Faites comme chez vous

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vendredi 25 septembre 2015

Connaissez-vous David Goudreault ?

Je ne le connaissais pas. Ou à peine. Est-ce connaître quelqu’un que d’en entendre parler entre les branches : « C’est un slameur » « Il habite Sherbrooke » « Il est poète et parolier à ses heures » « Son premier roman "La bête à sa mère"* est dérangeant » et ... « Il se vend ! » * c'est La Recrue du mois !

C’est remarquable, un premier roman qui en est à sa quatrième impression, donc épuisé 3 fois ! On rit pu ! Ou plutôt, on rit à gorge déployée ! Je l’ai rencontré et il rit à gorge déployée mais pas nécessairement pour le succès financier du roman. Car ce succès-là, en chiffres, ça signifie tout au plus 10,000$ en poche. Tout n’est pas gagné et surtout pas la vie d’un jeune homme qui mord dans une vie moderne. Mais David Goudreault accepte les propositions connexes à son travail d’auteur et il fonce. À ce titre, il est aujourd'hui chroniqueur pour Ici Estrie Radio-Canada. Pour ce faire, il se promène continuellement avec un mini dictaphone et attrape toutes les idées qui risqueraient de s’enfuir, sinon.

J’en ai conclu après cette causerie de plus d’une heure qu’il est un être généreux. Et la générosité, c’est un boomerang, ça reviens. En autant qu'on ne le fasse pas pour ça. On pose des gestes parce qu’ils sont l'enchaînement naturel d’un autre geste et on n’attend surtout pas de résultat immédiat. On laisse à la graine du « temps » l'espace pour pousser dans la terre friable. C’est un être croyant, il l’a affirmé sans aucune gêne. Il ne sait pas exactement à qui ou à quoi il croit, mais il est fondamentalement certain qu’il y a un « plus » et que ce « plus » harmonise et compile les gestes gratuits et puis les fait fleurir. En tout cas, je l’ai compris comme ça. C’est matière à plusieurs interprétations quand on croit, même quand on ne sait pas à qui et à quoi ! J’ai aimé l’idée de croire au geste de croire en soi. Il me semble que c’est encore plus fort.
Cette rencontre a eu lieu à Magog le 12 septembre et j’y ai assistée, que dis-je, participé, au très convivial salon Chochoco*. L’homme s’est entretenu longuement et intimement devant une quinzaine de personnes. Sous l’invite tacite de Marion Transetti (Austin tout va bien), la responsable de cette rencontre, cette rencontre s’est rapidement transformée en causerie où chacun y allait spontanément de sa question ou de sa remarque. Elle a en effet accordé carte blanche à chacun, nous faisant remplir une feuillet avec des commentaires, conseils, questions. Chaque personne s’est mouillée, et remouillée car plusieurs – dont moi, ont posé d'innombrables questions. 

Ça fait deux semaines que j’y ai assisté (déjà !), je n’ai pris aucune note mais j’ai été assez frappé pour me souvenir de quelques réflexions. La liberté qu’il a trouvée dans le roman est précieuse pour le slameur qu'il est. Il a pu aller loin dans le comportement de son personnage principal justement parce qu’il ne parlait aucunement en son nom. Tandis qu’il a conscience de porter une certaine responsabilité de chacun de ses mots via la poésie et le Slam.
Une personne de l’assistance, qui semblait le connaître lui a demandé comment il se sentait depuis ce succès. Par la question, il y avait une manière de suggérer qu’en n'oeuvrant plus comme travailleur social, il y avait une part de sa responsabilité d’aidant éclipsée ; Comment le prenait-il ? C’est avec plaisir que j’ai entendu qu'il considère que grâce à sa tribune de romancier, il peux rejoindre encore plus de personnes. Il pousse un soupir de soulagement « Enfin ! ». Il est clair que cet homme est convaincu qu’il a à apporter un message ressemblant à un témoignage. Ce que j’ai remarqué et tout de suite aimé, il le fait à la manière d'un témoin, sans aucune prétention. J’ai senti la mission qui dépassait l’égo de l’homme. De toutes manières, si ce n’était pas le cas, le succès ne serait pas aussi marqué.

Vous savez que le deuxième (la suite du premier) est écrit ? Non ? Eh bien, je suis contente de répandre cette bonne nouvelle. Et même le troisième tome serait prévu. Sa créativité est effervescente. Quand on y pense, il jongle avec plusieurs paroles : celle du poète, du slameur, du parolier, du romancier.

Un point m’a frappé, c’est son rire et sourire quand il nous raconte les anecdotes horribles du roman ou celles tirées de son (ex) travail social. Ce sourire dénote la distance qu’il a avec son personnage, il en est assez détaché pour se permettre d'en jouer et d'en jouir. Pour jongler, il lance les balles et les rattrape avant qu’elles ne tombent et sourit à belles dents. De loin, sans l'avoir vu, je vous permets cette question : serait-il sadique ? Pas une miette ! C’est un joyeux, un heureux, un reconnaissant. Il ne cache pas qu’il en a bavé un coup dans sa jeune vie (il ne s’étend pas sur ce sujet probablement parce qu’il la transcendée), c’est clair qu’il a trouvé la voie pour s’en sortir et qu’avec sa voix particulière, il nous l’indique, avec ou sans musique.

Évidemment qu’un être qui a fait chanter les mots avant d’écrire son premier roman a des chances de les faire défiler enchanteurs. S’il y a une personne qui pouvait aborder de front un personnage aussi dur, aussi déroutant, aussi délinquant que son personnage (mozaille, que j’ai hâte qu’il lui donne un nom ! – au deuxième, dit-il), c’est lui, David Goudreault. Ne mettez surtout pas ce personnage entre les mains de n’importe qui!).

Bref, cet auteur ne se prend pas pour un autre, il se prend pour plusieurs autres ; des  personnages ancrés dans la matière lourdement humaine.

Café Bistro avec salon à multiples vocations
259 rue Principales Ouest - Magog

4 commentaires:

anne des ocreries a dit...

Je ne sais pas si j'ai envie de le lire, mais en tout cas, l'auteur est quelqu'un de bien, c'est clair.

Réjean a dit...

Je viens de le lire et j'ai beaucoup aimé. Je me réjouis qu'il y ait une suite.

Venise a dit...

Anne : Quelqu'un de bien : en plein ça ! J'imagine que ta réticence vient de la violence faite aux animaux. Je comprends ta sensibilité.

Venise a dit...

Réjean : Enfin, des titres que nous lirons en commun ! Vous viendrez me dire si vous avez aimé le deuxième. Il ne devrait pas trop tarder.