J’avais le premier tome depuis presque deux ans. Le deuxième, depuis un an et le troisième, depuis une semaine. Il était à peu près temps de remplir mes résolutions du jour de l’an (lecture d’une BD par mois). Je me suis dit, au pire, je m’ennuierais et je scruterais la couleur en attendant la fin (pour ceux qui ne savent pas, je fais partie de l’équipe couleurs pour Miam-Miam Fléau et à ce titre, la couleur des "autres" m'intéresse).
« Pour qui tu te prends ? », premier tome, ce n’était pas le plein enthousiasme mais j’en appréciais les qualités. J’aimais le dessin ; clair, rempli de détails humoristiques, de beaux angles, comme une caméra qui va chercher des plans originaux. Des personnages jeunes bien cernés. Le « hic » est que j'ai dû me conditionner le cerveau à la cruauté. Sur chaque quatrième de couverture, il y a l’inscription « La vie est cruelle. Et puis après ? ». Ce n’est pas superflu ! Deux « poupounes » superficielles et sexées rejettent, avec une cruauté pleinement assumée, une moche, tout en se prétendant son amie. Karine, la moche, ne répond pas au standard de belle, sexée et à la mode, ses qualités sont au niveau du cœur ; intègre, honnête, loyale, candide. Tout pour nous faire enrager devant les gestes de cruauté à son égard. Notre propre vécu d’injustice (qui n’en a pas vécu !?) remonte par torrent violent. C’est correct, ça signifie que les auteurs sont efficaces mais j’étais un peu lasse à la fin de la répétition « cruauté, rejet, cruauté, rejet, cruauté, rejet ».
« Sale temps pour les moches », deuxième tome, les auteurs ont opté pour approfondir, déterrant la racine de ses plantes belles mais empoisonnées que sont Jenny (la niaise et pauvre) Vicky (la sexy et riche). Les mises en situation sont plus variées, la cruauté plus subtile, donc plus crédible. Je dois vous avouer qu’ici, j’ai commencé à sérieusement m’attacher aux personnages, par et dans l’humour. Il y a des histoires d’amour très « cutes » et très bien menées.
Le troisième « Les liens de l’amitié », eh bien, j’ai dévoré. Ce qui a été installé dans le deuxième tome est parfaitement exploité. L’humour frappe fort, les auteurs ont pris de l’expérience, c’est indéniable. J’ai hâte au quatrième tome, incontournable puisque la fin a ... (trois points de suspension).
Je conseille fortement ces albums à tous et les jeunes, bien sûr, vont raffoler. Le message que contient ces albums passe par le ridicule, nous avons à rire, veut ou veut pas, de la superficialité du matériel.
En fin de compte, lire et regarder ces albums, c’est prendre un puissant antidote à la superficialité.
6 commentaires:
Wow! C'est fou comme ce billet me donne le goût de lire les tomes #1 et 2 que j'ai moi-même en ma possession depuis presque un an!! Quelle fine analyse! Et quelle belle plume pour exprimer tout ça!
Je suis très fier de toi, chère Venise: tu respectes tes résolutions!!
Bonne chance avec ta brique de 300 pages... Je suis presque sûr que tu vas aimer!
Et pour ce qui est de ta «découverte», tu aurais dû m'en parler avant: je le savais depuis longtemps, moi, que tu es jeune! Et je sais aussi que tu le resteras encore longtemps!!
Ciao! Et grand salut à Marsi!
Une Karine moche??? IM-POS-SI-BLE!!! ;))
Je n'étais pas tentée par ces BDs mais du coup, je ne sais plus... comme j'ai aussi la résolution "une BD par mois"... elles feront peut-être partie de ma récolte de cette année!
Karine : Sincèrement, je n'étais pas attirée moi non plus. Ça fait un peu cliquant, justement, ça sonne la note superficielle. Mais c'est sûr que cette lecture m'a donnée à réagir au départ. Je suis contente d'être passée au travers, je suis immunisée parce que j'en ai ingurgité une bonne dose !
C'est bien, ça, des antidotes à la superficialité. Elle est tellement présente autour de nous, chaque jour... (mais pas ici!) ;)
Toujours aussi bien écrit Venise :))
C'est un plaisir plus grand de te lire que même certains livres que tu évoques !
Pour cette BD, j'ai cru halluciner quand je l'ai découverte récemment. C'est criant de vérité sous certains aspects, mais je ne suis pas sure que la finnesse de la caricature soit à la portée de tous les ados qui la liront. Perso, j'aurais plutôt peur de mettre ça entre les mains de ma fille, car je ne suis pas certaine qu'elle veuille s'identifier à Karine. Si le message ne passe pas plutôt à l'envers et fasse l'apologie des pitounes ?
@ Lilia, c'est tellement gentil ce que vous dites. Ça me touche beaucoup , vous savez. Particulièrement aujourd'hui puisque c'est mon blogo-anniversaire !
* * *
J'avoue que ces BD ont suscité une réflexion chez moi me demandant jusqu'à quel point le message est sain pour les jeunes. J'ai pesé et soupesé et en bout de ligne, et d'images, j'ai opté pour la confiance. Il y a les "Vicky-Jenny" (poupounes) et les Karine (moche). Ça laisse très peu de place entre les deux !!! Ce sont des extrêmes, alors à qui peut s'identifier le jeune ? À lui-même. Ça me fait penser au propos d'Yvon Deschamps et son propos corrosif dit sur le ton humoristique dans le but de faire réagir. Dans le but ultime que le spectateur se positionne.
Voilà qui explique ma confiance, le jeune se positionnera là où il a à se positionner, en relation avec son état de conscience. Et qui sait, cela pourrait peut-être le faire réfléchir puisqu'il ne peut vraisemblablement pas se dire qu'il est vraiment un des personnages. Cet exposé caricatural sans l'ombre d'un ton moralisateur est la meilleure manière de faire réfléchir la jeunesse à mon avis.
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