Je vous mets en contexte. Tout ce questionnement est parti de la remise en question de certaines personnes, dont moi-même, sur la pertinence du choix des 5 romans québécois soumis aux étudiants pour le couronnement du lauréat du Prix littéraire des Collégiens (pour plus de détails, lire mon billet "La jeunesse lit du québécois"). Puisque Stanley Péan, écrivain et combien d'autres titres (!) en est le porte-parole officiel, je me suis adressé à lui sur son blogue afin de mieux comprendre. La meilleure manière de vous en rendre compte est encore que vous preniez connaissance de mes questions et de sa réponse. À vous maintenant de vous faire une opinion.
À Stanley Péan : J’ai reçu le commentaire d’une personne qui le suit à chaque année et qui s’étonne de ce choix qui ne lui paraît pas très “jeunesse”. Il s’est donc informé qui décidait de ces titres et il apparaît que ce soient les journalistes du journal “Le Devoir”.
Sont-ils vraiment les meilleures personnes pour en décider ? S’informer auprès des professeurs de CEGEP par exemple, ou en tout cas des personnes qui côtoient de près notre belle jeunesse ?
Après tout, l’idée est de leur donner ou de leur garder le goût de lire, puisque du beaucoup lire découle le bien écrire, non ?
J’aurais dû rajouter un exemple. Dawson Kid de Simon Girard par exemple (il est la Recrue du mois de décembre) que j’ai lu d’un bout à l’autre, aurait un excellent choix pour la jeunesse. Peut-être pas pour ces messieurs et dames du Devoir par contre.
Je vous inonde, pardonnez-moi, mais c’est pour la bonne cause ; j’ai tout à coup pensé que vous ne connaissiez peut-être pas ce récent blogue “La recrue du mois”. Un blogeur ( l’écrivain et libraire, Éric Simard) et sept blogeuses, dont une de la France, passent au crible de la critique une première oeuvre fictive québécoise. Nous en sommes à la troisième “Dawson Kid” de Simon Girard, après “Le Sang des colombes, de Dany Leclair et “Les carnets de Douglas” de Christine Eddie.
Nous sommes très fiers de notre recrue française à la Recrue, une blogeuse Caro(line), extrêmement populaire en France. Elle est récemment venue au Québec et a rapporté une douzaine de titres, désirant commencer par L’histoire de la littérature québécoise. Ce qui fait qu’elle en sait probablement plus que moi ! Son site (www.krolinh-lectures.blogspot.com), si vous - ou d’autres ! - voulez entendre parler de notre littérature, c’est idéal parce que du bouche à oreille, il s’en fait abondamment puisque ce blogue assure une moyenne de commentaires d'environ 40-50 par billet !
Voilà, je ne vous importune plus, promis !
4 Stanley Péan // 20, 2007 at 16:38
Bonjour Venise,
Vous ne m’importunez pas, rassurez-vous. Le jury de présélection est composé de journalistes de l’équipe du cahier Livres du Devoir (Jean-François Nadeau, Christian Desmeules et Danielle Laurin), d’un représentant du CRILQ (Gilles Dupuis, professeur à l’UdM) et de moi-même. Nous débattons de la production littéraire de l’année qui achève et tentons de nous entendre sur cinq oeuvres narratives que nous estimons de qualité et qui nous semblent représentatives de la diversité de la littérature québécoise contemporaine. Le critère «jeunesse» ne fait pas partie de nos préoccupations; ce n’est pas de cela dont il s’agit. Et même si le choix de Dawson Kid a été évoqué, ce roman n’a tout simplement pas fait l’unanimité autour de la table. Ça arrive, voilà tout…
Par ailleurs, j’irai volontiers faire un tour sur le site dont vous me parlez. Et j’ajouterai un hyperlien dans mon Blogroll… (ce que Stanley Péan a gentiment fait d'ailleurs - Venise).
Source de l'illustration de l'en-tête : Un petit garçon qui avait peur de tout et de rien
Texte de Stanley Péan; illustrations de Stéphane Poulin.- Montréal : La Courte échelle, ©1998.- 24 p. : ill. coul.; 22 cm. ©Stéphane Poulin (illustrateur). Reproduction autorisée par Les éditions de la courte échelle inc.
7 commentaires:
Je dois avouer que je suis assez sensible au fait que le jury ne prenne pas en compte l'aspect 'jeunesse'. Dans le cadre de mon travail je tente de mettre en place des activités artistiques pour les ados (clientèle encore plus jeune que celle du prix des collégiens) et nous essayons de ne pas systématiquement travailler avec des produits dits 'jeunesse'. Par moment c'est pertinent, à d'autres nous travaillons avec des pièces de théâtre ou des oeuvres d'art ou de la danse 'pour adulte'. C'est la qualité des ponts qui est créée entre l'oeuvre et le jeune, et non la teneur de l'oeuvre elle-même qui pour moi a le plus d'importance.
Ah, très chère Venise, comme c'est gentil d'avoir passé le mot à Péan. Votre effort est plus que louable. Et la réponse de Péan ne me surprend pas du tout. Le jury se contente donc de choisir ce qu'il considère comme étant les meilleurs romans québécois lus par les critiques du Devoir durant l'année, sans faire aucun effort pour tenir compte de la clientèle à qui s'adresse ce choix. Je comprends cette manière de faire, mais je continue à penser, comme d'autres, qu'à moyen et long terme ce refus d'envisager d'autres critères desservira ce prix par ailleurs fort intéressant. (Par exemple, l'an passé, le forum a été très peu fréquenté parce que plusieurs oeuvres étaient peu intéressantes pour les collégiens. Je pense aussi aux auteurs qui se font varloper par les collégiens qui ont détesté leurs livres. Cela ne doit pas toujours être gratifiant. Pour ma part, si j'étais écrivain, je ne suis pas sûr que j'aimerais me retrouver en lice...)
Au fait, Péan lit-il votre blogue ?
Catherine, je voudrais juste faire une mise au point. Il ne s'agit pas de privilégier des oeuvres «jeunesse», mais des oeuvres «adultes» qui vont leur parler, dans lesquelles ils ont des chances de se reconnaître, que ce soit par les thèmes, le style, etc. Bien sûr, ce n'est pas un critère toujours évident. Par exemple, dans la sélection actuelle, je pense que le livre de Lise Tremblay peut avoir un écho positif chez eux, mais pas, à mon avis, celui d'Élise Turcotte (peut-être que je me trompe. On verra). L'an passé, le roman d'Hervé Bouchard, parce que trop compliqué et curieusement beaucoup trop original, ne leur a pas du tout plu. Pour qui connaît les collégiens, c'était prévisible. Le roman s'est fait «descendre» sur le forum. Pauvre auteur ! Par contre, il y a deux ans, je n'ai pas du tout été surpris que Nikolski leur plaise.
Merci de votre commentaire Réjean, en effet, je comprends ce que vous voulez dire.
Par contre, moins en littérature qu'en d'autres formes d'art, je nous ai vu parfois manquer de bonnes occasions en assumant que le thème lui-même n'intéresserait pas les jeunes.
C'est en ce sens que la médiation me semble primordiale.
Or, la médiation, dans l'expérience de lecture, est très différente que dans l'expérience du musée ou de l'art par exemple. On lit plutôt seul.
Dans ce cas-ci, ce rôle repose beaucoup sur les épaules des enseignants et enseignantes... parfois lourd, lourd, lourd.
Merci, Catherine, pour votre compréhension et bonne chance dans votre démarche artistique. :-)
Permettez-moi un point de vue interne au prix, de la part d'un prof de cégep qui a souvent encadré les étudiants.
Qu'ils gagnent ou pas, les auteurs en lice pour le prix écoulent plus de 500 exemplaires de leur livre puisque chaque collège reçoit un certain nombre d'exemplaires achetés fort généreusement par la fondation Bourgie.
Et ils sont lus avec beaucoup d'attention.
Le processus de sélection du prix a maintes fois été débattu par les profs qui supervisent l'activité. Et à chaque année, on convient que les critiques sont les mieux placés pour juger de la valeur de la production annuelle.
Les profs choisiraient des livres en fonction de leur enseignement, et beaucoup de profs ne s'intéressent pas ou peu à la production actuelle, trop débordés par les corrections sans doute.
Les critiques font un choix, les élèves se positionnent par rapport à ce choix. Qu'ils aiment ou pas, ils se forgent un point de vue de lecteur critique.
Et pour ça, le prix est génial. Parce qu'une fois fait la sélection, ce sont les jeunes qui décident. Des jeunes qui, autrement, n'auraient peut-être pas lu ces auteurs québécois qu'ils continueront de lire, espérons-le.
hum...j'ai été long. Désolé.
Dany, permettez-moi de commenter brièvement vos propos.
1) Les profs ne s'intéressent pas beaucoup à la production actuelle. - Voilà qui est vraiment désolant. Mais il doit sûrement s'en trouver quelques-uns qui lisent, non !?!
2) Les critiques sont les mieux placés pour juger de la production actuelle. - Certes, à condition qu'ils ne collaborent pas tous au Devoir et que le corpus ne soit pas limité aux seuls ouvrages qu'ils ont lus.
3) Le prix est génial. Espérons que les jeunes continueront de lire ces auteurs. - Certes encore une fois. Et espérons très fort.
4) Merci à la fondation Bourgie. Faire vendre 500 exemplaires, c'est déjà beaucoup.
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