Trois “Café littéraire” dans la même journée veut dire tendre l’oreille et ouvrir son cœur pour comprendre neuf écrivains (trois à chaque Café, interrogés par un animateur).
Au premier, à 10 h, un peu endormie, j’étais étonnée d’être sur une terrasse sans café de si bonne heure ! Je n’avais pas mon appareil photo et je le regrette. Aux Cafés suivants, j’ai eu un plaisir fou à essayer de saisir les mimiques expressives (je suis encore peu habituée à mon appareil mais j’y arrive).
Je vous l’avoue, je bénis ces quelques pages de carnet auxquelles je peux me référer afin de ne pas confondre les Cafés entre eux, surtout les deux où j’ai entendu le très intense, volubile, conteur et coloré Serge Bouchard. Il prend de la place le monsieur ... celle qu’il lui revient ! Quelle réflexion, quelle pertinence, et quelle manière de nous propager son savoir avec l’allégresse de la satire rouge, le rire jaune et l’humour noir. Très coloré, que je vous dis !
Disons d’emblée que ça a mal commencé. Je ne le connais pas beaucoup et je me demande encore jusqu’à quel point il a été offusqué par la bévue de l’animateur Jean Sioui. Celui-ci a pris l’initiative de lire un extrait de préface signé monsieur Bouchard. Quelle ne fut pas la surprise, suivie d’un malsain malaise, d’apprendre de la bouche de l’intéressé qu’il n’était pas l’auteur de ces lignes, le Bouchard en question étant Gérard Bouchard, un historien. Vous imaginez ? Pendant que Serge Bouchard s'offusquait, je regardais celui qui m’a semblé être un être sensible (pas émotif, sensible), je parle du grand et rare Louis Hamelin et j'ai eu l'impression qu’il s’est demandé qu’est-ce qu’il faisait dans cette galère ! Mais en hommes intelligents qu’ils étaient tous, le propos s’est dilaté, a pris de l’ampleur par le souffle de chacun. C’était même remarquable combien un s’inspirait de l’autre. S’y trouvait aussi un jeune, Jean-François Létourneau, d’un calme réconfortant qui a fait un séjour de 4 ans au Nunavit et qui prépare un mémoire critique sur trois poètes amérindiens.
Je suis sortie de là sonnée. Y paraît que c’est un bon signe d’être sonnée assez pour entrer dans une période de silence. Ça voudrait dire que l’information fait son chemin. Ils m’ont ouvert à de nouvelles considérations sur l’identité et le territoire. Je vais macérer le tout, j’y reviendrai un jour que je serai moins « cruche pleine ». Ce que je peux cependant dire, c’est qu’en revenant à la maison, je pensais très fort à vous qui avez manqué ces moments uniques. Je me sens privilégiée mais malgré tout, cette fois, incapable de passer le mot, par fatigue aussi j’imagine.
Je découvre jusqu’à quel point la gestuelle me parle autant que les mots, j’y suis très sensible. Serge Bouchard, ce puits sans fin d’informations sur nos sources est un redoutable conteur et il utilise l’humour comme une arme. Louis Hamelin est d’une intelligence sensible, fait preuve d’une économie de moyens pour faire retentir un propos extrêmement percutant. Jean-François Létourneau, calme et concentré ou concentré parce que calme, à votre guise apporte une expérience de terrain.Un moment d’élévation de conscience pour moi.
Et fait cocasse, j’entends encore Serge Bouchard déclarer qu’il nourrit l’ambition de mourir de vieillesse. Je lui souhaite, très vieux et toujours lucide. Des voix aussi conscientes ne devraient jamais se taire.
2 commentaires:
Vous êtes vraiment généreuse de prendre le temps de nous relater toute votre journée... presque simultanément. Dans quelques semaines ou quelques jours, après décantation, vous nous direz ce qu'il reste de ces journées intenses. Ou plutôt ce qu'elles vous apportent: au point de vue lecture, écriture ou connaissances-rencontres avec les auteurs. La différence ou ressemblance entre autres avec un Salon du livre.
Pour voir si je ne penserais pas à commencer (trois verbes pour me protéger!) si je n'irais pas l'an prochain. Je pourrais stationner mon petit VR en quelque part et assister à quelques rencontres.
@ Claudel : C'est une bonne idée, je vais y revenir moins à chaud ! Chose certaine, je peux déjà dire que ce n'est pas comparable à un Salon pour moi, ou sinon comparons une montagne avec une colline. Ici, les écrivains sont hébergés dans un lieu champêtre, loin des soucis de la vie, c'est une parenthèse, ils sont choyés, ils habitent l'Auberge du Savoir et leurs repas sont fournis dans les restos de Eastman.
Et les rencontres se déroulent dans un lieu idyllique, la Terrasse de la Marjolaine donne face au Mont Orford, nous sommes hauts, loin de tout et tout à coup, la parole déboule, les inhibitions tombent, et les écrivains se dévoilent. C'est très chaleureux, même quand le soleil est caché derrière les nuages.
J'adore écrire des lettres et j'en suis à les sacrifier pour ces rencontres !
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