De ses origines, elle nous parle abondamment dans ce roman récit de vie, et j'ai trouvé que ce n'est jamais de trop. Le propos est intelligemment intégré à sa vie d'enfant qui suit ses parents subversifs, d'un pays à l'autre : Brésil, Chili, Pérou, Portugal. L'intérêt du récit ne vient pas seulement de cette enfance qui n'est pas ordinaire de l'extérieur, mais aussi et autant de l'intérieur, pour entre autres son désir ardant d'être aimé par son père. Le jeu de séducteur entre le père et la fille est franchement abordé, tandis qu'avec la mère, c'est plutôt le calme propre à la reconnaissance.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce récit de vie. Une lecture lente s’est imposée, afin de mieux savourer oui, mais surtout parce que j’aimais entendre les phrases danser dans ma tête. Je me suis surprise à en relire quelques unes, intriguée par leur charme. Je cherche encore les mots pour les décrire, mais est-ce que le charme s'explique ? Ces mots, ces phrases, ces chapitres, je les suppose très près de la personne qui les énonce, pour la spontanéité et la fraîcheur d'un phrasée différent. Est-ce l'influence d'une auteure qui connaît d'autres langues ? Je n'oserais m'aventurer à l'affirmer, gardant le cap sur l'essentiel ; le chant à mes oreilles !
Je me suis rapidement centrée sur Marina, et heureusement ! J'ai dû m'y accrocher, et très fortement, car la structure du roman m’a malmenée. Les allers-retours temporels, sans logique évidente pour moi, pour mon cerveau de lectrice subjuguée qui ne nourrissait qu’un désir ; s’abandonner à une histoire. De passer d’une époque à l’autre, d’une génération à l’autre, d'une personne à l'autre, d’un pays à l’autre, sans crier gare, a morcelé dangereusement ma compréhension. Ce puzzle, comme tout puzzle, m’a cassé la nénette. Ça m’a certainement dérangée mais je m’y suis résignée, si c’était le prix à payer pour suivre Marina, et danser avec les mots, le prix n’était pas trop élevé.
J’ai pris connaissance que l’auteure pensait à une suite, sans conteste, je serai de cette autre aventure de Marina.
Un conseil : Commencez par la fin !!! Bïa y fait un résumé des aléas de son pays par un chapitre intitulé "Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est le bordel" - 1500-1964 - Personnellement, de l'avoir lu au début m'aurait fait apprécier encore plus l'histoire. À mon sens, de l'offrir en dernière instance, équivaut à planter le décor d'une scène après que la pièce de théâtre ait été jouée !
Un autre conseil, mensuel celui-là ! - plusieurs regards se sont posés sur ce livre, nous sommes le 15, c'est La Recrue du mois.
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