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samedi 21 juin 2008

La jalousie dévastatrice d'une soeur

J’ai hésité avant de me procurer « Au pays de Gabrielle Roy », premièrement, je ne pouvais pas le parcourir, seulement le commander. Ensuite, je me suis dit, j’en ais déjà beaucoup lu, vais-je en apprendre pour la peine d’Annette Saint-Pierre, éditrice manitobaine et fan finie de l’écrivaine.

Et, oui, elle m’en a appris, premièrement parce qu’elle a eu quelques rencontres avec GR à la fin de sa vie et qu’elle n’a pas été avare de détails. Ensuite, il y a des extraits de lettres de Gabrielle avec les membres proches de sa famille qui parcourent les nébuleuses cinq dernières années tenues loin des médias. Et finalement, c’est tout de même Annette St-Pierre qui a consacré dix ans de sa vie pour que la maison natale de GR au 375 rue Deschambault soit achetée, restaurée, transformée en musée hommage et finalement ouverte au public en 2003. Ce projet a été si accaparent qu’elle a même momentanément démissionné de sa fonction d’éditrice pour s’y consacrer entièrement. Le projet, qui devait initialement être un achat de 155,000 $ et une restauration tournant autour de 200,000 $ a finalement frôlé le million. Cette dame avait le cœur à l’ouvrage, des réunions à chaque semaine pour planifier les levées de fonds, les demandes à toutes les instances « aidantes » possibles. Une vraie saga dont elle fait état "Au pays de Gabrielle".

Ce que j’en ai retenu, qui me ramène à celle qui m’intéresse par-dessus tout, est cette lettre de GR demandant à A. St-Pierre de remettre à plus tard ce projet de maison familiale. On comprend qu’elle insinue ; après sa mort. Toute cette attention médiatique avait l’heur d’attiser le courroux de sa sœur Adèle consumée par une jalousie dévastatrice. Il faut savoir que le rêve de cette dernière était d’être écrivaine et disons, qu’elle est arrivée à faire éditer quelques titres, dont « Le pain de chez nous », le plus diffamatoire sur le compte de la famille mais surtout sur sa sœur cadette et « vedette ». Cette haine ne s’est jamais tarie et jusqu’à la mort de GR, sa sœur, Adèle (décédée à 104 ans !) essaiera par tous les moyens de lui nuire en noircissant sa réputation.

À toute personne qui s’interroge le moindrement sur les sources de la maladie, pourrait conclure que les sévères crises d’asthmes apparues à la fin de vie de GR, rajoutées à ses innombrables autres maux, avaient un lien direct avec l’émotivité exacerbée par cette rage d’une sœur qui t’en veux publiquement. Je me suis demandé si cela n’a pas joué sur les décisions de GR de refuser toutes apparitions publiques. Faut dire, et de cela Annette St-Pierre témoigne, en cinq ans, la femme avait pris ce que l’on appelle populairement un « coup de vieux » suffisant pour la rendre méconnaissable. Ce linge sale étalé sur la place publique aurait-il contribué à pousser GR dans ses quartiers généraux, ainsi que son apparence de plus en plus souffreteuse ?

C’est le côté sombre de l’affaire mais le plus lumineux est que cela a été le moteur puissant soutirant tout ce qui restait d’énergie à l’écrivaine pour rédiger une autobiographie (non terminée) « La détresse et l’enchantement » que je considère un chef d’œuvre.

3 commentaires:

Danaée a dit...

Ça oui. La détresse et l'enchantement est un pur chef-d'oeuvre. Ça se lit d'un trait avec un plaisir renouvelé. Je l'ai lu deux fois, et je me le promets encore!

Mais je ne savais pas cette rivalité entre les soeurs. Je pense que Gabrielle Roy est restée discrète dans son autobiographie sur ce détail.

amicalsupport a dit...

J'ai lu pas mal de choses de Gabrielle Roy, mais j'en ai encore à apprendre on dirait et c'est tant mieux, parce que c'est autant de délices en perspectives sur cette digne femme de letres canadienne.

Venise a dit...

Amicalsupport : Gabrielle Roy se laisse connaître par ses lettres. Elle était épistolière dans l'âme, et comme elle était aussi une voyageuse qui n'écrivait jamais si bien que loin du quotidien, cela nous donne maintenant une correspondance qui se découvre progressivement tellement elle est abondante.