au-delà de toute humanité. Aussi était-ce par amour, et selon la loi que lui dictait son cœur d’homme, d’amant, de frère, qu’il s’est interposé pour aider la mort et la laisser emporter ceux qu’il a aimés ».

Heureusement d'ailleurs car je m’apprêtais à patiner pour ne pas vous dévoiler que Pierre Bellerose, un homme âgé, atteint d'alzheimer, avait aidé quatre personnes condamnées par la maladie à se retirer de la scène de la vie. Nous prenons connaissance de ces cinq décisions, incluant la sienne, via une lettre que le vieil homme adresse à son fils aîné.

Tout le monde a maintenant compris ; c’est un livre qui traite de l’euthanasie, mot que Patrice Servant n’a cependant jamais prononcé.

J’étais toute disposée à l'aborder comme un roman, autofictif ou non, qu'importe, mais mes attentes raisonnables étaient d’être touchée par cette lettre ouverte, franche, bien rédigée. D'autant plus qu'elle est éditée. La lettre de ce père, s'adressant à l’aîné de ses cinq enfants, s'apparente à une longue confidence qui relate sa vie. Elle fait aussi, et surtout, état de sa décision arrêtée de fermer le commerce de sa vie. Même si je lui ai trouvé un côté propagande un peu dérangeant, j'ai assez apprécié la lecture du premier cas, celui de l'auteur de la lettre. Mais quant à être dans les confessions, celui-ci en profite pour avouer quatre meurtres, des crimes au sens de la loi sociale, mais pas la loi de l’amour, d’après la vision de ce personnage.

À moins que je me trompe, ce qui est toujours possible, le message est que la liberté impose à tous de choisir de fermer boutique quand il en a terminé avec sa vie, s’évitant une mort dégradante. Avilissante. Et que celui qui y participe activement, en autant qu’il le fasse par amour, est un bon gars.

Le message est écrit en grosses lettres, sous forme d’une lettre. De trop grosses lettres à mon avis. Je ne sais pas si l’auteur a cru, ou voulu croire subtil son plaidoyer mais cinq cas en 113 pages, c’est beaucoup pour une seule personne qui s’apprête à elle-même quitter la rive. On rase la loufoquerie, surtout qu’un des cas est digne des meilleurs drames d’horreur qui soit. Dommage quand même, un peu plus de subtilité et de sobriété dans le propos l’aurait mieux servi.

Le cas de l’épouse de Pierre Bellerose est assurément le plus touchant. Il vibre vrai celui-là. Ses accents de vérité sont déposés à la bonne place, sur le cœur. D’y avoir ajouté d’autres cas se bousculant dans le temps fait quasiment de monsieur Bellerose, ce vieillard atteint d’un début d’alzheimer, un tueur en série. Surtout que le ton devient, à un moment donné, surprenamment froid, détaché, presque automate.

Est-ce que l’auteur a voulu défendre une cause ou bien seulement désiré nous offrir à lire une histoire surprenante et un peu choquante ? La présentation est trop ambigüe pour que je puisse répondre à cette question. S’il y a des personnes intéressées à vérifier pour tenter d'y répondre :

Sortie côté jardin, Patrice Servant, Amérik Média, 113 pages.

5 commentaires:

helenablue a dit...

L'euthanasie est un sujet difficile et délicat ...
Personnellement je suis pour choisir ce moment où je veux rendre les armes si mon corps ne suit plus ...

Mais autant pour soi-même cela peut paraître évident, autant cette décision doit-être du plus compliqué pour un être qui nous est cher ...

Aider quelqu'un que l'on aime à mourir , ça ne doit pas être si facile !


Le titre de ce livre est suggestif , j'aime bien cette délicatesse .

Danaée a dit...

Je ne me sens pas tentée une miette.
Je me contente donc de ta critique, chère Venise.

Venise a dit...

@ helenablue : Moi aussi j'aime ce titre plein de promesses.

Tu dis qu'aider quelqu'un que l'on aime à mourir ne doit pas être évident, alors, que dire de quatre ?

J'ai trouvé si peu crédible qu'une seule et même personne devienne le "spécialiste" de l'aide à mourir dignement, que cela a donné des airs de démonstration au roman. J'aurais préféré une approche par le coeur.

Danaée : Évidemment, c'est préférable d'être tenté par le sujet.

Anonyme a dit...

Un sujet si délicat et en prime raconté sous quatres «cas» différents avec le même «maître d'oeuvre»!!! Trop c,est comme pas assez. Pas pour moi non plus. Belle soirée dame Venise.

Anonyme a dit...

Pas tentée non plus... Pas que le sujet ne m'intéresse pas mais quand les lettres sont trop grosses, dans ce genre de livre (contrairement à d'autres types de littérature...)

Je vais donc passer mon tour!