Fébrile, je cherchais qu'est-ce qui avait bien pu l'aiguiller vers ce choix. Je lisais le quatrième de couverture :
- Vous êtes dans quel état ?- Ma mère vient de mourir, mais je veux pas en parler. Je viens de me rendre compte que mon père a fucké complètement ma jeunesse et continue de m'obséder ... mais je veux pas vous en parler non plus. Ce matin, j'ai envoyé chier mon patron, puis j'ai foutu le camp du bureau ... mais je ne suis pas ici pour vous parler de mon travail. Dans le fond, je suis assise ici à vouloir parler de rien à mon psy, tout en lui demandant de me convaincre de continuer la thérapie. C'est ça, mon état. Ça répond à votre question ?Un silence où il me « considère gravement », comme on lit dans les livres. Pour une fois, je soutiens son regard. À chaque séance, Béatrice jure que c'est la dernière. Elle y retourne pourtant le mardi suivant. Irrésistiblement.
Bizarre. Curieux. Elle me voit dans ce roman. Bizarre. Curieux.
Évidemment, je n'ai jamais été aussi pressée, pour ne pas dire anxieuse, de lire un roman. Au début, j'essayais de détecter dans chaque ligne qu'est-ce que mon amie avait vu pour penser que cette histoire était pour moi. À un moment donné, j'ai oublié l'analyse de ma personne pour me donner coeur et âme à celle de Béatrice. Car oui, c'est une histoire de rencontre avec un psy à chaque mardi. Une rencontre au corps et défendant de Béatrice. Elle veut aller chez le psy, elle y tient même, mais ne veut pas fouiller ses bobos. À peine si elle veut les effleurer. Elle reste en surface et quel meilleur moyen de le faire que se fabriquer un personnage franchement sarcastique ? Ce qui en fait un livre succulent d'humour. Le lecteur joue le rôle de spectateur caché derrière une latte du bureau du psy puisque c'est là que tout se passe. Un tête à tête avec deux personnages, dont un est en parfait contrôle, le psy. Avoir l'assurance qu'un psy serait d'une telle générosité et d'une telle ingéniosité, j'accoure dans son bureau et lui déballe ma vie sur le champs !
Je m'arrête ici car j'ai tant à dire sur ce roman. Trop à dire pour un billet. On peut dire que c'est le roman qui a suscité le plus de réactions dans ma vie. Premièrement, quand je l'ai reçu, j'étais entourée de ma « gang » d'amis, filles et gars. Je ne sais pas qu'est-ce qui s'est passé mais toutes les filles, aucun gars remarquez-le, a émis le désir ardent de le lire. Évidemment j'ai promis de le prêter. Certaines, incapables d'attendre la fin de la tournée, ont été se l'acheter. Ensuite, réalisant l'ampleur de l'engouement, nous avons décidé de nous céduler une rencontre « club de lecture » en bonne et due forme. Comme aucun mâle n'avait daigné s'y intéresser, nous nous sommes concoctées une rencontre, mettant à l'écart ces messieurs. Six filles désirant échanger sur un roman qui appelle la discussion, les larmes, les frustrations, les opinions. Tout ce qui se vit finalement. Par des filles peut-être ... je ne sais pas. Pendant cette rencontre chez moi, rencontre que je prenais très au sérieux, j'ai pris des notes des avis de chacune. C'était pêle-mêle et assez émotif. Pas facile mais je tenais à le faire. J'avais ma petite idée derrière la tête. Je désirais contacter l'auteure et lui offrir ce compte-rendu. Je me mettais à sa place me disant que moi, si j'étais une auteure, ça me ferait plaisir. C'était en 2004. Je ne connaissais pas les blogues littéraires (avaient-ils cette importance alors ?) et je lui ai écrit, puisqu'elle avait eu l'audace de laisser son adresse courriel à la toute fin. Elle m'a répondue. J'ai gardé ces deux courriels. J'ai aussi conservé le compte-rendu de lecture des filles.
Est-ce que ça vous intéresse que je les publie dans « Le Passe-Mot » ?
5 commentaires:
J'adorerais!!
Bien sûr !
Ouiiiiii !
Ce serait super intéressant !
C'est déjà une aventure avant même qu'elle ne se poursuive! Encore!
Publier un commentaire