
Mes lectures sur les blogues littéraires, et dernièrement sur celui de Soleil d'encrier, m'ont propulsé au coeur d'une réflexion sur les étapes de l'écriture. Je réalise jusqu'à quel point c'est personnel. Tellement personnel. Serait-ce comme la sauce à spaghetti (!) avec à peu près les mêmes ingrédients mais un goût différent selon chaque cuisinier ? Les ingrédients de l'écrivain sont certainement les mots mais comment les mélanger ? Ça commence par une recette trouvée sur papier ou dans sa tête, une histoire qui mijote à gros bouillons et puis tout à coup émerge l'audace de lalancer sur papier ou sur clavier.
Certaines personnes écrivent rapidement courant derrière le fil de leur histoire et par peur de s'essouffler par cette course de longue haleine, les mots déboulent rapidement. Les canaux sont ouverts, les mots les traversent et deviennent maîtres absolus du chantier. L'auteur les suit et pour les suivre, il ne s'arrête pas pour jeter derrière un regard sévère qui juge. Ne pas censurer, laisser couler de source, de cette précieuse source dont il ne faut pas perdre la veine. Et si elle se tarissait ? Et si elle nous trahissait ?
C'est ainsi que je m'imagine la manière idéale de sortir le premier jet. C'est la suite qui m'interroge : Comment réviser? Comment une fois l'histoire jetée sur papier procède-t-on pour l'améliorer ? Comment obtenir ce recul salutaire pour jeter ce regard de bon parent qui guide son enfant vers une croissance heureuse et épanouie ?
Plusieurs voies s'ouvrent à l'écrivain :
+ S'en tenir à sa propre voix et lui permettre d'évaluer et juger
+ S'ouvrir aux voix de l'entourage immédiat en exigeant la franchise
+ À celle d'un correcteur plus neutre pour l'assurance qu'il ne ménage pas votre susceptibilité ... ou amitié !
+ Faire appel au service de parrainage de la Fédération québécoise du Loisir Littéraire
+ La proposer à l'éditeur comptant sur les bons conseils d'un directeur littéraire
Je me suis efforcé d'énumérer ces voies afin de mieux comprendre la meilleure à prendre et puis voilà que je les relis et me dit : pourquoi pas TOUTES ces voies ? Surtout que pour la dernière option, le risque est grand de ne jamais entendre la voix du directeur littéraire si on n'ouvre pas l'oreille aux voix subséquentes. Plusieurs écrivains chevronnés clament qu'il y a et aura encore et encore des révisions et corrections jusqu'à la (première) impression.
Cette réflexion m'a menée à une grande question : jusqu'à quel point aime-t-on l'étape de Correction avec un grand C, autrement dit, l'étape de remaniement ? Est-ce une étape que l'on aime ? J'ai presque l'impression que poser la question, c'est y répondre ! Qui aime se faire corriger ? Cela implique reprendre et recommencer pour faire mieux. À mon sens personne n'aime vraiment ça. Je me trompe peut-être, d'ailleurs j'espère me tromper. Je pense à certains comédiens qui disent préférer les répétitions au jour de représentation devant public. Je les admire ces êtres-là, j'avoue. Leur amour du labeur dans l'ombre m'impressionne.
Même si je suis encore en réflexion, j'ose une conclusion "question" sur le mode temporaire (dans l'attente d'une autre !) : Est-ce que les écrivains qui aiment bûcher sur le remaniement de leur texte seraient meilleurs ou en tout cas les plus "publiables" ?
Comme la question se pose, je vous la pose !