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mercredi 8 octobre 2008

La ponction cinématographique de deux romans

J'avais hâte. Qu’est-ce que Philippe Falardeau nous avait concocté avec « C’est pas moi, je le jure ! » et Alice court avec René de Bruno Hébert ? Eh bien, je suis coite d’admiration. Depuis le temps que je suis à la trace les romans transposés sur écran, c’est mon meilleur. Falardeau a été cherché la crème des deux romans, faisant ressortir les motivations du bambin à n’en exacerbant l’émotion. Mais pas trop quand même, juste ce qu’il faut pour y croire.

L’adulte que je suis y croyait et jugeait les adultes qui se gouraient royalement avec cet enfant. Qui ne savaient pas comment le prendre. La plus grosse différence est que dans le film, c’était moins dramatique que dans ma tête ! Le réalisateur y est arrivé ; faire ressortir le comique des situations, même celles de destruction massive. Mais surtout il a su amplifier ce qui manquait sur mon tableau intérieur, le côté heureux, malgré tout, de Léon.

Le couple enfant Léa et Léon est sublime de justesse, touchants tous les deux, mais donnons la palme au jeune comédien, Pour un jeune de cet âge, il n’est pas seulement question d’un talent d’interprète, c’est le talent de rester ce qu’il est, même devant une caméra. Ce qui fait que l’on n’aime pas seulement Léon, on aime le comédien Antoine L’écuyer. Cet enfant a du charme et c’est d’autant plus frappant qu’il a le teint pâle, les traits un peu ternes, mais quelle transparence dans le regard ! Il ne porte pas de masque, même pas celui de joli garçon.

C'est le père qui m’est apparu le plus différent. Chez un Daniel Brière, j'ai moins senti le personnage inspiré du sénateur Jacques Hébert, homme rigide et strict. De l’impatience, de la fermeture, mais pas l’exaspération colérique du père romanesque.

La reconstitution d’époque est forte parce qu’elle est restée à sa place ; un décor qui complète. Les musiques superbes qui étreignent l’âme et exacerbent la tristesse de l’isolement. Parce que c’est d’un enfant seul, très seul dont il s’agit. Est-ce pour cela que chaque personne dans la salle avait le goût de le prendre dans ses bras ou de jouer avec lui ?

La cuvée des films québécois est florissante cette année, mais celui-là, c’est mon coup de cœur pour l’habileté à y présenter des émotions fortes d’une manière si naturelle qu’on finit par se dire : « C’est la vie ! »

11 commentaires:

Beo a dit...

C'est si rare qu'un film rende si bien l'essence d'un(ou de plusieurs) romans.

Je me demande bien quand je pourrai le voir moi....

Virginie a dit...

Wow quelle critique!! Tu me donnes le goût de le revoir et de le revoir.

Et en passant, c'est Daniel Brière, pas Benoit ;)

Mistral a dit...

Il rend pas l'essence du roman, il rend ce qui n'est pas dedans.

Jacques Hébert, conventionnel?

Mistral a dit...

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/07/17/002-Jacques-Hebert.shtml

Venise a dit...

@ Béo : Je te souhaite que ce soit le plus rapidement possible, tenant compte du différé dû à l'imposante marre d'eau qui nous sépare !
@ Virge : Je l'ai échappé belle, une chance que tu es là pour me rappeler à l'ordre avant qu'il n'y ait trop de lecteurs. Cette idée aussi d'avoir deux Brière qui ont du talent dans une même colonie artistique !
@ Mistral Oups ... conventionnel, j'ai toujours eu de la difficulté avec ce mot que je saupoudre à toutes les sauces. Après lecture de sa bio (merci !), euh ... disons que le mot "engagé" le résume mieux. D'ailleurs, son fils lui envoie souvent à la figure "C'est ça, va donc sauver le monde !".

Ce que je veux dire dans le fond, contrastant avec la sensibilité de son fiston, c'est sans imagination. Son petit Léon en a tellement mais le paternel ne sait pas jeter des ponts pour le rejoindre. Même pas une étroite passerelle de rien du tout... tissée de cordage, tiens !

En attente du contraire d'imaginatif. Ouverte aux suggestions. Rigide peut-être ?

Mistral a dit...

Dis donc, la soeur de Bruno n'a-t-elle pas écrit sa version de l'histoire? Me semble que les deux scénarios avaient été approuvés par Téléfilm en même temps, ça avait fait tout un chiard.

Venise a dit...

@ Mistral : En plein dans le mil ! Celui de sa soeur, c'est Maman est chez le coiffeur, lequel j'ai vu et bien aimé aussi, en voici ma critique si ça t'intéresse :
http://www.voir.ca/blogs/venise_landry/archive/2008/05/10/l-absence-pour-sentir-la-pr-233-sence.aspx

Le mot de la fin de cette histoire est qu'effectivement, les deux films sont d'une signature si différente et pour dire vrai, ne pas l'avoir su, je ne me serais jamais douter qu'il y est question d'une même famille. C'est une démonstration probante que la création, c'est pas une miette conventionnelle ... euh, s'cuse, un réflexe, je veux dire, c'est aussi différent d'une personne à l'autre que des empreintes digitales.

Mistral a dit...

:-)

Venise a dit...

@ Mistral : Je tiens à rajouter que les deux films ne sont pas signés par des deux de pique : Léa Pool, le premier et Philippe Falardeau, le deuxième. Disons qu'il y en a qui savent appuyer plus fermement sur leurs empreintes digitales. Ça laisse de belles traces.

Mistral a dit...

Ouais, en effet (ça prend bien toi pour me faire lire VOIR). Hébert a eu cinq enfants, ché pas s'ils écrivent tous, mais s'il était pas déja mort, il en crèverait de frousse.

Maxime a dit...

Je ne manquerai pas d'aller voir ça en tout cas!