Quand madame Charrette posa la question « Vous avez vraiment cru que vous n’écririez plus ? », cette question qui tue ou qui fait renverser le lait de la casserole (vous avez remarqué combien du lait à ébullition, ça déborde rapidement). L’écrivain lui a répliqué un « Parlons du roman » assez sèchement. Par la suite, tout s’est déroulé un peu cahin-caha, le courant passait difficilement, même si chacun essayait de rétablir l’ambiance propice au bavardage. À la fin de l’entrevue, il restait une minute, Christiane lui a offert de la prendre pour dire ce qu’il voulait de son roman. Dany Laferrière lui a répondu avec fougue que cette minute-là, genre « pitch de vente », plogue et tout le bataclan, il n’y croyait pas une miette. Que c’est en bavardant mine de rien que l’on attire l’attention des gens et qu’ils ont ensuite le goût de lire l’œuvre. Madame Charrette a répliqué « Que là-dessus, ils étaient parfaitement d’accord ! »
Je ne commenterai pas cette entrevue tout de suite, je veux vous parler d’une autre entrevue auparavant, celle avec Louise Desjardins, le lendemain, toujours chez Christiane. Cette fois-ci, Christiane a commencé par explorer la vie privée de Louise Desjardins apprenant à tous, ou à moi, qu’elle est la sœur de Richard Desjardins (L’Erreur Boréale) et la cousine de Yves Beauchemin (Le Matou). Que son cœur balance entre l’Abitibi et Montréal ; en fait, il lui faut les deux pour bien vivre, et donc bien écrire ! Elle a parlé de son père, ce travailleur dans le bois qui récitait de la poésie anglophone à la table. Elle a commencé par écrire de la poésie avant de s’attaquer au roman, car dit-elle, c’est long écrire un roman et quand tu élèves tes enfants, ce n’est pas vraiment le temps. Ce qui lui en est resté est qu’elle aborde son sujet par la poésie auparavant et ensuite, elle élargit avec une histoire.
Christiane lui a demandé comment est partie son histoire, cette fois-ci. La réponse est d’un questionnement autour de l’enfance, Louise Desjardins entendait autour d’elle des personnes qui désiraient élever un enfant seules ou qui en avaient mais faisaient passer le social avant le privé. Voilà d’ailleurs qui explique le titre « Le fils du Che » ce Che étant le Guevara que l’on connaît. Il agit comme symbole, puisque c’est un fait notoire que celui-ci a fait passer le social avant le privé, abandonnant ses enfants à d’autres pour s’occuper de sa Cause avec un grand C. Elles se sont aussi penchées sur le début du livre où Alex, 14 ans, entre dans une maison vide, sa mère n’a même pas laissé un petit mot pour dire où elle est. L’enfant se dirige donc vers l’ordinateur ... Un début intriguant, s’est exclamé Christiane devant une écrivaine toute heureuse de l’entendre (à la radio, c’est encore mieux !). Cette écrivaine est donc partie satisfaite, Dany Laferrière, je n’en suis pas certaine.
Ces deux entrevues ont pourtant commencé de la même manière, des questions pour mieux connaître l’auteur et se diriger vers l’œuvre ensuite. Je le prends comme une démonstration que l’on peut parler de l’œuvre et que l’entrevue soit intéressante. Malgré que le côté excédé de Dany Laferrière n’aide en rien, je considère que les intervieweurs ont tendance à sous estimer leur auditoire, les considérant comme des gens qui ne lisent pas et qu’il faut aller chercher par toutes sortes de stratagèmes.
Quant à moi, il pourrait faire un peu plus confiance à l’œuvre et tout le monde serait content. Il me semble en tout cas. Qu’en pensez-vous ?
8 commentaires:
Je n'ai pas entendu l'entrevue avec Laferrière, mais je ne comprends pas son attitude. À TLMP, dimanche soir, pourtant, il n'a pas beaucoup parlé de son roman et il a répondu gentiment à toutes les autres questions de Guy A. Peut-être que ce matin-là il s'était levé du mauvais pied et qu'il en avait tout simplement marre des entrevues. Cela me laisse tout de même perplexe. Il y a tellement d'écrivains talentueux au Québec qui aimeraient avoir le centième de la promotion dont jouit Laferrière, pourquoi ce dernier crache-t-il dans sa soupe ?
Je n'écoute presque jamais la télé... je ne vois donc presque jamais d'entrevues. Je n'ai pas vu celles-ci et je vais parler en général. Je pense que dans la vie, j'ai des problèmes avec l'impolitesse et le manque de savoir vivre en général. Ces répliques pour "casser" l'autre me déplaisent royalament. Assez pour que je change de poste.
Quant aux entrevues d'auteurs, dans mon monde idéal, on parlerait au moins plus de 50% du temps de livres... et un peu du reste pour mon côté "commère"!!! ;)
C'est un peu étrange, en effet, cette attitude de Danny Laferrière. En fait, c'est peut-être qu'il n'apprécie pas Christiane Charette...
En fait, moi, samedi dernier, je suis restée dubitative quand j'ai entendu toute l'équipe de Je l'ai vu à la radio faire l'éloge du roman. Quand on sait que Laferrière fait partie de l'équipe des chroniqueurs de l'émission, ça sonnait un peu congratulations entre amis. Ça sonnait la "plogue" comme on dit. Mais est-ce un mal? Je ferais peut-être la même chose, à sa place.
Et puis, je pense que les écrivains connus finissent par intéresser les gens par leur vie autant que par leur écriture. Surtout lorsqu'ils puisent à même celle-ci pour nourrir leur prose.
Christiane Charette a peut-être braqué Laferrière d'une façon ou d'une autre? Une entrevue qui percute la bande, c'est jamais agréable, surtout quand on est en direct.
J'ai été suffisamment séduite par la répartie de Laferrière à TLMP et certaines critiques lues ici et là (partout cette semaine, en fait... c'est peut-être ça le plus dommage, cette surconcentration d'un auteur, jusqu'à l'indigestion) pour considérer aborder la lecture du livre, s'il croise ma route en bibliothèque disons et, pourtant, je n'ai encore jamais rien lu de lui. Dans mon cas, donc, sa promo a été utile (comme celle de Rafaëlle Germain m'a convaincue que je ne lirais pas ses livres).
Comme Lucie, cette fois-ci, ça m'a donné le goût de lire un livre de lui. Jusqu'à maintenant, ses thèmes m'avaient laissée assez froide.
Mais parlant de surconcentration, mentionnons qu'il fait la page couverture du cahier Livres du Devoir ce matin!
La couverture médiatique de ce roman est vraiment spectaculaire. Je ne me souviens pas d'avoir vu pareille chose sur la scène littéraire québécoise dans les derniers temps.
@ Tous : Justement, le fait que Dany Laferrière semble l'enfant choyé des medias, sa manière un peu hautaine de prendre les choses, m'a donné l'impression de quelqu'un qui manque de reconnaissance. Comme Réjean dit, Danaée aussi, peu d'auteurs ont cette chance je m'attendrais à ce qu'il l'apprécie. Et sincèrement, Lucie, j'ai réécouté l'entrevue sur le site de Radio-Canada et je ne vois pas ce que Christiane Charette a pu faire pour le braquer. Il était tout simplement pas de bonne humeur.
Depuis longtemps, je me promet de le lire et je vais le faire à un moment donné.
Je suis d'accord avec vous tous. Je n'ai pas entendu l'entrevue à Christiane Charette, mais je viens de l'entendre à "Vous m'en lirez tant" et je trouve qu'il est de plus en plus chiant. Il ne se prend pas pour de la merde et il se plaît à jouer les intellectuels à fond la caisse qu'il dissimule derrière un humour faussement sympathique. Très peu pour moi.
Je ne lirai pas son nouveau roman. J'ai pourtant fréquenté son oeuvre dans le passé, mais c'est un auteur qui ne m'intéresse plus depuis qu'il est surmédiatisé. Je préfère les écrivains qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui font leur métier sérieusement le plus souvent dans l'ombre. Heureusement, il en reste quelques-uns...
Publier un commentaire