Faites comme chez vous

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c'est recevant !

vendredi 13 mars 2009

L'échange

Est-ce que je vous ai dit combien j’ai aimé mon incartade du côté français ? Bien plus encore que je ne l’aurais cru. Assez que ça a ébranlé mes assisses. J’ai réalisé qu’à ouvrir cette porte, s’y engouffre quantité de potentiels lecteurs de littérature québécoise. Mes interventions et les liens enchevêtrés amènent un lot de visiteurs qui prennent contact avec nos titres. Mais je ne pars pas en peur ! Je vais garder l’équilibre. Admettons que je me mettrai à lire ici et là et qu’il me resterait 20% de temps pour du québécois, les visiteurs d’ailleurs finiraient pas avoir peu de titres à se mettre sous l’œil. Plus simplement dit, mon exception à la règle devient une règle !

Mais on a beau faire son possible pour diffuser, là où ralentit l’échange Québec-France, c’est dans la distribution. Peu de romans sont disponibles et ils sont donc dispendieux à faire venir. C'est une calamité d’entendre Béo dire que La Traversée du continent de Michel Tremblay lui a coûté 40 $.

Par contre, ce qui traverse très facilement les frontières, c’est la hantise du premier jour du premier roman. Voici un exemple : le 4 mars, Audrey Parily sortait Passionnément Givrée au Québec et la même journée, Maud Lethielleux sortait Dis oui, Ninon en France. Toutes les deux ont vécu l’événement du premier jour avec une intense fébrilité :
À mon avis, j’ai ressenti à peu près ce qu’on doit ressentir quand on laisse son bébé pour la première fois. Dur la séparation.
Mon roman a donc fait son entrée dans le monde de la littérature québécoise aujourd’hui. Peut-être que quelqu’un est en train de le lire en ce moment même.
Audrey Parily
Je me suis planquée et je suis restée là à observer les gens, je voulais voir la tête qu'ils feraient en découvrant le livre, comment ils le feuillèteraient […] je suis restée donc, et j'ai vu. J'ai vu que personne ne l'avait remarqué. Même mon regard plein d'espoir orienté vers un ciel sans nuages ne les a pas interpellé !
Quand un livre paraît, l'auteur ne sait rien. Qui achète? Qui aime? Qui feuillète? Qui referme? Qui sourit? Qui oublie le livre sur une pile déjà haute? Qui commence sans finir? Qui lit d'une traite? Qui éclate de rire sans savoir pourquoi? Qui fait une mine dégoutée? Qui se souvient de lui même? Pour moi, c'est la première fois que je ne croise pas le regard de celui qui reçoit.
Maud Lethielleux
J’ai aussi remarqué que se vit de la perplexité vis-à-vis le « après » publication. Le réflexe est d’attendre beaucoup de la maison d’édition. Heureusement, il y a l’option de sortir de cette passivité. D’y veiller, de s’impliquer, de proposer, d’initier. La maison d’édition investit de l’argent et a plusieurs "enfants", l’auteur investit temps, travail et talent, et il a un seul enfant (pas encore de triplet hétérozygote en littérature). Maud L, a bien décrit l’équilibre entre s’occuper de son « affaire » et ne pas en faire une obsession :
En fait, les jours qui suivent la sortie, on intérêt à avoir quelque chose à faire, par exemple, je sais pas moi : tomber amoureuse d'un très beau caissier de la Fnac de Nantes (où on va chaque jour compter les livres restant sur la pile) […] on peut aussi décider de créer un blog et de fermer les yeux en se laissant bercer dans la toile, toile, toile d'araignée. Finalement, je crois, non je suis sûre, c'est la plus belle solution que j'ai trouvée !
Celle-ci a écrit un billet bilan et en 10 jours pas moins de 11 billets sur la blogosphère se sont écrits sur Dis oui, Ninon. Mais je peux vous dire qu’elle a géré le tout avec charme et doigté. Comme on dit « elle a veillé au grain ».

Bel échange, l'écrivain nourrit la blogosphère, la blogosphère nourrit l'écrivain. Et pourrait-on conclure que la blogosphère littéraire sort l’écrivain (qui le désire !) de l’isolement ?
On dirait bien que oui.

19 commentaires:

Anonyme a dit...

Merci Venise pour le lien vers le blogue de Maud, je me suis tellement reconnue dans son dernier billet et ça fait du bien !

Anonyme a dit...

beau billet Venise , et tellement juste .
Bien sûr que l'échange est bénéfique et ouvre des horizons de part et d'autre , et pour les écrivains , et pour les lecteurs . j'ai découvert la littérature québécoise ,ici .
vrai aussi que c'est coûteux de se procurer des livres qui ne sont pas déjà en France ! Et c'est bien dommage !
En tout cas la blogosphére aplanit les frontières et agrandit l'horizon .
Merci encore pour ton Passe-mot , où je me régale si régulièrement.
Amitiés
Helena

Beo a dit...

Je suis d'accord avec l'idée que la bloggosphère puisse sortir l'écrivain de son isolement, et pourquoi pas le pousser à publier?

Pour ce qui est de la diffusion de nos livres en Europe, il y a assurément des vides, pour ne pas dire des trous noirs!

Je regarde un peu ce qui se passe au Salon du livre de Paris et pour le moment: aucuns échos des auteurs québécois qui y sont représentés...

Je serais curieuse de savoir le prix exact, avec taxes de La Traversée des Continents?

Comme j'ai mentionné sur mon blog. un volume chez Actes Sud est automatiquement plus cher non?

Et pour finir: je me réjouis que tu ouvres la porte aux auteurs d'outre frontière PQ, ;)

Danaée a dit...

Oui, le blogue a certainement cet effet sur les écrivains. Et c'est vrai aussi lorsqu'on essaie de se remettre à écrire! Finalement, le blogue est une forme d'écriture aussi, donc ça nous tient en vie.

Mais pour ce qui est de la façon dont on vit la sortie d'un premier roman... tout dépend de notre personnalité! Peut-être que Maud et Audrey ont beaucoup en commun.

Venise a dit...

@ Audrey : C'est justement ça l'idée ; ne surtout pas se sentir seule ! La solidarité, c'est stimulant, inspirant aussi.

Venise a dit...

@ helenablue : Même quand tu fais prendre le bateau aux romans d'ici, ils restent dispendieux ? Je me suis laissé dire que vos livres se vendent de toutes manières moins chers que les nôtres. Il y a de quoi être jaloux. Un livre neuf, c'est quasiment de l'ordre du luxe.

Heureusement, nos Bibliothèques sont bien remplies ... dans les grands centres. Je pense aux personnes en région, je gagerai qu'elles lisent moins. Ou bien elles se contentent du genre Harlequin qui se vendent à l'épicerie (à Eastman par exemple).

Le regard que tu portes sur Le Passe-Mot m'est précieux.

Venise a dit...

@ Béo : Imagine-toi que lorsque tu m'as donné l'info du prix (40$), j'ai justement cherché comment ça coûterait au Québec. Le roman en partant est pas mal cher : 26.95 $ + 7% taxes. Le faire venir à travers le Qc, c'est 5.00 $ poste régulière (3 jours), .75¢ chaque livre additionnel.
Par contre, cette note du site Livres Québécois est décevante :
Frais de livraison hors-Canada : Il nous est impossible de pré-déterminer avec précision les frais de livraison pour les envois hors-Canada. Pour cette raison, le calcul des frais de livraison n'apparaîtra pas sur vos bons de commande. Les frais postaux seront calculés selon le poids total et la destination du colis à expédier. Si vous êtes un client hors-Canada, nous nous empresserons de communiquer avec vous pour vous faire part des frais de transport inhérents à votre commande. Nous procéderons à la transaction sur votre carte de crédit après avoir obtenu votre autorisation.

Je n'ai pas été voir du côté d'Amazon mais c'est malheureusement à parier que c'est beaucoup mieux.

Venise a dit...

@ Danaée : Quand on y pense, voilà pas si longtemps (15 ans ?), l'écrivain était parfaitement seul devant sa feuille blanche, celle-ci enfilée dans le cylindre de sa dactylo qui faisait tap-tap !
Que de changement ! Les écrivains en semblent heureux, à voir la quantité qui tiennent, soit un blogue ou soit sont inscrits sur Facebook, (ou les deux !) ce qui dénote certainement un désir d'être en communication avec le reste de la planète.

C'est sûr, Danaée, j'aurais presque pu, si j'avais osé, appeler Audrey et Maud des jumelles. Leur premier béb ... euh, roman ! est né le même jour. Je dois avouer que ça a attiré mon attention.

Beo a dit...

""Heureusement, nos Bibliothèques sont bien remplies ... dans les grands centres. Je pense aux personnes en région, je gagerai qu'elles lisent moins.""

J'oserais dire: pari perdu! Parce qu'avec les réseaux de bibliothèques du style CRSBP: il n'y a pas de raisons de passer à côté de TOUT se qui se publie au Québec.

Je n'ai jamais autant dévoré de livres en terme de quantité et de qualité que durant les années où je me suis occupée de la bibliothèque du village-2,000h- où j'habitais avant de traverser l'océan pour ensuite traverser un désert au niveau lecture...

Pour ce qui est des presque jumelles/auteures que sont Maud et Audrey: je serais curieuse et si je pouvais; je ferais le test de la distribution... Que le roman de Maud soit distribué largement au Québec et celui d'Audrey en France!

Venise a dit...

@ Béo : J'oserais dire : pari qui s'annule ! Tu te fis à ton expérience, c'est normal et moi, je me fis à la mienne (ce sont pas de grosses statistiques, 2 personnes !). Je ne sais pas quelles étaient les heures d'ouverture de la Bibliothèque dans ton village mais ici, c'est 8 heures sur 2 jours ! Il n'y a pas de bibliothécaire, seulement des bénévoles. Et ça sent pas très bon quand on entre, cause qu'elle est plus fermée que ouverte ... des livres, du tapis. Malgré tout, je suis fière, il y a quand même une Bibliothèque, pour un village de 1,600 personnes, c'est bon. Mais il y a une grande quantité de petits villages autour de Eastman qui, eux, en ont pas du tout. C'est particulièrement à eux que je pensais.

Ah, le test Audrey/Maud ! On sait tout de suite le résultat du test, y a pas grand suspense mais quand même, je vais l'affaire de près.

Beo a dit...

Imagines-toi que notre bibliothèque était ouverte un petit 2 heures par semaine.... Il n'y avait que moi de salariée-et juste à la fin de mes 7 années de service-, une armée de bénévoles fantastiques m'épaulaient.

La popularité tenait surtout au fait des demandes spéciales qui nous donnaient la possibilité de commander un livre fraîchement sorti. Ensuite il faisait le tour des fervents lecteurs avant de repartir à une autre biblio.

Mais je conçois qu'hélas les endroits qui n'ont pas ce service, font chuter dramatiquement les statistiques :(

Pour le défi... faut mentionner que la France est le pays d'origine d'Audrey... ça jouerait pas dans la balance??? Je suis intriguée.

Venise a dit...

Béo : Me voilà surprise : 2 heures !?! Moi, qui me plaignais. Tu devais être une bibliothécaire du tonnerre, beaucoup de dynamisme et des livres sur les plantes et la bouffe en abondance ;-)

Pour le pays d'origine de Audrey, sais-tu, j'ai l'impression que ça joue pas tant que la maison d'édition. Mais le mieux est encore que je lui pose la question.

Beo a dit...

Je vais te dire Venise que ce petit 2 heures... était intensif!

Tout se jouait durant ce laps de temps mais les abonnés étaient disciplinés et habitués avec le système.

Sinon, rien ne les empêchaient de me loger des demandes par téléphones ou au hasard des rencontres dans le village. Je n'ai que de bons souvenirs de ces années-là.

Pour la diffusion d'un livre: la Maison d'Edition est surement déterminante oui, mais comme dans tous marchés... il y a le diffuseur et aussi le demandeur!

De nos jours: une grande librairie comme Payot en Suisse a intérêt à offrir nos auteurs. Non pas en masse mais au moins au gré des demandeurs.

Il faudrait un jour que je fasse la liste des auteurs disponibles en commande... j'ai fais un survol avant Noël et la liste était pas pire. ;)

Venise a dit...

Béo : La liste était pas pire, mais pas l'avant-dernier de Michel Tremblay, le premier d'une trilogie qui a du succès en plus ? Surprenant. J'aimerais beaucoup, si ça t'adonne que tu prennes note de quelques titres. Ça m'intrigue, c'est sûr, ça m'intrigue. Et probablement plusieurs autres personnes !

C'est vrai que ton expérience de bibliothécaire semble t'avoir remplie de joie. Il y avait de la passion dans l'air. Quand on fait ce que l'on aime et qu'en en plus on est payé, pas largement j'imagine, toi aussi tu devais faire ta part de bénévolat mais quand même, c'est un peu du bonheur sur Terre.

Beo a dit...

L'avant dernier de Tremblay y était peut-être Venise: j'ai pas fait attention.

J'ai l'habitude que Tremblay soit diffusé dans toutes les grandes librairies de France et de Suisse.

Lors de cette exploration; je visais Enthéos vois-tu...

Venise a dit...

Béo : La traversée des continents est l'avant-dernier. Ce n'est pas celui-là que tu as commandé à 40 $ ?

Depuis tu as dû mettre la main sur Enthéos, depuis le temps que tu suivais Danaée. D'ailleurs, c'est chez Danaée que je t'ai rencontrée la première fois. J'ai cliqué ... et dans tous les sens du terme !

J'y pense, tu veilles tard !? Bonne nuit !

Beo a dit...

Oui: La traversée des Continents est l'avant dernier et je l'ai commandé suite à ton billet :)

Enthéos... ah l'épopée!

J'ai cherché et cherché: finalement je l'ai reçu en cadeau d'une grande amie de Laval qui travaille dans le domaine de la diffusion des livres, he he!

C'est samedi et je profite d'un site qui diffuse plein de télés du Monde: en fait je regarde La semaine verte sur RDI!

Du pur bonheur pour moi!

Anonyme a dit...

Non le fait que je sois Française ne permettra pas à mon livre d'être largement distribué en France, c'est triste à dire mais les romans québécois sont très peu considérés en France, en avant de venir ici je n'avais jamais entendue parler de Michel Tremblay ou de Marie Laberge. Il faut dire aussi qu'en France, il se publie tellement de livre.
Mon roman sera disponible en commande dans les grandes librairies françaises mais il ne sera pas tenu en stock. Donc hormis mes amis, personne d'autre ne pourra le découvrir puisqu'il ne sera pas dans les rayons. Ce serait quelque chose à changer quand on voit l'avalanche de livres français dans les librairies ici.

Beo a dit...

Merci Audrey: je voulais justement avoir ton avis sur le sujet ;)