Je suis fière et impressionnée. Et voyez comme il y a un fort consensus autour de l'oeuvre : « Gagnant du Prix des libraires du Québec 2008, le premier roman de l’écrivain d’origine libanaise établi à Montréal a également raflé le prix McAuslan du premier roman et le prix Hugh MacLennan en plus d’être finaliste au prix Scotiabank Giller, au Prix littéraire du Gouverneur général et au Prix littéraire du Commonwealth ».
Plutôt renversant, n’est-ce-pas ? J’espère que ceux qui ne l’ont pas encore lu ne pourront plus résister à plonger dans cette histoire d’actualité, frappante parce que décrite avec un style très personnel qui est tout sauf ordinaire.
Ma réflexion :
Dans ce cas, il n'est plus question d’honneur seulement , on parle d’une bourse importante au point qu’elle vient changer le cours d’un destin d’écrivain. C’est d’ailleurs ce que toute bourse devrait faire mais celle-ci, par sa générosité, atteint le but plus sûrement que, par exemple 10,000 $, montant pourtant équivalent à des années de droit d’auteur au Québec.
Je suis contente pour Rawi Hage, cela veut dire qu’il a la possibilité de nous offrir une autre œuvre, il a moins d’empêchement pour le faire en tout cas. C’est sûr, il aura à assimiler le succès et ce n’est pas rien parce que, ne l’oublions pas, c’est une première œuvre. J’ai l’impression qu’une telle récompense, arrivant en milieu ou en fin de parcours, déstabilise moins. Tu t’y es préparé, tu l’espère même.
Démarrer en trombe, partir en lion, si je me fie au succès de « Bonheur d’occasion » peut avoir un effet paralysant. Toute sa vie, Gabrielle Roy tentera d’accoter ce premier succès. Même s’il y avait beaucoup d’elle dans son deuxième roman « La Petite Poule d’eau » et que son talent d’écrivaine ne s’était pas volatilisé, il y a eu peu de retombées pour son deuxième roman et même pour ceux qui l'ont suivi, et probablement que la force des attentes y a été pour quelque chose.
Parfois, il arrive que le succès d’une œuvre fictive dépasse l’auteur lui-même.
Je me suis posée une autre question : et la traductrice ? Le succès de Parfum de poussière repose aussi sur le talent de Sophie Voillot qui a relevé le défi de respecter l’œuvre originale tout en y donnant la couleur, le son, le ton, la rythmique du Français. Surtout que Hage n’a pas eu peur de s’envoler plus loin que la ligne, se permettant des envolées imaginatives assez osées. Combien de travail peut-on supposer dans une traduction de qualité ? Je me le demande mais je l’imagine colossale. J’espère qu’il y a et aura des retombées pour Sophie Voillot.
Faut dire que là où il y a de la lumière, il y a aussi de l’ombre.
Je vous invite à aller rencontrer Rawi Hage ici où il nous entretient de son œuvre en toute simplicité, avant le ras-de-marrée de récompenses, dans l'espoir de vous donner le goût de le lire car, quoiqu'on en dise, c'est le plus important.
2 commentaires:
C'est intéressant ce que tu mentionnes au sujet de la traductrice mais il faut réaliser ici que le livre a été jugé dans sa version originale anglaise par le comité. Mais, pour pratiquer la traduction sur une base régulière, je sais combien il est délicat de se glisser dans les mots d'un autre, tout en leur offrant un éclairage qui nous représente aussi un peu. C'est d'ailleurs fort intéressant de lire plusieurs traductions d'un même texte: ça en dit long sur la personnalité des traducteurs et leur façon de manipuler le langage.
J'allais faire un peu le même commentaire que Lucie. Dans le cas de cette bourse, le roman a été jugé dans sa langue originale. D'ailleurs, si j'ose m'avancer, je pense que le roman a été beaucoup mieux reçu en anglais qu'en français. C'est vrai qu'il a aussi gagné le prix des Libraires ici, mais je pense que la critique a été plus mitigée en ce qui concerne la version française.
Mais tu as raison de dire, Venise, qu'un auteur qui connaît un tel succès fulgurant avec une première oeuvre risque gros pour la suite des choses car il fait alors face aux attentes des lecteurs et des critiques. Je souhaite donc la meilleure des chances à Hage!
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