J’ai déniché un très amusant billet sur les bibliothèques,vous savez celles que nous avons à la maison (obligatoirement !) et sur lesquelles nous essayons de faire tenir la tonne de papier que nous lisons ou lirons ? Celles-là, pas les publiques. C’est Nicolas Dickner (auteur de Nickolski) qui reparle de l’organisation de nos bibliothèques, à nous qui aimons tant lire que nous accumulons livre sur livre par-dessus une pile de livres. Voici ce qu’il en dit, c’est vraiment rigolo, toujours impayable ce chroniqueur du Voir, ce monsieur vraiment Hors Champ (nom de sa chronique hebdomadaire).
« ….l'organisation de sa bibliothèque personnelle - notamment le fait que tous les livres exposés dans un espace raisonnablement public du foyer devaient au préalable avoir été lus d'une couverture à l'autre. La vieille idée du livre-comme-trophée-de-chasse, en somme.
Du coup, d'autres blogueurs y sont allés de leurs variantes sur le sujet: à quoi sert une bibliothèque? Que doit-on y mettre? Comment classer les livres?
J'ai suivi cette discussion avec un soupçon de jalousie. Il existe donc, sur cette planète, des gens qui ont le temps de gérer leur bibliothèque?! Qui planifient le classement des livres, leur regroupement, leur impact visuel?
Pour ma part, j'ai lâché prise. Durant quelques héroïques années, j'ai vainement tenté de défendre une invisible frontière entre mes bouquins et ceux de ma sociologue préférée, un combat rapidement (et irrémédiablement) perdu.
Il faut préciser que ma sociologue bien-aimée est la propriétaire officielle des bibliothèques du salon - deux Billy en mélamine jaunâtre achetées chez IKEA en 1987 et dont les tablettes ploient de façon franchement inquiétante -, ce qui m'empêche d'y imposer quelque ordre que ce soit. C'est le Far West du livre de poche.
En fait, ma seule préoccupation consiste désormais à empêcher lesdites Billy de s'effondrer sur elles-mêmes ou (pire encore) sur l'anatomie d'un être humain situé à proximité. Je suis devenu un professionnel de la perceuse, du point d'ancrage renforcé et de la petite béquille judicieusement placée.
En ce qui a trait au classement proprement dit, j'ai tout abandonné. Je tente simplement de maximiser le nombre de bouquins au mètre cube, dans l'ordre où ça se présente. D'ailleurs, l'espace a commencé à manquer et les romans s'empilent maintenant un peu partout: sur la table de chevet, sous le lit, sur l'ordinateur - sans oublier les livres dont ma fille saupoudre le plancher du salon.
Faute de pouvoir changer la situation, je lui cherche désormais des avantages.
Avantage no 1. Le temps que vous ne consacrez pas au classement devient du temps pour lire de nouveaux livres.
Avantage no 2. Le chaos réserve d'infinies surprises. En cherchant La Décroissance, de l'économiste Nicholas Georgescu-Roegen, vous risquez à tout coup de tomber sur une vieille Rubrique-à-brac de Gotlib. Voilà qui change radicalement le cours de la matinée.
Pas encore trouvé de troisième avantage. J'y travaille. »
…
Drôle n’est-ce-pas ? J’adore son humour. Juste ce qu’il faut de rose pour ne pas être noire (mauve peut-être ?!). Si vous désirez lire l’ensemble de ses chroniques, c’est ici, en attendant son tout prochain roman : Quand … Quand ? Si quelqu’un le sait, qu’il lève la main haut et qu’il parle fort. Une date prochaine pourrait tromper ma hâte qui est grande.
Signé une fan de Nicolas Dickner
6 commentaires:
Mais que peut-on faire quand on ne peut vivre dans le désordre et qu'en même temps on voue une passion à ce passe-temps (lire, pas ranger ses biblios!!) et que l'idée de ne pas posséder ces trésors, dans l'espoir de refaire le tour un jour ou de choyer nos invités en leur refilant de quoi occuper leurs soirées d'hiver en avril, est impensable?!
J'ai été longtemps fan du bordel livresque aussi (manque de biblios... les miennes doivent ressembler aux fameuses "Billy" de l'auteur du billet...) mais quand j'ai réalisé que j'avais perdu le contrôle (en fait, après avoir cherché un bouquin pendant une bonne heure), j'ai utilisé une journée genre "comme aujourd'hui" (lire vents qui menacent de m'envoyer au pays d'Oz s'ils augmentent le moindrement) et - ayant enrôlé ma mère dans l'entreprise - j'ai classé par ordre alphabétique, ordre que je maintiens de façon à peu près correcte... si on exclut les piles à lire qui ont un classement spécial. (Bon, en fait, pas de classement du tout... il y a longtemps qu'elles débordent du "panier-PAL" !!!
LE seul problème... elles commencent ENCORE à être pleines... et je n'a plus de mur de disponible!
@ Jules : Ah, je me reconnais en toi, c'est une affaire d'état, je me consulte et re-consulte avant de me défaire de livres (dans des librairies livres usagés) au cas où une amie, une connaissance, une vague connaissance exprime le désir d'en lire un. Il faudrait quasiment que je m'adonne au sondage en règle avant de m'en départir.
@ Karine : Ah, si on pouvait donc s'acheter des murs ! J'ai un ami dans un condo, donc sans inépuisable sous-sol à finir qui va jusqu'à installer des tablettes dans ses garde-robes. Depuis, il a plus de place pour son ligne et il se promène tout nu ... bais non, y vente bien trop au Québec !
Mon secret : donner, prêter, envoyer à la charité pour les jeunes, les pauvres, les bibliothèques sous-financées !
Je commence aussi à manquer de place. Je serais dû pour installer une étagère ou deux quelque part. Les livres s'empilent un peu partout, ici et là. Ou peut-être non finalement. J'aime bien que les choses restent ainsi. J'affectionne ce fouilli. Les centaines de livres, millions de pages, milliards de mots que j'ai aimé comblent les espaces vides de ma vie.
J'ai lu voilà quelques mois un livre intéressant, Traité de Balistique d'Alexandre Bourbaki, pseudonyme de trois auteurs, Nicolas Dickner, Bernard Wright-Laflamme et l'illusteur Sébastien Trahan. C'est un excellent recueil de nouvelles.
La citation d'Evene de ce matin est on ne peut plus approprier pour ce billet.
« Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut. » (Cicéron)
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