Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

dimanche 30 novembre 2008

Je fais ouf !

Depuis vendredi, je suis dans un Salon d’Art, derrière la table, pas devant. Quelle expérience ! Ma première journée a été catastrophique, un genre de malstrom émotif. Premièrement, ce que je devais vendre, je ne l’avais pas. Ça part mal un bal, sans sa robe finalement.

Ma première motivation pour m’y inscrire était de vendre un calendrier conçu et dessiné par Marc. C’est la deuxième année que nous tentons l’expérience et jaugeant un peu le genre de clientèle de Salon de Noël, j’ai suggéré à Marc de concevoir un calendrier un peu commercial, dans le but de plaire à cette majorité, pas silencieuse du tout quand elle détient le gros bout du portemonnaie. Il a fini par accepter, même si ça semblait l’emballer plus ou moins (j’aurais dû me méfier !). Pour moi,
ça s’appelle faire des concessions pour gagner sa croûte, pour pas seulement en manger.

Ce que je n’avais pas prévu, et il n’a aucunement aidé à ce que je le prévois, c'est que la nature de mon chum prenne le dessus. Le calendrier en est un, littéraire, il y a d’inclus une petite histoire, poétiquement vôtre, sur le temps. Elle est tout simplement adorable l’histoire, mais c'est un peu surprenant sur un calendrier. En plus, il s’est arrangé pour que je ne lui demande pas d’en faire un autre l’année prochaine (!) puisqu’il couvre 30 ans. Il est spécial, et je parle pas seulement du calendrier ! Je ne saurais pas cette fin de semaine si, malgré sa spécificité, il trouvera preneur puisque Marc est arrivé avec un seul exemplaire vingt minutes avant la fin du Salon. Au moment exact où les gens se remballent, et leurs affaires aussi.

Comment lui en vouloir ? Il a travaillé aussi fort que pour être à temps. Sur un calendrier sur le temps. Tiens, tiens, je commence à comprendre le message, les calendriers devraient toujours avoir 30 ans avec mon chum d’artiste. Le message est clair.

Mais c’est bien beau tout ça, mais qu’est-ce que j’ai vendu en lieu et place ? J’avais les galets de mer de ma belle-sœur transformés en famille de coccinelles de toutes les formes et couleurs. Des sacs en tissus cousus par ma toujours belle-sœur enceinte jusqu’aux yeux, idéal pour transporter des livres. Quels livres ? Un album pour enfants « Un morceau d’étoile filante » et un recueil de poésie « Éventail & Motif » illustration de Marc et mots de Venise. Mais ce n’est pas facile à vendre des livres artisanaux d’auteur et illustrateur inconnus. Alors, le samedi, quand une dame m’a tendu le recueil de poésie en déclarant « Je le prends" j’ai répliqué « Vous êtes sûre ? », ce à quoi elle m’a répondu « Je n’ai peut-être pas l’air profonde comme ça, mais … ».
Ne vous en faites pas, je me suis racheté et elle l’a acheté. Elle est même revenue me voir deux heures plus tard me disant, je l’ai presque fini (elle l’a lu sur place dans un genre de petit café du Salon). J’espère qu’elle et moi partageons la même définition de la profondeur. Je porte une étiquette « femme lumineuse » mais la profondeur fait parfois descendre dans les bas-fonds.

Je ne vous l’ai pas encore dit mais samedi, j’étais franchement déprimée en sortant de là. J’avais l’impression que la famille de coccinelles s’était agrandie, au lieu du contraire, ce pourquoi j’étais là. Et tout le monde autour avait assez bien vendu. Évidemment, qu’à ce moment-là, on se demande : est-ce qu’il y a quelque chose que je fais de trop ou de pas assez ?

Le lendemain (aujourd’hui), je suis arrivée avec une énergie neuve, j’avais même demandé à mes anges de m’accompagner, vous savez, ceux-là qui n’ont pas besoin de tabouret. Et ça s’est beaucoup mieux passé. La famille coccinelle a perdu des petits de sa portée, j’ai vendu un sac et des albums. Ma technique pour les albums ? Je me suis mise à raconter l’histoire aux adultes, quitte à risquer l’attroupement … j’allais chercher leur cœur d'enfant en ouvrant le mien. Gens timides, prière de s'abstenir.

À la fermeture du Salon, il y a eu un tirage parmi les « vendeurs ». J’ai gagné un mini massage.

Je l’ai pris comme un message.

vendredi 28 novembre 2008

Le public prend la parole ...

Michel Tremblay la prend aussi.
Avant de la lui donner (le lien) pour un discours bien senti sur la culture avec son grand C s’il vous plaît, on dit … y paraît, qu’il est le préféré du Salon du livre de Montréal. Premièrement, il y est à chaque année, et la file de fans est longue, et patiente, Ensuite, il engloutit les Prix, année après année. Cette année, c’est le Prix du Grand Public (du Salon) pour La traversée du continent. Quel auteur prolifique quand même ! Et mon « quand même » est pour tout le côté tendance à le prendre pour acquis. J’ai tellement l’impression que malgré toute la reconnaissance qui lui est accordée, à sa disparition, le peuple va se déchaîner. Il deviendra un emblème et ses paroles porteront loin, feront la traversée du continent, sans chaloupe et aviron, en glissant seulement sur l’ère du temps. Mais en attendant, lisons-le, écoutons-le, touchons-le …ici, il nous parle Culture.


L’équation mathématique du Grand Prix Archambault :
20 finalistes – 22 oeuvres

Pour toute la logique prescrite de l'équation, on retrouve deux écrivains dans deux catégories :

Grand Prix littéraire, prix du public (9e édition)
Grand Prix de la relève – Prix du jury (6e édition).

Les écrivains qui cumulent deux catégories, donc deux chances, sont :

Pierre Szalowski pour Le froid modifie la trajectoire des poissons
Véronique Papineau pour Petites histoires avec un chat dedans (sauf une)

Avez-vous remarqué ? Les chats … les poissons, c’est gagnant …
Bien oui, je dis n’importe quoi mais c’est permis, c’est un blogue (sourire, soupir, sourire)
Encore des chiffres ?
10,000 $ au gagnant de chaque catégorie + 2,000 $ à la maison d’édition
23 avril = Dévoilement du gagnant - journée mondiale du livre et plus important encore l’anniversaire du Passe-Mot (hum … hum).

Et qui décide du Prix du public (attention, la pas lisse va parler) : le public pardi !
Comment ? En votant, sur le site Archambault, bien sûr. Même si j’en ai lu seulement 5 sur 10, j’ai voté hier, pour le fun, pour vérifier la fréquence du vote et c’est bien 1 fois par jour N’empêche que … et là, je baisse la voix, approchez-vous l’oreille très près, je ne voudrais surtout, mais surtout pas, repartir un débat mais, entre nous, pour gagner, ça aide d’avoir beaucoup, beaucoup d’amis, de connaissances, de relations, de liens …
Chut ! J’ai rien dit, ce n’est pas grave, c’est comme ça, c’est l’auto justice du Prix du public. Et le plus important n’est-il pas de féliciter les 20 finalistes (liste complète) :

BRAVO et bonne chance à tous !

mercredi 26 novembre 2008

Il faudrait pouvoir tout dire

Il y a de belles et grandes histoires qui commencent et sont marquées à jamais par les mots. Eh bien, je vais vous en raconter une et j’espère qu’elle va vous intéresser. Les fidèles du Passe-Mot ont sûrement constaté que Christian Mistral le fréquente, mais comment notre échange a-t-il commencé, vous l’êtes-vous déjà demandé ? Disons que oui, pour toute la beauté de l’histoire.

Tout a commencé entre nous avec le mot « sémantique ». Je suis une femme qui aime les mots, c’est vrai, mais jamais, jamais, jamais autant que Christian Mistral ! Je n’ai jamais vu, de ma sainte vie vu, quelqu’un autant aspirer les mots, les savourer, les avaler, les recracher, le tout avec un appétit vorace. En cachette, dans ma tête, je l’affuble du titre « archéologue ». Il fouille, creuse la terre des mots, jusqu’à ce qu’elle revole et qu’il trouve sa source, le menant au bon mot, la bonne référence, la bonne expression. Et sa mémoire s’en empare dans l’instant parce qu’il n’est pas écrivain le jour où il ouvre son ordi pour mettre en branle sa prochaine œuvre, il l’est jour et nuit. Il n’écrit pas, il est écriture. C’est son air, son inspiration, son expiration. Sa vie !

Alors, imaginez bien le tableau, c’est pour ce grandiloquent écrivain que la vie, le temps qui presse, un peu de négligence sûrement ont fait en sorte que plusieurs grossières fautes d’orthographe se retrouvent sur le compte-rendu de son dernier-né, Léon, Coco et Mulligan. Pour tout dire, j’avais même inversé le titre en le classant. Alors le jour où, toute en innocence, je visite son blogue Vacuum II et que j’écris dans un commentaire : « ce n’est qu’une question de sémantique » : Boum ! Ça a explosé ! Après un échange assez tumultueux, disons-le, il a fini par gentiment m’offrir de les corriger, me promettant que ça resterait entre nous !!! Ce qu’il ne savait pas encore est que son « Il faudrait pouvoir tout dire », cette citation de James Joyce, bien assise sur sa page d’accueil, je la faisais mienne également.

Aujourd’hui, nous échangeons de mieux en mieux. Nous sommes très différents dans notre manière de réagir, et de dire, deux planètes, en fait. Nous avons donc intérêt à huiler nos vaisseaux pour se visiter et nous le faisons de bon cœur. En tout cas, j’y ais mis du mien, pour ce désir vibrant d’être comprise de lui et, inévitablement, l’avez-vous déjà remarqué, qu’en donnant beaucoup, on recueille souvent tout autant.

Il y a aussi, j’imagine, le fait que je me sois ouverte à son style, par Valium, oui, que j’ai avalé comme une affamée, mais surtout lu et relu ce qu’il écrit dans l’abondance folle de son inspiration débridée, pesant ses mots ou les faisant sauter du poêlon. Ceci dit, c’est sans compter (il faudrait justement pas les compter !!!), ces courriels échangés auxquels je devais répondre. J’ai été acculée à une seule issue, m’exprimer avec courage et hardiesse, afin qu’il me saisisse mieux que bien. Cela m’a obligé à affronter les mots de mes maux. Au frôlement de son contact, de son énergie de gaillard guerrier, j’ai senti s’ouvrir en moi une vaste vanne et je les vu déferler, ces mots, se faire leur place d’eux-mêmes, se bousculant les uns les autres. Il m’a entouré, encouragé, mais pas trop, juste ce qu’il faut pour que je continue à pousser mes limites. De toutes manières, y a-t-il tant à rajouter qu’être lui-même, l’écrivain qu’il est, bouillant de sa fougueuse écriture ?

Jusqu’à aujourd’hui, nous appelions notre amitié, la clandestine. Mais pourquoi clandestine, me suis-je tout à coup demandé ? Il y a certaines fréquentions qui méritent de prendre l’air rafraîchissant du jour.

Et s’en est une, incontestablement s’en est une.

Invitation : Allez visiter l’archéologue directement en ses terres où il a récemment débroussailler dans un foisonnant billet le mot « étriver ». Vous allez constater par vous-même ce que je veux dire.

mardi 25 novembre 2008

La suppléante - Anne Bonhomme

Un roman jeune, c’est ainsi que j’ai le goût de commencer. Tout y est moderne, frais, au goût de l’heure, à commencer par le thème de la suppléance. Les profs craquent de toutes parts, par en-dedans par en-dehors, il faut les remplacer, toujours ou momentanément et c’est là qu’arrive la musicienne en peine d’amour. Mathilde. Est-ce qu’une école primaire et son trop-plein de problèmes est le meilleur endroit pour oublier une peine d’amour toute garnie, all-dress si vous préférez ? Parce que Mathilde ne s’est pas seulement fait larguée par le chum mais aussi par le groupe de musique dans lequel ils jouaient.

Pas facile. Mais ne vous en faites pas trop, le ton est léger au possible, pétille de bonne humeur malgré l’adversité. Le style, lui, suit de près ce ton et se lit à peu près comme il se parle. Un style familier assez réussi, avec le petit côté « journal de bord », je vous assure qu’on la suit de très près, Mathilde, dans ses aléas d’enseignante, de musicienne et de jeune femme transie d’amour (vous avez deviné, elle jette rapidement son dévolu sur un autre). J’avoue qu’à certains moments, j’entendais un téléroman dans ma tête. Pourquoi pas ? Il s’agit d’ajuster son appareil, ne pas attendre de pied ferme la phrase inspirée, enflée de métaphores et d’images fortes.

C’est certain que l’originalité en souffre, aussi je suis heureuse d’avoir déniché à la dernière page les 19 titres de chapitres qui sont autant de chansons québécoises. Pour un petit bouquin qui nous entretient de musique et de chansons, j’ai trouvé ça joliment ingénieux. Quant à moi, je n’ai pas été vite, j’ai allumé au douzième titre seulement « Chamaille Chamaille » de Chloé Ste-Marie. On fait ce qu’on peut !

L’histoire s’enfile bien, il n’y a pas de glissement de terrain, pas de sauts de kangourous et de fausses pistes, et le propos a sa part d’esprit critique vis-à-vis le fonctionnement des écoles, mais toujours sur le ton de la légèreté. Avec ces données bien en tête, il s’agit, comme on dit, de ne pas bouder son plaisir.

J’ajouterai, pour toute la franchise que vous attendez de moi (elle ne manque pas de prétention la madame !) que, pour ma part, j’ai été très moyennement intéressée par cette histoire qui manquait de piquant pour me tenir, disons, alerte.

Encore une fois, une question de constitution de l’esprit !

Domiciliée à Montréal, Anne Bonhomme est orthophoniste, profession qu'elle a exercée pendant plus de treize ans au sein du réseau scolaire québécois. La Suppléante est son premier roman.
La Suppléante, STANKÉ, 260 pages.

dimanche 23 novembre 2008

Ma dédicace

Je serre le livre entre mes mains, je m’y accroche pour me donner l’élan du courage. Mon cœur est celui d’une collégienne. Je le vois tout à coup, Jean Barbe est debout, termine une discussion. Je m’approche, lui tends le livre qui me brûle les doigts. Il me salue, pirouette, offre à mes yeux des épaules carrées, raidies de tension. Marche-t-il, vole-t-il ? Le voilà plus loin, je l’entends me clamer un « Je suis là ! ». En le suivant au pas, je marmonne, comme on sait si bien marmonner quand on ne veut pas être entendu « Ça tombe bien pour se rencontrer que vous soyez là ». Heureusement, il n’a rien compris. Le voilà assis, il s’est laissé un petit carré de table devant lui, derrière ses piliers de livres, forteresse basse qui laisse de la hauteur à l’homme. Brusquement, il relève la tête et tend la perche à la lectrice que je suis, souvent la seule possible : « Comment vous appelez-vous ? »

Venise !

Le mot entre dans sa tête, rebondit sur le mur de ses méninges, essaie de s’entendre sans ses gondoles et son eau vive. Soudain, je vois qu’il voit. Il se trémousse grandement et, par un mime, s’excusant de ne pas m’avoir reconnu dans l’instant, de ses mains, il cadre la petitesse de ma photo. Que je le comprends ! Combien il ne doit pas être évident de voir sortir une tête de son cadre de timbre-poste. Et que cette même tête soit déposée sur des épaules solides prolongées d’un corps qui s’impose sans même le vouloir.

Mais nous voilà déjà à parler des derniers événements dont vous connaissez la teneur. On échange nerveusement, sur le comment et le pourquoi. Des phrases se disent, s’interposent, s’indisposent d’elles-mêmes, on en dit peu pour tout ce qu’on pourrait en dire de trop.

Et, tout à coup, obligation au silence, malgré la chute de mots qui continue de bruire en moi, c’est l’heure du retour à la page blanche. L’écrivain prend une gorgée d’inspiration, se prépare à plonger dans la marge de son livre pour le marquer à jamais dans le cœur du papier. C'est le moment solennel d’inscrire une histoire en-dehors de l’histoire, d’officialiser le lien entre l’auteur et le lecteur. Je me mortifie de silence, par peur de m’interposer sur la trajectoire de sa plume à sa tête. Vers la fin, à bout de souffle d’étouffer mes mots, mais aussi par peur de n’avoir jamais rien dit de l’essentiel, je laisse échapper un « J’adore le club de lecture chez Bazzo, c’est jouissif ».

La tête toujours baissée, je l’entends me dire qu’il se plaît à exagérer ses opinions, il me jette un coup d'oeil, espère que j’ai remarqué qu’ils les poussent dans leurs derniers retranchements. Pour faire réagir. Je le rassure, je dis beaucoup aimer cette broue qui se ramasse à la surface du remous, que ça m’en donne plus que mes oreilles et mes yeux peuvent en prendre. Et au même moment, dans ma tête, je revois avec amusement la dernière émission et l’air des deux comparses, sur le bord de l’indignation.

Et puis, d’un geste presque théâtral, il me remet l’exemplaire. Il est maintenant à moi. Et pour moi. Sentant la fin, je me trouble, je bredouille un « je vous dirai qu’est-ce que j’en …. » Il hoche la tête, son menton pointe le livre. Est-ce qu’il pense que je vais lire la dédicace, debout devant lui, en toute impudeur ?! Je dois me pousser hors du sentier de ses yeux, ça urge. Mais, auparavant je le remercie, essayant de transmettre à son âme de valeureux la plus haute vague de chaleur humaine dont je suis capable ... et je m’éclipse.

Me voilà qui courre par longues enjambées. Je fuis, je me fuis, en proie à la sensation d’avoir fait une Odette Toulemonde de ma personne.

Et puis, je m’arrête brusquement, n’en pouvant plus. Fébrile, je soulève la couverture et, seule au monde, au cœur de la grouillante cité du livre, je lis ma dédicace.

*****

… Vous êtes déçus ? Je le sais bien, vous vouliez lire la dédicace avec moi ? Mmmm … Je suis tout à fait consciente de vous décevoir et j'en suis désolée. Mais, j’ai une solution pour vous ! Allez rencontrer Jean Barbe à un prochain Salon. Vous en aurez une pour vous tout seul, une dédicace !

samedi 22 novembre 2008

Ma visite au Salon du livre

Premièrement, c’est bête à dire mais ça commence par devoir payer sa cote pour entrer. Pour un couple, 16 $, ça fait presqu’un livre que l’on remet à l’administration du Salon. Ça fait un peu mal au cœur, surtout que j’ai appris de résidentes de Québec, que leur Salon se contente d’une pièce de 2$.

Une fois la tête levée de la carte du programme, à planifier une trajectoire à travers les rues de la Ville du livre, j'ai été émerveillée. Pas devant la ville, montage de toutes pièces assez clinquant, ni à sa rumeur couvrant ma palpitation cardiaque, mais devant les touristes arrivant en ville. Ça entre par flot de femmes, d’hommes et d’enfants, avec dans la figure l’avidité des loups qui visent le plus de proies possibles. Une phrase s’est alors inscrite dans ma tête : « Le livre au Québec se porte bien ».

Et laissez-moi mes illusions ! C’est mon tonique pour ne pas m’anémier :-) ...

Notre première course va vers Québec Amérique (ce n’est déjà plus une ville mais un pays !), un rendez-vous imprimé dans le temps pour débusquer les blogueuses, Laurence et Venise. Serons-nous aussi vraies que nos personnages ? Jusqu’à la rencontre dans la chair, nous sommes des images qui interagissons avec plein contrôle sur nos mots. On le sait, on en fait ce que l’on veut, des mots. L’audace est facile derrière un écran, les sympathies, archi faciles. Nos incarnations toutes en imperfection ont cliqué tout de suite ou, en tout cas, aussitôt que l’on m’a indiqué du doigt l'auteure de La danse de la méduse, Laurence Prud'homme, toute incapable que j’étais d’accoupler la photo à la femme vivante. Parce que vivante, elle l’est, et rousse aux yeux pers verts en plus. La voilà démasquée. Je l’ai fait travaillée, elle a dédicacée mon exemplaire déjà lu. J’y tenais mordicus.

Le après est une suite de déambulements, les yeux écarquillés, ma main de fer dans ma paume de velours, m’empêchant de saisir tout roman et de l’enfiler dans mon sac Boréal. Ça prouve jusqu’à quel point, le Salon, c’est à aborder comme un voyage, la carte et le plan d’achats en mains, le sac à dos et la semelle moelleuse. En ce sens, j’admire ceux qui partent avec leurs « chèques de voyage », ceux qui prévoient leur budget « livres » je veux dire. Moi, je ne n’en avais presque pas, puisqu’il s’avale de lui-même toute l’année durant.

Pareil au Salon de l’Estrie, nous nous sommes gentiment fait agripper (serions-nous des proies aux regards candides ?) par un auteur en mal de clientèle pour « L’essentielle errance » à classer parmi les beaux livres. L’auteur, Rémy Perras nous expliqua avec passion qu’il s’agissait d'un voyage introspectif sur les routes de l’Inde et de l’Europe, de lui et sa conjointe, qui avait donné ce recueil de chroniques à déguster à petites doses sucrées d’illustrations et de mots qui envoient errer les soucis dans la sphère du spirituel. C’est ainsi que je l’ai compris, mais j’ai quand même dû décliner l’offre pour le 40 $ qu'il aurait fait sortir de ma poche.

Je retiens aussi du Salon, une histoire de rencontres entre blogueurs et blogueuses qui se reconnaissent à grands coups de « C’est toi ?! » et d’embrassades. Pour la conférence-atelier « La relève intérieure », nous étions plusieurs : Catherine, Karine, Pimpi, Claudio Pinto, Lucie, Marc et moi à assister à l’exposé d’un trio féminin qui, dès leur premier roman, ont abordé des thèmes difficiles : Le viol pour Mélanie Gélinas dans Compter jusqu’à cent, le doute et la mort pour Julie Gravel-Richard dans Enthéos et l’anorexie pour Marie Lefebvre dans Les Faux-départs. L’animatrice, Anne Pascale Lizotte a fait remarquer qu’un autre point commun les ralliait, elles sont toutes des professeurs.

Pas facile ces rencontres de 25 minutes sous une gigantesque alcôve à plafond ouvert où persiste la bruyante rumeur du salon. Il faut savoir jeter rapidement un couloir entre l’assistance et l’estrade, ce qui n’a pas été fait. Le quatrième mur est resté épais. Au dernier « cinq minutes », l’animatrice a commencé à découvrir notre présence et c’est aussi durant ce segment que les écrivaines ont commencé à se réchauffer, oubliant l’incongruité de s’apprivoiser sur une scène.

Malgré tout, je considère ces rencontres « exposition » mieux que rien. Pour le pendant et surtout le après. Comme le prochain « spectacle » allait dans 35 minutes, les blogueurs se sont attroupés comme sur le perron d’une église auprès des auteures qui ont bien voulues demeurer avec nous. J’ai eu le bonheur de faire la connaissance de Claudio Pinto, un blogueur musicien que je connaissais à peine. Une rencontre marquante pour moi et Marc.

Quant à moi, j’ai abruptement quitté le perron jacasseur pour ne pas manquer une dédicace. On avait beau m’avoir dit que la séance serait probablement prolongée, je n’ai pris aucune chance là-dessus … et je ne l’ai pas regretté.

J’ai conclu avec moi-même de rédiger un billet sur la dédicace sous l’angle général et celui, particulier, de la dédicace de Jean Barbe sur mon exemplaire Le travail de l’huître.

Achats, non dédicacés :
Et je te demanderai la mer - Stéfani Meunier (pour une fois que le Club Bazzo est unanime !)
Le ciel de Bay City - Catherine Mavrikakis (je l'ai vu dans tellement de mains, qu'une blanche jalousie m'a envahie).

jeudi 20 novembre 2008

Encore des Prix !?

Oui, oui, encore des Prix littéraires ! J’ai comme tout à coup l’impression qu’il n’y a que ça au Québec des Prix littéraires. Mais avant d’entamer le gâteau, je souligne que le forum du Passe-mot sur le Prix littéraire des Collégiens est toujours ouvert et que s’y engouffrent encore des opinions fermes, à réfléchir et à discuter.

Je sais, ça ne fait pas très « scoop », presque de l’histoire ancienne, tellement un Prix en déclasse un autre mais il faut le dire, les Prix du Gouverneur Général ont été distribués

Ce qui me frappe ?
1. Marie-Claire Blais vient de le gagner pour la quatrième fois !
2. Jennifer Tremblay, La liste, catégorie Théâtre, avait soumis son texte à plusieurs maisons d’édition et à plusieurs reprises. Elle a fondé la très charmante maison d’édition La Bagnole, s’est auto-publiée, et la voilà gagnante du Prix du Gouverneur.
À retenir : on n’est jamais mieux servi que par soi-même et prière de ne jamais se juger comme écrivain par les refus des maisons d’édition. (photo du livre en en-tête, parce que le théâtre passe souvent inaperçu et les petites maisons d'édition aussi).

Grand Prix du livre de Montréal
Le ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis
Deux liens, un descriptif et l’autre, plus subjectif.
Ce qui me frappe ?
Il est au menu du Prix littéraire des Collégiens.

Dans le cadre de la cérémonie officielle de remise des Prix du Québec ayant lieu hier (déjà plus à date, je suis !) Suzanne Jacob, poète et essayiste s’est vue décerner le Prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre. Premier roman Flore cocon en 1978 et, depuis, 30 ans d'un parcours diversifié : romans, poésies, nouvelles et chansons.
Qui l’a connait et l’a déjà lue ? J’aime bien « rencontrer » un écrivain dans l’intimité de ses œuvres avant la consécration. Mais qu’on se le dise, les Prix, c’est important puisque ça y est, elle naît sous mes yeux et je vais maintenant porter attention à son nom et son oeuvre.

Deux prix importants pour La Mesure d'un continent : Atlas historique de l’Amérique du Nord 1492-1814 - Raymonde Litalien, Jean-François Palomino et Denis Vaugeois - chez Septentrion : Le Prix Hercule Catenacci 2008 et le Prix Marcel-Couture 2008

Et finissons en beauté par un APPEL À TOUS parce que c’est si beau les appels à tous. Chantal Guy et son blogue que j’aime tant (est-ce que ça paraîtrait par hasard ?) fait cette demande en vue d’un spécial Découvertes :
Parmi les écrivains qui ont publié cet automne, lesquels, selon vous, auraient mérité une meilleure couverture médiatique? […]. Certains en sont à leur deuxième, troisième ou quatrième roman, mais tombent souvent dans les crevasses de l’actualité, entre les écrivains établis et les nouveaux visages.
Il y a déjà des propositions sur la table, et en-dessous, c’est le temps de donner un coup de main à l’écrivain que vous avez aimé et qui est passé dans « les crevasses de l’actualité »

Et comme chacun sait, c’est parfois bien profonds, des crevasses d’actualité.

lundi 17 novembre 2008

Débat : Prix littéraire des Collégiens

D’une manière tout à fait impromptue, à la suite du billet « Connaissez-vous votre littérature québécoise ? », un débat s’est ouvert sur le processus de sélection des titres pour le Prix littéraire des Collégiens.
Le débat prenant des proportions plus importantes qu’escomptées, et commentaires pertinents s’ajoutant aux commentaires pertinents, il s’impose pour moi de placer ce débat sur la sellette.
Ce qui compte pour moi, avant tout, est la communication permettant de chasser les idées erronées ou tout malentendu. Ou, ce qui est tout aussi bien, susciter le goût de la réflexion chez les décideurs, quels qu’il soit.
J’espère que vous serez nombreux à réagir parce qu’après tout, un débat, c’est fait pour ça. Et au Québec, on se plaint souvent qu’il n’y en a pas suffisamment.

N.B.: Dans le copier-coller des commentaires, j'ai retranché les interventions qui n'avaient aucun rapport avec la question du jour. Cependant, il est toujours possible d'aller à la source du billet pour l'intégralité.

Réjean a dit ... Ah, je l'oubliais celui-là. Je suis donc allé voir le choix pour le prix des collégiens. Je n'ai lu que Proulx, comme vous le savez. Il y a le recueil de nouvelles de Johanne Alice Côté qui m'intéresse, malgré ce qu'en a dit Barbe à Bazzo. Les autres restent à découvrir, sauf Ying Cheng dont j'ai décroché parce que je la trouve trop hermétique depuis L'ingratitude. Allez-vous écrire un billet là-dessus pour susciter les débats ?
14 novembre 2008 19:23

Venise
a dit…
@ Réjean : Je vais écrire un billet en autant que j'en ais lus 3 sur 5. Ce qui veut dire que je dois me procurer "Le ciel de Bay City" de Catherine Mavrikakis et Mégot mégot petite mitaine de Johanne Alice Côté. Moi aussi, je n'ai pas été découragée d'entendre Jean Barbe, je persiste et je signe. Et pour ce qui est de Mavrikakis, ça fait presque une éternité que je veux la lire et après le billet d'aujourd'hui de Clavier bien tempéré (Lucie), c'est devenu une urgence. De toutes manières, je me vois mal partir le moindre débat avec une seule lecture (Champagne).
J'espère que vous avez remarqué, Réjean, que nous avons cinq finalistES ? Je ne peux m'empêcher d'en être fière même si j'y suis absolument pour rien !
14 novembre 2008 19:45

réjean
a dit…
Ne vous enlevez pas tous les mérites, Venise.
14 novembre 2008 19:49

Mistral
a dit…
Revoilà ce prix des collégiens, déjà. Quelqu'un, brossez un topo minimal de son fonctionnement. Sauf évidemment si c'est pas important, ni même pertinent, ni du tout amusant.
15 novembre 2008 02:31

Venise
a dit…
@ Mistral : Le Prix des collégiens, on va en reparler, c'est sûr. Mais ça ne va pas changer l'immuable.
15 novembre 2008 11:17

Danaée
a dit…
Mistral a raison de mentionner le prix des Collégiens. C'est un des prix importants pour la littérature québécoise... Et les finalistes étaient dévoilés ce matin dans le Devoir!
15 novembre 2008 12:22

Mistral
a dit…

JUUUUULIEEEEE!

Ok, je pige, tu me taquines.

Tenez, ma version softcore.

15 novembre 2008 13:14

Venise
a dit…
@ Mistral : Pour le Prix des Collégiens, c'est ce que j'ai conseillé ci-dessus à Réjean de cliquer chez Chantal Guy, première de mon blogroll.
15 novembre 2008 13:43

réjean a dit…

@ Mistral : Je viens de lire ce que vous dites sur le blogue de Chantal Guy à propos du prix des collégiens et je partage entièrement votre avis. L'an passé, sur différents blogues, dont celui de Venise je crois, j'ai émis de sérieuses réserves, avec beaucoup moins d'élégance que vous, sur la sélection des ouvrages par les critiques du Devoir. Cette année, je n'ai pas tellement le goût de revenir là-dessus sans risquer de devenir cynique. Mais si vous voulez brasser la cage, allez-y fort, il y a une grosse job de bras à faire.
15 novembre 2008 19:47

Venise
a dit…
@ Réjean : Et là, c'est sûr que vous venez de me piquer la curiosité, je vais aller lire le commentaire de Mistral.
15 novembre 2008 19:57

Mistral a dit…
Cool, Réjean. On est deux.

Ces affaires-là, je vous en parle en gars qui ne conduit ni ne patine mais comprend et connaît tout plus le reste de la mécanique spécifique du littéraire au Québec, depuis ses seize ans et sans mérite aucun, sans l'avoir cherché, pourquoi cela est limpide et la gestion d'un compte d'épargne ou la sensibilité et le plus clair des valeurs de mes concitoyens m'est incompréhensible, I mean rien, pas un iota de sens intelligible pour moi, un sérieux handicap, pourquoi j'en sais rien non plus, mais c'est ainsi; en tant que ce gars-là, donc, je soumets que cette affaire n'est surtout pas de celles qui se résolvent comme vous le suggérez (ce serait le sens commun, right? J'assaille pas votre suggestion, ici, je lui apporte seulement le meilleur outil, ké?), d'ailleurs fort peu le sont, ici moins qu'ailleurs: vite de même, j'ai souvenir d'aucune grosse crosse du genre qu'un éclat, un coup de gueule, un blitz d'indignation par une personnalité quelconque ait pu éradiquer, au contraire le racket se déguise et se dissimule mieux et devient donc pire.

L'ombre, voilà ce que ces embrouilles ont en commun, la protection du pas trop expliqué, reposant sur l'apathie et l'usure de nos facultés d'indignation, de l'obsolescence des tollés; ça, Réjean, c'est du cynisme crasse, mais c'est le leur, pas le vôtre.

Non, voyez-vous, il suffit d'enlever l'ombre. Sans éclats, sans argument moral, sans rien de ces archaïques pétoires, juste en disant qu'on le sait, ici et chez moi et chez vous et ça prend pas de temps que c'est consigné un peu partout, enfin en deux ans trois max la cochonnerie disparaît sans faire de bruit.

C'est le genre de job de bras que la Tribu effectue de temps en temps, ché pas si vous parlez de ça. Ici, ça dépasse ce cadre parce que les sources du mal ne sont ni localisées ni hiérarchisées. De plus, chaque cégépien mis au courant vaut autant que chaque prof de cégep honteux d'avoir joué le jeu. Ce serait du gâteau.
16 novembre 2008 00:31

Venise a dit…
@ Mistral : Un instant, on est trois.

@ Réjean : Je m'apprête à lancer quelques questions à Maxime qui a participé au Prix des collégiens l'an passé. Il aurait beaucoup aimé y participer encore une fois cette année mais ses études l'amènent en Europe 4 mois. Ses commentaires sur les livres finalistes de l'an passé m'ont à ce point impressionné que j'ai commencé à le courtiser :-) pour qu'il se joigne à La Recrue. Nous nous apprivoiser et il a finalement accepté.

Qu'un jeune de 19 ans collabore avec cette qualité d'intervention à La Recrue me remplit de fierté. Je voulais vous demander si vous aviez des questions pour lui, je les joindrais à mon entrevue. Il est d'ailleurs bien flatté de recueillir cette attention.
16 novembre 2008 12:24

Mistral a dit…
@ Maxime : Ben moi, oui. Maxime, sais-tu ce dont on fait état ici et là à propos de ce prix, et si oui comment peux-tu songer à y participer encore, croirais-tu par hasard qu'une jolie plume et quelques lectures et l'âge de Rimbaud triomphant dispensent d'endosser sa part morale? Ils vont me trouver dur, encore, ils vont dire kin il s'en prend aux enfants maintenant. Fuck em. C'est à toi que je cause, et un service que je te rends: c'est au début qu'on doit décider quel écrivain on sera, à la fin c'est trop tard. Fais-toi une faveur, écris jamais une virgule pour des crosseurs, protège ta signature comme tes couilles et tu auras toujours raison et tu pourras envoyer chier papes et présidents s'ils t'apostrophent.
16 novembre 2008 12:54

réjean a dit…
Je voudrais savoir s'il trouverait envisageable que la sélection des 5 titres se fasse par un comité d'étudiants plutôt que par les critiques du Devoir. Bien sûr, cela supposerait que ces étudiants lisent beaucoup de livres pendant plusieurs mois pour en sélectionner 5. Pour ma part, si cela se faisait, je crois qu'on aurait une sélection finale beaucoup plus représentative des goûts des collégiens. Mais peut-être que cela est trop compliqué à organiser...
16 novembre 2008 12:58

Mistral a dit…

Ben oui, Réjean! Envisageable? C'est le minimum envisageable. Et pas plus compliqué que le processus actuel. Mais pourquoi une pré-sélection? C'est cela qui est odieux! Ça et qu'elle soit faite au Devoir. C'est le Prix du Devoir, fuck.

Tous les collégiens du territoire peuvent recommander, disons, trois livres. Phase 2, on dépouille et cumule et les cinq premiers sont en lice. Pas de comité. Maudits comités. Un soviet avec ces gens-là qui siègent! Te figures-tu que Stan lit beaucoup de livres pour choisir ces cinq? Et DesMeules, cet imbécile: il peut lire jusqu'aux noces de Tremblay avec Nelly Arcan, il comprendra pas plus.

Le Prix des Collégiens aux Collégiens!
16 novembre 2008 13:12

réjean a dit…
D'accord avec vous, Mistral. Ce serait la moindre des choses. Et peut-être qu'il y aurait moins de titres de Boréal en majorité (excusez-moi, je sais que c'est votre éditeur, mais je n'ai pu m'en empêcher) : 3 sur 5 l'an passé, 2 sur cinq cette année, ce qui désarçonnerait Laurin qui ne lit que du Boréal... ou presque.
16 novembre 2008 13:28

Venise a dit…
Je suis parfaitement d'accord avec cette idée. C'est dès le départ du processus que les étudiants doivent être concernés, sinon, le message entendu est : on va choisir pour vous parce que vous en êtes pas capables. Les lectures imposées, ils en ont suffisamment au programme. Un Prix, c'est une question de confiance, pas un semblant de confiance, de la vraie et qui commence donc dès le début du processus.

L'année passée, je mettais le pied dans cet engrenage très prudemment, je pensais que tout était lisse et sans aspérité, tout en limpidité aussi, j'ai donc été posé la question à Stanley Péan sur son blogue : Comment se choisissent les titres des finalistes proposés aux jeunes ? Ce qui m'a amené à cette question est l'impression que les titres ne leur ressemblaient pas. J'ai aussi demandé à monsieur Péan de venir en débattre sur Le Passe-Mot. Comme il n'est jamais venu, je me permets de reproduire sa réponse qui est de toute manière encore sur son blogue :
"Le jury de présélection est composé de journalistes de l’équipe du cahier Livres du Devoir (Jean-François Nadeau, Christian Desmeules et Danielle Laurin), d’un représentant du CRILQ (Gilles Dupuis, professeur à l’UdM) et de moi-même. Nous débattons de la production littéraire de l’année qui achève et tentons de nous entendre sur cinq oeuvres narratives que nous estimons de qualité et qui nous semblent représentatives de la diversité de la littérature québécoise contemporaine. Le critère «jeunesse» ne fait pas partie de nos préoccupations; ce n’est pas de cela dont il s’agit" (Stanley Péan).
16 novembre 2008 13:43

Mistral a dit…
Nous vlà trois! Pas si pire comme départ.

Si Maxime nous rejoint, on est en business: l'étudiant alpha!
16 novembre 2008 13:54

réjean a dit…
Ah, ce Péan, il est si occupé à faire de belles suggestions de livres sur ARTV ! L'avez-vous vu ? Il faudrait l'inviter de nouveau à lire ce blogue.
16 novembre 2008 17:45

Venise a dit…
@ Réjean : Vous avez raison, cela serait constructif s'il lisait ce blogue. On pourrait enfin discuter comme des gens civilisés. Moi, j'aimerais bien.
Son blogue est suspendu depuis un bon bout de temps, alors, comment le rejoindre ? Je lui ai déjà envoyé un courriel par Le libraire, l'a-t-il reçu ?
Il y aurait toujours de lui écrire à l'ANEL. C'est envisageable, comme ça, il ne pourrait pas dire que notre désir est de parler dans son dos, non, c'est devant sa face (permettez-moi l'expression) que l'on veut lui parler.
ARTV, j'aimerais bien écouter certaines émissions mais je n'ai pas le câble.
16 novembre 2008 17:59

Venise a dit…
@ Réjean : J'ai tout à coup eu une idée, j'ai pensé à Facebook. Je lui ai donc laissé une invitation sur son "mur à messages" qu'il vienne prendre connaissance des messages ci-dessus.
16 novembre 2008 18:14

réjean a dit…

Écrivez-lui à l'UNEQ. Il doit être rejoignable.

ecrivez@uneq.qc.ca
16 novembre 2008 18:17

Venise a dit…

@ Réjean : Super ! C'est ce que je fais de ce clic. Merci.
16 novembre 2008 18:20

Maxime a dit…

Quand j'y ai participé l'an passé, je me souviens que nous avions demandé à savoir comment les finalistes étaient choisis. Il faut dire que nous trouvions les romans et recueils de nouvelles choisis loin des jeunes, sans vouloir rabaisser les œuvres des finalistes de 2008, car j'en ai apprécié la majorité. Mais je ne suis pas certain que nous aurions choisi ces finalistes. On nous avait répondu quelque chose de semblable à la réponse que Venise a reçu de Péan. Et évidemment, nous étions tous d'accord pour dire que tout cela était... enfin... plutôt obscur. C'est le Prix des Collégiens, pas celui du Devoir.

Alors autant dire que je suis complètement d'accord avec vous. Et Mistral, vous proposez une solution qui, ma foi, me semble tout à fait défendable. Cela redonnerais (ou donnerais tout court?) le prix aux collégiens, que de les faire choisir les finalistes. Ce serait moins lourd qu'un comité, et aussi efficace. Ou alors on change le nom pour "Le prix du Devoir, et secondairement des collégiens"…

Et je répondrai également à votre « attaque envers les jeunes », M. Mistral (que je ne prends pas du tout comme une attaque, en passant, héhé). Vous avez raison, on pourrait facilement en faire une question de principe moral, et refuser d’y participer. Mais ce serait dommage pour tous les étudiants qui n’ont accès à aucun autre cercle de lecture, comme ces étudiants en informatique qui n’ont pas accès à ceux de Arts et Lettres! (je parle d’expérience,haha). Le Prix littéraire des Collégiens reste une belle expérience. Voila pourquoi j’aurais aimé y participer de nouveau cette année. Ce qui ne m’aurait pas empêché de protester, toutefois, et surement encore plus fort.
16 novembre 2008 19:41

Tristan a dit…

De passage sur ce blogue où on est si gentil, je vois avec plaisir qu'on brasse un peu la cage. Alors j'ajoute mon grain de sel.Sans commenter trop, je propose quelques points.

1: Tout le monde a raison sur la question du jury. Ce n'est pas le prix du Devoir. Et si Stanley Péan croit que le critère jeunesse n'est pas important, et bien je crois que c'est faux et que c'est justement ce qui pourrait distinguer le prix. Les prix des libraires est déterminé d'abord par une dizaine de libraires, celui du gouverneur par pas plus de cinq pairs et celui d'Archambault par des... Celui des collégiens, pour avoir déjà participé aux débats, est dirigé par des jeunes et des professeurs pour favoriser l'esprit critique et l'ouverture aux points de vue, ce que le jury n'a pas depuis trop longtemps. Depuis Nikolski peut-être. Un changement de jury à tous les ans ? Et le Devoir dans tout ça, un partenaire. Preuve que le prix ne brille plus, j'ai lu 3 lignes en bas de page dans La Presse. Rien ailleurs ou presque rien.

2: Le problème des prix d'automne, c'est qu'ils oublient qu'il existe un printemps. À preuve, toutes les sélections des dernières années. Faites le calcul. Faut-il publier son livre entre le mois d'août et le mois d'octobre pour être finaliste ? Il n'y a aucune surprise, aucun rappel de bons titres, aucune révélation. Au Québec, il y a dix bons livres par année selon la sélection de prix.

3: Suggestion - Une pré-sélection de 5 titre au printemps (titres parus après le premier octobre disons) suivie d'une annonce, et une autre de 5 en octobre et annonce au salon du livre de Mtl des 5 finalistes.

Danielle Laurin n'a peut-être pas aimé le Dupont, mais les cégepiens se feraient un plaisir d'en discuter. Comme le Nicolas Gilbert, le Jean Barbe, le Francine de Luca, le Guillaume Corbeil, le Francois Blais, le Francis Malka, le David Dorais, le Dominique Fortier, le Bertrand Laverdure... L'année dernière, on a pensé avec des amis que le Sébastien Chabot serait du nombre parce que plusieurs l'avaient lu pour un cours. Pas le plus grand roman, mais sujet à discussions. Non.

Ce prix s'enlise, se ridiculise, se prévisibilise. Proulx, Mavrikakis (bon choix, c'est peut-être son seul livre qui n'est pas trop chiant),Chen, Noël (please!)... Boréal, matante et consensus...Je suis content d'être à allé à l'université tiens !
16 novembre 2008 20:16

réjean a dit…

Oh, là, là, comme j'aime les propos de Maxime et Tristan, les deux semblent être en plus du milieu collégial. J'endosse à 100% vos points de vue, messieurs. Chapeau !

Venise, il faut que Péan lise ça !
16 novembre 2008 20:52

tristan a dit…

J'en ajoute concernant le jury. Le Devoir pourrait mandater un président du Jury, ajouter un écrivain (celui ou celle qui a gagné l'année précédente, pourquoi pas), un membre du CRILQ et voilà pour la présidence d'honneur. Ensuite, on ajoute quatre cégépiens sélectionnés parmi les meilleurs participants de l'année précédente.

Dernier point : Je comprends que le prix soit un écho à celui des français, mais ici, nous sommes des cégépiens, pas des collégiens. Pourquoi pas lui donner un nom ?

Et voilà le prix qui repart de plus belle.
17 novembre 2008 07:20

Stanley a dit…

À l’invitation de Venise, j’ai pris connaissance du débat qui fait rage (encore!) autour du mode de sélection des ouvrages en lice pour le Prix littéraire des collégiens. (Oui, collégiens plutôt que cégépiens parce que toutes les institutions de niveau collégial participantes ne sont pas des cégeps.) Je m’empresserai de signaler la tenue de ce débat à mes collègues du jury de présélection, aux membres du conseil d’administration du Prix (constitué essentiellement de profs de littérature au collégial) ainsi qu’aux gens de la Fondation Marc-Bourgie qui l’a instauré et qui le chapeaute. Je demeure persuadé que, contrairement à ce qu’on semble insinuer dans vos échanges, tous ces gens ne sont ni des cons ni des malhonnêtes et qu’ils sauront prêter une oreille attentive aux critiques et accusations ici formulées.

Pour la suite du débat, j’aimerais toutefois apporter quelques précisions. En 2003, à la seconde année d’existence du prix dans sa forme actuelle, quand son instigatrice Mme Claude Bourgie-Bovet (directrice de la Fondation Marc-Bourgie) m’a proposé d’en être le porte-parole officiel, j’ai accepté parce que je croyais et continue de croire qu’un prix pareil saurait contribuer au rayonnement de la littérature québécoise contemporaine chez un lectorat qu’on dit, à tort ou à travers, n’être pas touché par elle. À l’époque, je n’étais même pas président de l’UNEQ et c’est sans demander de cachet que je me suis prêté à ce jeu qui consiste à porter le flambeau médiatique du prix, à animer les causeries qui réunissent les écrivains en lice et des lecteurs collégiens et à jouer le maître de cérémonie lors de la remise annuelle du prix à Québec – en plus de joindre ma voix à celles des autres membres du jury de présélection (que je n’ai jamais «présidé», cela dit). Encore aujourd’hui, après cinq ans, c’est à titre bénévole que je fais tout ça – par pure et simple fidélité à cette cause du rayonnement de notre littérature contemporaine – condamnant du même coup mes propres œuvres de création à ne jamais faire partie de la sélection, en passant. Il en est de même pour les journalistes du Devoir et le représentant du milieu universitaire qui tous siègent bénévolement sur le jury de présélection. Les détracteurs s’en fichent, il va sans dire, et ils ont bien sûr raison, mais je tenais à le signaler...

À l’instar de n’importe quelle autre distinction de la république des lettres, le Prix littéraire des collégiens est attribué selon les règles établies par ses instigateurs. Faudrait-il modifier ces règles pour refléter davantage l’âge des collégiens appelés à désigner le lauréat, impliquer davantage ceux-ci dans le processus de présélection des œuvres, retenir un plus grand nombre de bouquins pour discussion? Ces décisions relèvent du conseil d’administration du prix qui, comme toute organisation de ce type, est totalement souverain. Au risque de décevoir certains d’entre vous, je ne suis donc pas en mesure de promettre quelque réforme du Prix – pour la bonne et simple raison que je n’ai pas ce pouvoir. Je ne peux m’engager ici qu’à transmettre au c.a. les critiques que vous lui adressez, tout en rappelant gentiment aux gérants d’estrade et autres mécontents que rien ni personne ne les empêche de fonder leur propre prix littéraire.

Stanley Péan

Venise a dit :
Premièrement, monsieur Péan, contente que vous ayez répondu à notre demande d’éclaircissement. Encore du bénévolat pour vous ! Et pour moi aussi d’ailleurs  !

Je lis et relis votre message et je fais un effort pour bien comprendre le fonctionnement de sélection des titres. Mais auparavant, je tiens à clarifier une chose, si je considérais les gens comme cons et malhonnêtes en partant, je ne perdrais pas de temps à essayer de les comprendre.

Par la suite, vous nous exposez les limites de votre rôle, sachez que j’enregistre bien l’information. Par contre, vous comprendrez sûrement que le réflexe va pour demander à la personne qui représente un organisme de s’expliquer. On ne sait pas toujours à qui s’adresser sinon et c’était le cas ici. Mais arrivons à l’essentiel du débat :

La QUESTION est (extraite de votre message) :
Faudrait-il modifier ces règles pour refléter davantage l’âge des collégiens appelés à désigner le lauréat, impliquer davantage ceux-ci dans le processus de présélection des œuvres, retenir un plus grand nombre de bouquins pour discussion?

La RÉPONSE est (pour le moment) :
Ces décisions relèvent du conseil d’administration du prix qui, comme toute organisation de ce type, est totalement souverain.
Il ne me reste qu’à espérer que cette souveraineté ne sera pas trop royale mais plutôt ouverte et perméable à la souveraineté des citoyens.

Vous nous rappelez gentiment (sic) que comme solution il y a toujours de fonder notre propre Prix littéraire. Je ne sais pas moi, mais j’entends de la (gentille ?) raillerie dans cette remarque.
17 novembre 2008 12:11

Réjean a dit
Avons-nous été si déplaisants avec M. Péan au point de mériter le titre de «gérants d'estrade» ? Il me semble que les propos tenus ici sont très respectueux et pleins de sens. Personnellement, je trouve déplorable ce mépris de la part du président de l'UNEQ envers des gens qui aiment la littérature, comme ceux qui écrivent sur ce blogue. En retour, je ne peux m'apitoyer sur les sacrifices que M. Péan a dû faire pour participer à ce prix, comme de voir ses propres oeuvres non admissibles... Quand même !
17 novembre 2008 12:28

samedi 15 novembre 2008

15 du mois : Le chef-d'oeuvre

On prétendait le livre rempli d’humour et justement j’avais une furieuse envie de rire. Les premières pages n’ont pas démenties la prétention, il y a une réelle volonté de faire dans l’humour. Le personnage désire écrire un chef-d’œuvre et pour cela, il est convaincu qu’il faille être malheureux, dans le genre torturé. Pas profond, malheureux. L’idée étant d’éviter le bonheur bourgeois à tout prix, sinon aucun génie ne sortirait de ce potentiel corps d’écrivain.Commence la litanie du postulant au malheur, les lamentations au ciel le priant que la foudre du destin s’abatte sur lui. Une telle situation peut être drôle une vingtaine de pages mais au-delà, ce mur de geignements s’est mué en ennui comme n’importe quelle répétition peut l’être finalement. Et qui plus est, et là est vraiment ce qui m’a agacé au plus haut point : les jeux de mots. Je dis « jeux de mots » et je me sens encore loin de la réalité, car dans le mot « jeu » il y a le mot amusement. Un moment donné, est-ce à trop vouloir être drôle à tout prix, Stéphane Filiatrault tombe volontairement dans l’automatisme du mot. Un peu comme lorsque l’on s’amuse sans censure à l’écriture automatique. Certains automatismes revenant même à répétition. Exemple, ne pas être capable d’écrire le mot « choix » sans y rajouter « le choix du président ». J’ai trouvé l’exercice désespérant. Est-ce que je manque d’humour ou bien l’auteur en a-t-il un trop-plein ? À un certain moment, je me suis même dit qu’étant donné qu’on retrouve tant de jubilation à écrire ce qui fait rire pourquoi ne pas s’y consacrer, c'est-à-dire écrire pour les humoristes ? Être scripteur pour humoristes est un métier honorable, toute écriture, en autant qu’elle soit dans le bon contexte exige intelligence et vivacité d’esprit. Et j’en ai retrouvées dans cet auteur et certainement aussi un sens percutant de la critique sociale.

Sous forme de roman, j’ai eu de la difficulté, le fil de l’histoire étant trop ténu. Trop mince, trop serré, quitte à étouffer le personnage principal. Les personnages secondaires sont accessoires, donnent l’impression de servir seulement de faire-valoir au principal. Encore là, cela me confirmait que le talent se moulerait bien à nourrir un « one-man show ».

Malgré mes nombreux agacements, et malgré les longueurs du scénario, j’ai éprouvé quelque curiosité à savoir jusqu’où le personnage pousserait l’imposture du malheur. Vers la fin, il y a un peu plus d’intrigue et à chaque fois que l’auteur délaissait un moment ces tics de langage d’humour à tout prix, j’ai apprécié. Je serai même curieuse de voir, si l’auteur délaissait ce vouloir être drôle à tout prix, qu’est-ce qui sortirait de bon de l’entreprise.

Ne vous arrêtez surtout pas à mon opinion, il y en a 8 autres.

vendredi 14 novembre 2008

Connaissez-vous votre littérature québécoise ?

Il y a toujours un QUIZ à la fin de Bazzo.tv et hier soir, il portait sur la littérature québécoise. J’étais fébrile, toute excitée mais finalement, ils ont eu le temps de poser peu de questions. Qu’à cela ne tienne, la balance était sur le site. Vous avez toute la fin de semaine pour mesurer vos connaissances – avec ou sans appui – parce que finalement ce qui compte c’est d’apprendre. Lundi, j’irai quêter les réponses chez Bazzo.tv ... elles n’y sont pas en ce moment, donc pas de tricherie possible !

Juste avant de vous enfoncer dans la malle de votre mémoire, deux mots sur le Club de lecture (aux 2 semaines). Il y a une rotation dans les critiques et hier c’était Réjean Thomas, Pascale Navarro et Jean Barbe ou plutôt, Jean Barbe d’un côté et les autres, de l'autre. Les livres en jeu : Mégot mégot petite mitaine de Johanne Alice Côté et La Ritournelle de la faim de J.M.G Le Cléziot. Jean Barbe a dû mettre du feu et de la flamme pour défendre son opinion, ils étaient tous contre lui avec leur « pour ». Pour le premier, il a parlé de « scolaire et faire ses gammes" et pour le deuxième, une déclaration assassine pour un Nobel 2008 (!) : « une élégante façon de s’ennuyer ».

Il y avait de la fureur dans l’air, oublions le calme ici, même Dany Laferrière (qui les avait lus) n’a pas pu mettre son grain de poivre. Il s’est fait coupé la parole frette net sec. Il y avait un duel au bout de la table. J’aime bien ces discussions même si hier soir, j’ai eu l’impression qu’il y avait trois personnalités en jeu, pas seulement des bouquins. Je répète "l'impression", parce que tout le monde sait maintenant combien j'ai d'imagination que parfois je prends pour de l'intuition.

Allez, on a un QUIZ sur la table ! À la fouille et moi, ce ne sera pas seulement la mémoire !

Q. Dans quel roman publié en 1916 une femme hésite-t-elle entre trois soupirants (dont François Paradis) ?
Q. Quel sont le titre et l’auteur de ce roman du terroir se déroulant au Chenal du Moine ? Écrit en 1945, il a fait l’objet d’adaptations à la radio et au cinéma.
Q. Ce roman historique en deux tomes relate la révolte des Patriotes à travers le regard de la femme de leur chef.
Q. Quel personnage de bande dessinée québécoise fête cette année ses 25 ans ? Son auteur a écrit sa première bd à 10 ans. Comment s'appelle-t-il ?
Q. Quel guide du vin publie sa vingt-huitième édition cette année ?
Q. Quelle maison d’édition célèbre ses 50 ans cette année ?
Q. Quel éditeur a lancé un disque en début d’année ?
Q. Son roman La Sablière fut porté au grand écran sous le titre Mario.
Q. Elle a crée Mademoiselle Charlotte, héroïne des jeunes
Q. Quel auteur a remporté le prestigieux prix Man Booker Prize en 2002 ? Pour quel roman ?
Q. Qui était derrière Les Insolences du frère Untel ?
Q. Elle a 20 ans en 1968 à Montréal, c’est la première héroïne de Francine Noël.
Q. Qui signe la préface de la biographie de Réjean Thomas ?
Q. Dans quelle région se déroule Un homme et son pêché ?
Q. Sur quel crustacé Jean Barbe s’est-il penché dernièrement ?
Q. Quel crustacé est illustré sur le plus récent roman d’Éric Dupont ?
Q. Pour quel roman Anne Hébert a-t-elle remporté le prix Fémina en 1982 ?
Q. Quel classique de la littérature québécoise vient, à 50 ans, d’être adapté en bande dessinée ?
Q. Quel roman de Michel Tremblay fut à la fois adapté au cinéma et à la télévision ?

Questions et photos sont tirées du site de Bazzo.tv

ATTENTION, CERTAINES RÉPONSES SONT DANS LES COMMENTAIRES ... SINON MÊME TOUTES !

mercredi 12 novembre 2008

L'étiquette des Prix

C’est utile des Prix. C’est souvent ce qui fait qu’un écrivain arrive à payer le prix de son dernier jeans, sa lisière de billets de métro, sa coupe de cheveux et surtout sa cartouche d’encre …

Finalistes Prix du gouverneur général
Ce qui me frappe ?
Sur 5 nominés : Aucune femme poétesse
Sur 5 nominés : Un seul homme écrivain livre jeunesse

Grand prix du livre de Montréal:
Marie-Claire Blais pour Naissance de Rebecca à l’ère des tourments (Boréal),
Rawi Hage pour Cockroach (House of Anansi Press),
Dany Laferrière pour Je suis un écrivain japonais (Boréal),
Catherine Mavrikakis pour Le ciel de Bay City (Héliotrope)
Monique Proulx pour Champagne (Boréal)
Ce qui me frappe ?
3 Boréal et un titre d'une maison d'édition ontarienne House of Anansi Press. Cockroach qui sortira en français chez Alto en 2009 sous le titre « Le Cafard », est-ce que cela sous-entend que l’année prochaine, la version éditée au Québec ne pourra être en nomination parce que la maison d’édition ontarienne l’a inscrit avant ? Pour le Grand Prix du livre de Montréal, ça fait un peu spécial quand même.

Les Prix en vrac
Prix Médicis à Jean-Marie Blas de Roblès - Là où les tigres sont chez eux (Éditions Zulma)
Médicis Étranger à Alain Claude Sulzer - Un garçon parfait (Éditions Jacqueline Chambon).
Prix France-Québec à Christine Eddie - Les carnets de Douglas (Alto)
Prix Robert-Cliche à Danielle Trussard - Le train pour Samarcande.
Ce qui me frappe ?
J’ai déjà lu un Prix Robert-Cliche, Balade en train sur les genoux d’un dictateur et je me pose maintenant la très sérieuse question : Est-ce que le truc pour gagner ce Prix est de parler de train ? Prière de ne pas me répondre svp … :-)

Prix que l'on court
L'écrivain afghan Atiq Rahimi a reçu, le 10 novembre à Paris, le prestigieux prix Goncourt. Il est récompensé pour son tout premier roman écrit directement en français, Syngué sabour (P.O.L.). Ses lecteurs montréalais devraient pouvoir le féliciter de vive voix, Atiq Rahimi ayant récemment confirmé sa présence au Salon du livre de montréal, qui débute le 19 novembre. (tiré du Voir, Tristan Malavoy-Racine)
Ce qui me frappe ?
Un Goncourt pour un premier roman. Chapeau !

Une primeur d'hier - 11 novembre à 22 h 00 :
Le Prix Giller (50,000 $) est remporté par Joseph Boyden pour son second roman, Through Black Spruce.
Ce qui me frappe ?
Cockroach de Rawi Hage n’a pas gagné. C’est assez fantaisiste ce que je dis puisque j’en ai lu aucun. C’est juste pour éviter de dire que rien ne me frappe.

Pour ceux qui n’auraient pas encore lu le très intéressant article sur Jacques Poulin en lien avec le Prix Gilles-Corbeil (100,000 $)
Ce qui me frappe ?
Avec l’anecdote de s’inquiéter de la faim de la journaliste, de lui remettre des carrés aux dattes pour son voyage en bus, on peut supposer qu’il est aussi tendre que son écriture.

Et, finalement, ce qui me frappe le plus, plus, plus ?
Mon doux qu’il y en a des Prix ! De quoi perdre ses paris et attention, il y a ici une tentative de jeux de mots , et même manquer (à) l’étiquette.
S’cusez-la, il fallait bien que je justifie mon titre.

lundi 10 novembre 2008

La danse de la méduse – Laurence Prud’homme

Cette histoire d’une mère « impossible » (quatrième de couverture) commence par un prologue de neuf pages qui situe une famille "dysfonctionnelle" dans un style très prometteur. Le chapitre 1 ouvre sur Lucie qui arrive dans un chalet déserté de sa mère, disparue. Sa mission, fermer le chalet, puisque cette dernière disparition semble être la bonne. Au grand soulagement de tous.

Qu’est-ce qu’elle avait de si terrible cette mère pour que les enfants la fuient et souhaitent même sa disparition définitive ? C’est la trame principale de l’histoire et c’est en ouvrant l’album de famille bien large que les secrets s’y dévoileront.

J’ai réalisé une fois de plus combien il n’est pas évident de rendre le monde clos de l’enfance (jeux, cachotteries, effrois, attractions) surtout quand on fait connaissance avec les enfants avant les adultes. Un peu comme si, aussitôt les pieds chez un étranger, il s’appliquerait à vous entretenir avec force détails de son enfance, photos réalistes à l’appui. Il s'impose de dire que l’histoire est mitraillée de flashs « présent-passé » et je m’y suis égarée par moments. Je manque facilement de sens d’orientation, dans la vie, alors pourquoi pas dans mes lectures !? "Où suis-je donc et quel âge a Lucie, Judith, Samuel, Simon, Hirondelle ?" En plus, une voix narrative se faufile de temps en temps (qui est-ce ?) ce qui rajoutait à mon embrouille.

J’ai certainement eu plus de plaisir à vivre parmi les adultes, matante Roulotte et matante Gaby y compris. La MOM est certainement tout un personnage, le principal. C’est un être présenté sous son côté exécrable, la voix narrative (ou les voix !) ne la jugent pas. Les actions se présentent au lecteur pour que, lui, s’offre l’odieux de la condamner, la culpabilité offerte en prime. C’est intéressant parce qu’ambigu. D’ailleurs, le style de Laurence Prud’homme palpite aussitôt qu’il s’éloigne du prosaïque réalisme. L’inspiration est grande quand on s’approche du symbolisme, du sublime de la nature et même de l’étrangeté. Parce que, oui, la mystérieuse voix narrative qui se dévoile d’une manière presque coquine, aurait pu être intéressante, si le procédé avait été poussé. Il est trop parsemé pour que le récit s’en trouve fortifié. Ou jouer plus régulièrement avec le côté flash « photo ». Et l'image forte de la mère méduse aurait pu être encore plus développée, à mon avis.

En bout de pages, une histoire que j’ai eu l’impression de voler à l’auteure, tellement elle semblait lui appartenir à elle et à sa famille. Remarquez bien, j’ai dit « impression », peut-être est-ce voulu ainsi. Et peut-être aussi, et cette question il faut absolument se la poser, que je manque d’ouverture pour les histoires de famille à partir de la prime enfance.

De temps en temps, il laisse s’échapper une volée de grosses bulles vers la surface. L’air court sous la glace, formant des cellules translucides qui se séparent et se rejoignent en un ballet mouvant. Au-dessus de sa tête, le vitrail d’un bleu profond, balafré, cassé, révèle la violence de la révolte contre l’hiver. Le lac hérissé, figé dans une expression de surprise et de colère. Sous le ciel, la neige a adouci les signes de la lutte mais ici, dans la pénombre, les cristaux forment des assemblages acérés, des concrétions, des stalactites vivantes, criblées de bulles minuscules arrangées en vrilles scintillantes. (p. 171)

La danse de la méduse, Laurence Prud’homme, Québec Amérique, 196 p. 19.95 $

samedi 8 novembre 2008

Reconnaissance

Je savais que le roman « Les Carnets de Douglas » de Christine Eddie, mon “Coup de Coeur” et celui de La Recrue, s’apprêtait à être publié en France. Ce que j’apprends est qu’il a aussi gagné le Prix littéraire France-Québec. Une belle reconnaissance. C’est toujours une sensation un peu étrange de venir se faire dire ; votre goût est celui de bien d’autres aussi. Le jour où me suis exclamé sur cette oeuvre, j’avoue ne pas avoir pressenti qu’elle se rendrait aussi loin. C’est un joyau qui ne m’appartient plus, le trésor va se partager entre tous, et c’est de la bonne nouvelle. Pour l’auteure, évidemment, et pour nous, pour moi, car cela nous assure d’en lire d’autres ! Voici ce que les pontifes du Prix Littéraire France-Québec en ont pensé :
"L’histoire met en scène des personnages singuliers, écorchés que la vie se chargera de métamorphoser. Malgré sa gravité, Les Carnets de Douglas demeure aérien grâce à la légèreté d’une écriture empreinte de tendresse et de poésie. »

Quant à être dans le sujet reconnaissance, je le vide, ce qui me pousse à revenir sur mon dernier billet « Ce qui me frappe ». La nouvelle qui a frappé n’est pas du tout celle que j’avais escomptée. L’échange a été chaud et prolifique autour de Jacques Poulin, lui, qui désire par-dessus tout passer inaperçu. Ça porte à philosopher, je trouve. Il y a des auteurs qui vendraient leur chat et leur âme en extra pour faire parler d’eux, et les médias les tamisent à l’ombre de leur œuvre. Et ce sont les écrivains les plus discrets qui font le plus parler d'eux. Pensons aussi à Réjean Ducharme et dernièrement Sylvain Trudel (La mer de la tranquilité). C’en est quasiment du ressort de la leçon de vie. On dit, faire parler en mal, mais faire parler, je n’en suis plus aussi sûre.

L’autre question litigieuse est la source financière du Prix Gilles Corbeil, à même la Fondation Émile-Nelligan. Les litiges ont ceci de bon qu'ils nous obligent à s’informer. Je suis allé lire l’historique de la Fondation qui donne de précieux renseignements mais sans répondre à la question lancée hier, il faudrait examiner les livres comptables pour le faire !

J’y ai tout de même appris que la Fondation est née grâce aux droits d’auteur de 40,000 $ d’Émile Nelligan dont les versements ont débuté en 1979. Le chiffre parle, c’est un montant substantiel qui révèle une reconnaissance incontestée du talent d’Émile-Nelligan. On fait allusion au testament de Gilles Corbeil, neveu du poète, où il aurait légué en 1986 une part de sa fortune pour le Prix littéraire Gilles Corbeil. Mais quelle part ? Aucun chiffre n’est avancé.

Comme les chiffres ne parlent pas aussi bien que les mots, j’ai pensé que la meilleure des reconnaissances à offrir à Émile Nelligan serait de publier un poème que j’aime beaucoup. Sous un titre un peu trompeur, c’est de missive qu’il s’agit et comme j’aime la correspondance des mots et au-delà des mots …

La Garde-Malade

Elle était au couvent depuis deux mois déjà
Et le désir divin grandissait dans son être
Lorsqu’un soir, se posant au bord de sa fenêtre,
Un bel oiseau bâtit son nid, et s’y logea.

Ce fut là qu’il vécut longtemps et qu’il mangea,
Mais comme elle sentait souvent l’ennui renaître
La garde, au cou, lui mit par caprice une lettre
L’oiseau ne revint plus, elle s’en affligea.

La vieillesse neigeant sur la Visitandine
Fit qu’elle rendit l’âme une nuit anodine
Les yeux aux ciels levés, par l’extase agrandis.

Or comme elle y montait au bruit d’un chœur étrange
Elle vit, demandant sa place au Paradis,
L’oiseau qui remettait sa lettre aux mains d’un ange

ÉMILE NELLIGAN – avril 1941

jeudi 6 novembre 2008

Ce qui me frappe

Le Salon du livre en chiffres : Neuf cents stands, 1400 auteurs, 1500 éditeurs, tout ça multiplié par 125 000 visiteurs en 2007. La grande innovation du 31e SLM est Le Cercle des intimes où vous pouvez gagner un 5 à 7 avec un auteur parmi 20. Article complet chez Cyperpresse.

Ce qui me frappe ?

Plus d’éditeurs que d’auteurs

Le Cercle des intimes

Ce qui me frappe ?
Aucun auteur québécois me tente assez pour participer au concours.

Je ferais bien une encoche à ma mission québécoise juste pour rencontrer Jacques Salomé, ce psychologue que j’admire tant pour la tendresse qu’il voue à l’humain. Et ayant lu plusieurs de ses livres, je pourrais un peu échanger, malgré que j’aurais tendance à répéter « Vous avez raison, comme vous avez raison, vous avez donc raison … »
Soyez curieux de connaître le nom des auteurs qui s’offrent à vous pour un 5 à 7.

Jacques Poulin ne se présente pas pour recevoir le Prix Gilles Corbeil

Ce qui me frappe ?
Robert Lévesque a qualifié cette absence comme une «haute exigence de la tendresse» - Voyons donc ! J’ai beau me prétendre tendre, comment l’être suffisamment pour ne pas me présenter à un Prix honorifique accoté d’un 100,000 $ ?

Éditions XYZ vendues à Hurtubise HMH***

Ce qui me frappe ?
Qu’est-ce que ça change au juste puisque la ligne éditoriale sera toujours sous la responsabilité du tandem Vanasse - Lévesque et que les bureaux demeureront à la même adresse ?

Des comptes à rendre parce que des comptes à partager ? C’est à peu près ça, j’imagine, et j’y rajoute la peur diffuse que le petit se fasse avalé par le grand et qu’il perde de sa saveur à la longue. C’est peut-être le « à la longue » le plus gros du changement.

***La petite Histoire :
Fondées en 1985, les éditions XYZ viennent d’être cédées à Hervé Foulon, président des éditions Hurtubise HMH. André Vanasse et Gaétan Lévesque, cofondateurs et copropriétaires, continueront d’y assurer le suivi et la direction éditoriale, ainsi que de rester sur la rue Saint-Hubert. XYZ éditeur produit 35 titres chaque année depuis plus de 20 ans et se consacre presque exclusivement à la littérature. La maison publie des romans, des essais, des biographies présentées sous forme de récits qui se démarquent par leur grande qualité littéraire. Ses auteurs ont été maintes fois récompensés.

Cyberpresse ouvre son premier blogue littéraire

Ce qui me frappe ?
C’est Chantal Guy, directrice du cahier « lectures » de La Presse qui l’inaugure, pas plus tard qu’aujourd’hui. Soyez des pionniers, allez lui révéler qu’est-ce que vous lisez. Si vous l’avez lue, vous savez déjà qu’elle est très articulée, qu'elle ne mâche pas ses mots. De beaux échanges de points de vue sont à prévoir.

mardi 4 novembre 2008

Au passage - Emmanuel Bouchard

Ces brèves nouvelles sont dix-sept incursions dans le coeur de Québec mais surtout au cœur de la poésie. Poésie, pas tant par le style que par les situations, les mises en place des personnages qui déambulent, aériens, touchant à peine le sol. J’ai éprouvé une sensation d’irréalité par les ambiances, un contraste intéressant avec le style qui détaille avec une précision d’horloger.

Dès la première phrase, nous sommes là où l’histoire va se passer. L’auteur a ce talent, et heureusement, puisque ces nouvelles sont extrêmement brèves. On a vraiment l’impression de se laisser conduire par un auteur qui sait où il s’en va. Phrases et paragraphes se découpent, battant une rythmique ordonnée et posée. Toutes ces qualités remarquables pour mener une histoire du point A au point Z ont un revers, arrivés au point Z, il nous a semblé, parfois, qu’il y manquait une petite information. Avions-nous lu trop rapidement, échappant le petit indice qui éluciderait le mystère ? Ou, simplement, le mystère nous était généreusement offert afin qu’on l’élucide soi-même. Un incipit devant la nouvelle « Point d’orgue » corroborerait mon hypothèse :
"Les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié"(Voltaire)
Un mystère poétique certain se dégage et malgré certains dénouements un peu nébuleux, pour nous en tout cas, nous avions toujours aussi hâte d’entamer la prochaine. J'y rajouterais une saveur surannée se dégageant de l’ensemble, ne serait-ce que par les prénoms « Cyprien, Néhémie, Baptiste, Hermione, Achille » mais pas seulement eux, un style retenu et recherché déliant des coulées élégantes, prend la pose, et se dépose avec noblesse.

Six des dix-sept nouvelles avaient déjà été publiées dans des revues ce qui n’est pas surprenant. Le pouvoir de cet auteur est sa constance, pas seulement dans le ton et les ambiances, mais dans l'intensité soutenue de chacune de ses histoires. Ce qui demeure remarquable dans un recueil qui, assez souvent, donne le vertige des montagnes russes.

Un plaisir pour les oreilles de les entendre, un délice pour les yeux de les voir, et une réjouissance pour l’esprit de les sentir.

Au passage, Emmanuel Bouchard, Collection Hamac, 132 p. 16.95 $

dimanche 2 novembre 2008

Valium de Christian Mistral

Ce Valium, je crois l’avoir lu deux fois et demie si je calcule mes relectures lors du tournage et les autres pour relever des perles d’envolées littéraires. Et il y en a ! Assez que je me désespère encore ; vais-je en étaler des extraits, ou non. Quand on en sélectionne, selon sa propre mixture émotive, on laisse quand même supposer que les autres sont moins bonnes …

Cette histoire est racontée d’une manière, je dirais assez particulière et c’est bien seulement pour éviter de dire unique. Il y a le narrateur, que je préfère personnellement appeler le conteur, Mistral. Il gère l’histoire qu’il commence sur le mode détendu, nous présentant Elvire, la coloc mystérieusement glauque. Un profil inquiétant. Arrive ensuite le complice et sage Léo, personnage que j’ai tout simplement adoré. Sur cette toile de fond nous est racontée la vie médiatique d’un écrivain ; séances de signature au Salon du livre (pour Vamp), entrevues et vie quotidienne bien arrosée. L’action avance très doucement et à un moment un personnage « Fantasio » surgit, le narrateur nous raconte son aventure ailleurs. Pourquoi ? Par sentimentalisme peut-être pour cette personne connue de l'auteur, quant à moi, il a participé à un certain égarement. Jusqu’à la fin, je me suis demandé, quel était son apport. Finalement, il reviendra sous forme de lettre.

Mais revenons à l’essentiel, et parlons-en des lettres car elles abondent tout au long du roman. Des lettres d’amours enflammées destinées au personnage de l’écrivain. De Jo, et surtout de Marie Rasberry Scott. À partir du moment où une femme, et puis l’autre, font leur entrée, le narrateur, malgré quelques apartés*, se tasse laissant la place à son personnage d’écrivain dans cette histoire de triangle. Si au volant de sa vie, l'écrivain avait tenu compte du code de la route : Les triangles de la signalisation routière annoncent un danger, il aurait probablement mis la pédale douce. Ou il aurait freiné à temps. Ou bifurquer pour éviter les obstacles.

Mais justement, l’art de vivre impose de ne pas savoir à l’avance, même quand un complice et ami, Léo, nous met en garde par images couvertes et silences à découvert. Quand on a besoin de ne pas savoir, on pèse sur l’accélérateur et on fonce.

Je n’ai pas vu venir la fin. Pas même une fraction de seconde. J’étais complètement abandonnée à l’histoire, paralysée même, tellement suspendue à ce triangle amoureux qui fait sauter en l’air tous les interdits. Il m’a fallu deux jours pour m’en remettre … et encore, en suis-je remise ? Comme le genre est ce qu’on tend à nommer de l’autofiction, le malaise est grand. Est-ce possible ? Dans quelle mesure cette histoire est arrivée à Christian Mistral ?

J’en reste là, car je n’ai même pas encore parlé de ce qui m’a frappé de plein fouet et en pleine figure, jusqu’à la larme … l’alarme aussi : Le style de Christian Mistral.

Mistral se fait souvent comparer à un vent fort, une bourrasque. Aujourd’hui, je vais l’associer à un torrent. Un torrent de mots qui soulève de la ligne, te projette haut et loin, et quand tu accostes par un ressac qui te secoue, tu te demandes : mais qu’est-ce qui m’est arrivé donc ? Et là, tu essaies de comprendre parce qu’un cerveau a cette vilaine manie et pour ça, tu replonges dans le torrent qui t’emporte encore plus loin. Et ainsi de suite.

Le style de Mistral, c’est vigoureux, fougueux, impétueux et ça te laisse jamais tranquille.

* exemple d’un aparté Brechtien : "Comme la plupart des bouts d’histoires qui composent ce livre, celui qui suit me trouve Gros-Jean comme devant, perplexe quant à la formule à choisir, ému devant la rougeur qui me monte au visage et m’enflamme le front et se reflète mauve dans l’écran de l’ordinateur". (p. 345)

* exemple d'un torrent : "Les femmes chantées, imaginées, remémorées, ces souples et soyeuses hantises immortelles comme des vampires qui volettent sous forme de chauves-souris dans le grenier du cœur des mâles, un lieu vaste, étouffant, damné, qui embaume l’embaumement. Les femmes dont les noms et les rires émaillent le souvenir jusqu’à couvrir toutes les aires vierges, comme une lèpre de l’âme euphorisante, comme une maladie honteuse qui déroule ses volutes autour des meubles de votre crâne et au-delà, s’insinuant sous les couvertures, fouillant les tiroirs verrouillés, léchant la plante de vos pieds, épaississant comme une fumée d’absinthe dans les membranes de votre gorge et les muqueuses de votre nez, assassinant sans un bruit les morceaux garrochés de ce qui fut une volonté comme dans une chasse à courre filmée par Louis Lumière, vous promettant en retour l’ineffable volupté de la folie douce". (p 347)

Valium, Christian Mistral, Boréal Compact, 371 pages, 15.95 $